Il ne faut pas, jamais, oublier le livre de Harry Harrison, Soleil Vert. Et moins encore, le film qui fut tiré du livre. D'ailleurs, si le livre fait froid dans le dos, c'est avec le film que l'on tremble littéralement : chez Harrison, l'intrigue tourne uniquement autour d'un meurtre, dans un New Yok de 1999 où l'eau et la nourriture sont rationnées. Des émeutes de pauvres, face à l'extrême aisance des riches... tiens donc.
Le 05/08/2013 à 15:54 par Nicolas Gary
Publié le :
05/08/2013 à 15:54
Mais là où Harrisson n'avait pas versé dans le gore, le film de Richard Fleisher va plus loin. C'est en 2022 que se situe l'adaptation du livre. Le film et le livre sont sortis la même année, en 1973. Et dans son adaptation, le réalisateur et son scénariste ajoutent une note qui n'existe pas dans le roman : d'où vient la nourriture que l'on mange. La multinationale Soylent, qui produit son aliment de synthèse, le soylent green a recours à des procédés... discutables.
Pour mémoire, soylent est la contraction de soybean-lentil, donc lentilles de soja. Mais procurez-vous le film, la chute est particulièrement intéressante.
Pourquoi évoquer ces questions de nourriture synthétique ? Deux raisons : la première, c'est un article de Gizmodo qui nous la donne, avec ce témoignage d'un certain Rob Rhinehart, qui a 24 ans se nourrit « essentiellement d'une mixture composée de glucides, d'acides aminés, de protéines et de douzaines d'autres vitamines ». Démonstration en vidéo :
Et le bonhomme, fier de ce que son produit a passé haut la main les tests nécessaires, a enregistré pour 1 million de dollars de précommandes. Son Soylent est vendu avec le message suivant : « Libérez votre corps. » Et pour cause, il y a tout ce qu'il faut de matière nécessaire au développement du corps, et cela répondrait autant aux besoins énergétiques qu'au reste.
Bienvenue au pays des merveilles, Alice
On n'est pas très loin de la bouillie informe que Neo avale une fois qu'il a franchi l'illusion de la Matrice. Pour son premier véritable repas. Le petit déjeuner des champions, lui assure Tank - ce qui était également le slogan des céréales Wheaties. Une bouillie faite de « protéines unicellulaires associées à des acides aminés de synthèse, des vitamines et des minéraux ».
Étant donné que les humains cultivés dans les bulles par les machines sont alimentés par la liquéfaction des êtres qui sont morts dans leur coque (jeunes, vieux, peu importe), dans une étrange forme de recyclage, on continue de se dire que Soleil vert a fait des petits... C'est ce dont témoigne Morpheus : « Je les ai vues [les machines] liquéfier les morts pour en nourrir les vivants par intraveineuse. » Charmant.
Un effet boeuf - mais de synthèse
Mais plus récemment, et surtout, plus ancré encore dans le monde réel, c'est l'intervention de Sergey Brin, cofondateur de Google, qui dans un entretien avec le Guardian, explique pourquoi il a financé le projet visant à réaliser un hamburger de synthèse. La viande a été cultivée dans un laboratoire, pour un montant de 250.000 €. Juste pour se prouver que c'est possible.
La viande en question doit être cuisinée ce jour dans un restaurant de Londres, et produit par l'équipe d'une université de Maastricht, qui a cultivé 20.000 fibres musculaires à partir de cellules souches de vache, durant une période de trois mois. L'objectif : produire de la viande biologiquement identique à de la barbaque bovine, mais dans une éprouvette.
Le calcul est simple : une vache a besoin de 100g de protéines végétales, pour produire 15g de protéines animales comestibles. Le ratio est très important, et la culture en laboratoire permet non seulement de ne pas avoir à tuer l'animal, mais également à limiter la production de méthane.
Évidemment, les implications sont intéressantes, en termes écologiques, probablement, et pour assurer à la planète entière de pouvoir manger. Mais pas mal d'agriculteurs doivent sentir venir leur dernière hure, comme diraient les sangliers... (via Guardian)
Harry, si tu nous lit...
Et allez, voici la vidéo de la dégustation...
Par Nicolas Gary
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