Emmanuel Macron l'avait annoncé à Francfort : la France allait se doter d'un Grand prix de la traduction, pour saluer à sa juste valeur le travail de passeur, de partage et de transmission culturelle réalisé par la profession. La première édition de ce prix sera organisée lors du salon Livre Paris, a révélé le ministère de la Culture.
Le 14/02/2018 à 12:04 par Antoine Oury
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14/02/2018 à 12:04
Lors de l'inauguration de la Foire du Livre de Francfort, en octobre 2017, où la France était l'invitée d'honneur, le président Emmanuel Macron avait annoncé la création d'un prix national pour la traduction. « Goethe disait qu'il ne pouvait plus lire son Faust en allemand, mais que le français lui avait permis de redécouvrir sa propre œuvre », soulignait le président en évoquant le travail de traduction de Gérard de Nerval.
Ce Grand prix de la traduction connaîtra sa première édition lors du prochain salon Livre Paris, du 16 au 19 mars 2018, Porte de Versailles à Paris. Des prix seront remis également par aires linguistiques, annonce le ministère de la Culture, sans autres précisions.
L'annonce d'un prix national de la traduction n'avait pas forcément fait bondir de joie la profession : ces dernières années, les cadences imposées aux traducteurs, ainsi que la précarisation de leur métier — comme d'autres petites mains de l'édition — se sont particulièrement fait ressentir, sans que les pouvoirs publics ne s'en émeuvent.
Les traducteurs et traductrices « sont payé.e.s au feuillet, en gros 21 € les 1500 signes, et ce quelles que soient les difficultés du texte », rappelait ainsi Claro, écrivain et traducteur, après l'annonce de la création de ce prix. Outre ce paiement au feuillet, les traducteurs touchent des droits d'auteur dérisoires sur les œuvres traduites, lorsqu'ils ont fini de rembourser leur à-valoir — si cela arrive.
« Par exemple : je ne toucherai de droits sur ma traduction de Jérusalem d’Alan Moore qu’à partir du deux cent millième exemplaire vendu, et là je ne toucherai que 1 % sur un peu moins de trente euros. Personnellement, sur environ cent vingt traductions réalisées à ce jour, je n’ai touché de droits d’auteur que deux fois, et encore, jamais des grosses sommes (en plus, certains éditeurs cumulent nos travaux et, tels des banquiers, nous rendent à jamais débiteurs, même quand une traduction a bien marché, mais passons…) », expliquait encore Claro, citant son propre cas.
Le traducteur avait proposé une série de mesures simples, à faire adopter par l'interprofession, pour améliorer la situation des professionnels de la traduction.
Par Antoine Oury
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