Ce mercredi 12 juin, Arnaud Nourry, ancien PDG de Hachette Livre et de Lagardère Publishing, annonce la création de « Les Nouveaux Éditeurs », un groupe de maisons d’édition indépendant permettant à tous les éditeurs qui le souhaitent, la possibilité de réaliser leur projet éditorial en créant leur maison d’édition au sein du nouveau Groupe.
Le 12/06/2024 à 17:07 par Louella Boulland
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Publié le :
12/06/2024 à 17:07
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« Il m’a semblé que le moment était propice pour proposer quelque chose de nouveau au monde du livre », confie l’ancien PDG de Hachette Livre sur son site internet. Le maitre mot de ce projet : indépendance.
Les Nouveaux Éditeurs ambitionnent d’offrir à des éditeurs « à haut potentiel » le statut d’entrepreneur, en créant leur maison d’édition au sein de Groupe. Ainsi, les fondateurs souhaitent leur assurer les bénéfices financiers d’une participation significative au capital de leur maison, « gage d’une vraie indépendance et d’une liberté ou éditoriale inscrites dans les statuts », déclarent-ils.
Alors que la Commission européenne vient d’ouvrir son enquête sur les contrats d’édition, Les Nouveaux Éditeurs promettent transparence et équité, en leur offrant des « contrats alignés sur les pratiques les plus favorables de la profession, transparents et équilibrés ».
Une offre alléchante qui intervient quelques jours après la publication du rapport sur les pratiques contractuelles des auteurs d’ouvrages de fiction sur le continent, par la Fédération des associations européennes d’écrivains (European Writers' Council, EWC).
À LIRE – La Commission européenne ouvre son enquête sur les contrats d'édition
Mais le nouveau groupe de maisons d’édition indépendant ne souhaite pas pour autant surcharger l’écosystème, et propose un accompagnement des libraires, couplé à une production resserrée et des flux maîtrisés. Dans cette optique, Les Nouveaux Éditeurs souhaitent célébrer la diversité culturelle en offrant un large choix d’œuvres, dans tous les genres et tous les formats.
Mais quel partenaire pour opérer la diffusion et la distribution des ouvrages des Nouveaux éditeurs ? Contacté par ActuaLitté, Ronald Blunden, responsable de la communication, précise avoir à l'étude « des offres de tous les grands acteurs de l’édition. Nous négocions actuellement les propositions et serons en mesure d’annoncer notre partenaire d’ici début juillet ».
L’entreprise déclare être ouverte à l’utilisation de l’intelligence artificielle, en dehors du processus de création, pour faciliter la promotion, les tirages, mais surtout favoriser l’innovation. Les Nouveaux Éditeurs ont d'ailleurs signé en ce sens un accord de partenariat avec le groupe américain Simon & Schuster, qui prévoit entre autres la mise en commun de ressources dans l’innovation et des premières options réciproques sur les droits des livres à fort potentiel.
Pour le groupe, cet accord intervient suite à l'acquisition de l’éditeur néerlandais VBK en mai dernier : il se montre représentatif de son ambition d’intensifier l’internationalisation de son activité éditoriale, que ce soit en langue anglaise, ou par le biais de traductions ou de langues étrangères.
« Nous sommes ravis de nouer ce partenariat avec Les Nouveaux Éditeurs », assure Jonathan Karp dans un communiqué. « Arnaud Nourry est un des dirigeants les plus dynamiques et les plus respectés de l’édition française et internationale. C’est avec une grande joie que nous rejoignons ce qui promet d’être une entreprise d’édition pleine d’avenir et nous permettra de prendre pied sur un marché où la lecture et la littérature sont l’objet d’un véritable culte. »
L’accord, qui porte sur la littérature générale pour adultes, les livres pour enfants et les albums et livres illustrés, prévoit que chacune des deux sociétés se verra offrir la possibilité d’acquérir en exclusivité des projets correspondant à leurs marchés respectifs et à certains paramètres, et dont la société partenaire aura acquis les droits mondiaux. Il prévoit aussi que les deux éditeurs pourront participer ensemble à des enchères et se porter acquéreurs de façon coordonnée de séries, de licences et de contrats à titres multiples.
À peine lancée, la société prévoit déjà une augmentation de capital à l’horizon 2026, « pour financer la prochaine étape du développement ». Outre Arnaud Nourry, Les Nouveaux Éditeurs comptent au sein de leur capital Olivier Sulpice (président des maisons Bamboo, Grand Angle et Drakoo, ainsi que de Fluide glacial), Stéphane Distinguin, Ronald Blunden, Ugo Nourry, Erik Maris et Emmanuelle Guilbart.
« Je connais Jonathan Karp depuis longtemps et quand l’occasion s’est présentée de travailler à nouveau avec lui, je n’ai pas hésité », indique pour sa part Arnaud Nourry. « Jonathan est un éditeur de grand talent, qui mène cette très grande maison qu’est Simon & Schuster de main de maître. Leader sur le marché américain, il souhaitait s’internationaliser au moment où je réfléchissais à la création des Nouveaux Éditeurs. On peut parler d’alignement des planètes ! Ce partenariat me réjouit d’autant plus qu’il est placé sous le signe de l’amitié. »
Une fameuse ironie du sort, tout de même : alors que le ministère de la Justice américain avait rejeté le rachat de S&S par le groupe Penguin Random House, Lagardère (dont Hachette Livre est la filiale) avait bel et bien lorgné sur cette emplette. « Vivendi nous suivrait pour le rachat de Simon & Schuster », assurait-on en octobre 2022… Avant de virer de bord quand Arnaud Lagardère en personne jurait quatre mois plus tard que son entreprise, fraîchement rachetée par Vivendi, n’avait pas besoin d’une pareille acquisition.
C’est finalement un Arnaud Nourry, renvoyé de Hachette, qui travaillera avec l’Américain…
Crédit image : Flickr / CC-BY-SA 2.0
9 Commentaires
Badaboum
12/06/2024 à 18:48
Quel beau projet pour un revanchard. Mais il n'est Pas le seul à vouloir prendre sa revanche. Il y a des groupes d'édition qui souffrent et qui vont souffrir encore plus avec "les nouveaux Éditeurs" qui sort de terre. Ça va faire mal à certains, ils n'avaient qu'à mieux se tenir. Attention la Meute de loups sort de sa tanière, on ne va pas être au bout de nos surprises. Ça va être spectaculaire !
FredEx
12/06/2024 à 18:52
Que de bonnes intentions se terminant par un éloge (bio) de l'intelligence artificielle ; la vertu, quelquefois, emprunte des chemins de traverse.
Édition
12/06/2024 à 19:07
Un contrat avec le groupe Editis pour la distribution !?!?
Salariée Editis
12/06/2024 à 19:59
Pour que les livres restent bloqué à Malesherbes. Que des problèmes sur ce site. Noury n'est pas si suicidaire que sa.
Freud
12/06/2024 à 20:00
Ça serait prendre un très grand risque de s'associer avec Editis pour la Distribution. Elle est, paraît il pas au point avec beaucoup d'erreurs. Pannes gogo, livraisons des colis en retard avec livres abîmés etc. Il n'est quand même pas assez bête pour aller se mettre dans les griffes d'Olivennes. Enfin Soyons sérieux, Editis étant en mauvaise forme depuis sa reprise, le risque de perdre Éditeurs et auteurs est plus d'actualité qu'un gros contrat entre les nouveaux Éditeurs et Editis
Old
12/06/2024 à 22:34
Et pendant ce temps...
Denis Olivenne, le patron d'Editis sort :"vieux"... A quand "vieille" ??? Ahrr Madame n'aurait pas apprécié ?
Farid
13/06/2024 à 08:32
Il va faire un sacré chamboulement dans les autres groupes. Je crois en lui !
yo
13/06/2024 à 11:02
Nous attendions avec impatience le retour d'Arnaud Nourry!!!!
C'est une bonne nouvelle pour la diversification de l'édition Française.
Actualisant
13/06/2024 à 16:14
Amusante, amusante, cette annonce : déjà, remettre en perspective, avec les 6 millions € que le dirigeant aux 51 % a injecté de ses deniers. Une somme qui, avec un pareil projet, fondra comme neige au Sahara.
Ensuite, on remerciera les médias qui ont massivement diffusé ce qui ressemble plus à une fiche de recrutements d'éditeurs qu'à un projet d'entreprise. C'est étrange : les annonces d'offre d'emplois sur l'Asfored sont gratuites...
Ensuite, pour la distribution, ce sera Interforum ou Gallimard – n'oublions pas que MDS avait été sollicité pour apporter 20 millions (de même que Glénat), mais sur un projet qui incluait des ténors et ténores de l'industrie... qui ne sont pas présents sur le projet final.
Donc, exist MDS, qui a sauvé ses miches.
Quant au disruptif, à l'âge vénérable du bonhomme, on ricane tout de même : donner au vieux l'illusion du neuf, c'est facile.