Le Prix Landerneau, créé en 2008 par les Espaces Culturels E.Leclerc, récompense au mois de février des auteurs francophones dont les titres ont été publiés au cours de la rentrée d'hiver. Ce mercredi, ses lauriers Découvertes sont revenu à Anna Lisbeth Marek pour son premier roman, Les conversations, quand Hubert Mingarelli a été couronné dans la catégorie Roman, pour L'homme qui avait soif.
Le 13/02/2014 à 09:42 par Julien Helmlinger
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13/02/2014 à 09:42
Cette année, au fil de la rentrée littéraire de janvier auront été publiées quelque 352 nouveautés françaises, précise le communiqué de presse des organisateurs. journaliste et écrivain Sorj Chalandon était président du jury 2014, succédant à Laure Adler.
Nous sommes au Japon en 1946, pendant l'occupation américaine.
Hisao, tout juste démobilisé, revient de la montagne avec un mal obsédant, une soif persistante qu'il doit étancher à tout instant.
A bord d'un train qui doit le conduire vers la femme aimée qu'il ne connaît pas encore, mais avec qui il a correspondu, il commet l'erreur qui nous occupera tout au long du roman. Descendu pour boire, il voit le train repartir avec sa valise, emportant le cadeau qu'il a prévu d'offrir à Shigeko, sa bien aimée, un oeuf de jade, objet unique et sacré qui deviendra l'objet de sa quête.
Alors qu'Hubert Mingarelli installe un suspens subtil mais intense, invitant le lecteur à suivre les péripéties qui accompagnent Hisao essayant de rattraper le train, il nous révèle comment Hisao a combattu dans les montagnes de Peleliu nuit et jour, creusant des galeries pour se protéger de l'aviation américaine. Pour supporter le travail physique, la peur, l'obscurité, la soif et la folie qui guette, il s'est rapproché du jeune Takeshi, celui qui chante dans le noir, celui qui fait qu'il n'est plus seul. Ils ont vécu endormis l'un contre l'autre pendant de longues nuits, ils ont creusé, ils ont espéré, ils se sont réconfortés, et puis Takeshi a été tué lors d'un éboulement. Depuis, Hisao inconsolable demande " où vont les âmes ".
Dans ce roman aussi puissant que poétique, Hubert Mingarelli parle de l'amitié entre hommes, de la fragilité, la vulnérabilité et la recherche de la consolation, qui les poussent à la lisière des gestes et du sentiment amoureux.
L'occasion lui est donnée d'évoquer avec pudeur les plaies du Japon d'après-guerre, les civils marqués à jamais par " la bombe ", les paysages aussi doux que meurtris.
Hisao retrouvera-t-il sa valise et arrivera-t-il jusqu'à Shigeko, seule figure féminine de ce roman singulier et poignant ?
Les deux écrivains récompensés recevront chacun une dotation de 6.000 euros, tandis que leurs livres respectifs bénéficieront d'une campagne de publicité dans la presse, aux frais des Espaces Culturels E.Leclerc.
Auteur d'une oeuvre largement traduite, Hubert Mingarelli, lauréat du Prix Médicis 2003, vit dans les Alpes. Il a publié une oeuvre largement traduite, une dizaine de romans, recueils de nouvelles et autres titres jeunesse.
Anna Lisbeth Marek, traductrice de suédois, notamment de livres pour enfants, est née en 1976. Elle signait son premier roman.
L'homme qui avait soif, en papier ou numérique
Par Julien Helmlinger
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