Pas question de céder à la peur que certains tentent d'instiller. François Hollande s'était rendu au Musée de l'histoire de l'immigration, pour une inauguration très attendue. Alors que Nicolas Sarkozy s'était refusé à ce passage obligatoire, le président de la République a tenté de transformer, avec cet exercice, sa récente hausse de popularité dans les sondages.
Le 16/12/2014 à 10:04 par Nicolas Gary
Publié le :
16/12/2014 à 10:04
Bien entendu, le Musée devenait un symbole, propice à des déclarations fortes. « La République n'a d'avenir que si se reconstruit une politique de citoyenneté dont le principe est simple et clair : l'égalité », assurait François Hollande.
L'occasion à saisir, par ailleurs, de «rappeler aux Français d'où ils viennent, quelles sont les valeurs qu'ils portent comme citoyens français et où nous voulons aller ensemble ». Un citoyen sur quatre serait issu de l'immigration aujourd'hui, aussi faut-il ne pas laisser «la place vide pour des discours qui instrumentalisent la peur de la dissolution, de la dislocation, de la disparition ». (voir sur Le Monde)
Bien évidemment, et à peine en filigrane, le chef de l'État emballait le Front national et Nicolas Sarkozy dans le même sac, et le musée avait alors des allures de ring de boxe, où François Hollande pouvait rendre les coups. Voici un petit mémo des bons usages qu'il aurait pu également prendre en compte. Car sur la question de l'immigration, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, s'était exprimé fin octobre. Il exhortait alors à un renforcer une certaine idée de l'identité française, dont il serait insupportable qu'elle soit malmenée...
Victor, Guy, Gustave et Marcel...
En meeting à Nice, avant qu'il ne soit élu par les adhérents umpistes, Nicolas Sarkozy était revenu sur l'un de ses thèmes de prédilection.
Les Français veulent rester en France. C'est que la France ne ressemble à aucun autre pays. C'est qu'ici, nous sommes le pays deVictor Hugo, Maupassant, de Flaubert, de Proust. Nous voulons bien accueillir les autres mais ce que nous ne voulons pas, c'est changer le pays qui est le nôtre, notre culture, notre langue, notre façon de vivre... ce n'est pas négociable.
L'immigration menaçante, et la nécessité de reconsidérer les frontières, et pourquoi pas abolir l'espace Schengen, pour mieux contrôler les flux migratoires.
L'art du recyclage méthodique
Mais les auteurs invoqués ne sont pas anecdotiques. En 2012, alors parti à Montpellier, Nicolas Sarkozy les passait déjà en revue, dans un discours qui semblait déjà recyclé d'un précédent, prononcé en février 2007, à Perpignan. (voir l'Express)
Le rôle de l'école, c'est de donner le goût de la connaissance, le goût de la poésie, le goût du roman. Je suis convaincu qu'à l'ère d'internet, Victor Hugo, Flaubert, Maupassant, Proust, ce n'est pas dépassé.
Un Proust que Nicolas Sarkozy redécouvrait en septembre 2009, grâce à la collection de Jean d'Ormesson, la Bibliothèque du Figaro. D'ailleurs, Maupassant faisait également des lectures du président d'alors. « Depuis qu'il est président de la République, il ne sort plus et donc consacre plus de temps au cinéma et à la lecture qu'avant. C'est peut-être paradoxal, mais c'est comme ça », précisait un communicant de l'Élysée, en novembre 2011.
Et plus encore, dans un entretien accordé à Paris Match, en juillet dernier, Nicolas Sarrias-kozy en faisait des caisses sur ses lectures. Maupassant et Proust revenaient en force, accompagnés de Balzac et d'autres.
Quant à Victor Hugo, on se souviendra qu'il avait fortement inspiré Nicolas Sarkozy, qui, en décembre 2011, l'avait sauvagement pompé. « Je considère que, dans les produits de première nécessité, il y a l'eau, la nourriture, mais aussi la culture », déclarait en effet le président, avec une vague réminiscence de vers de Victor Hugo.
Et plus récemment, Victor lui servait encore à exacerber la question de l'immigration.
"Nous sommes les héritiers de Victor Hugo. Nous avons vocation à l'ouverture, mais ceux que nous accueillons doivent nous respecter"
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 3 Novembre 2014
« Il y a des gens qui observent les règles de l'honneur, comme on observe les étoiles, de très loin », prochaine citation à se retrouver dans un discours du président de l'UMP ?
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Commenter cet article