Les Rubâ'iyât

Omar Khayyâm

Le format est travaillé, petit livre carré, des éditions Seghers, maison aux propositions poétiques. Un petit livre, qu’on peut transporter en poche, ou presque. 

Ici, c’est du jaune, et surtout du violet, qui rend la graphie arabe lumineuse, lui redonne justice. Voilà comment introduire les Rubâ’iyat. Des poèmes de hors-la-loi.

Un ensemble de vers, écrits par un certain Khayyâm. Un étrange Dionysos du Moyen-Âge, difficile à caser et ultra surprenant pour l’époque, même si on a un regard neuf avec le bagage de poètes maudits qui crient au carpe diem bizarroïde. Un grand alcoolique. 

La preuve : 

« Dès que l’ivresse m’envahit, ma raison s’en va, je divague. »

Ou une autre : 

« Le temps du vin limpide a fui et tous les serviteurs soupirent
(...) les cruches vides, vides les coupes
et les amoureux ont le feu de leur attente un peu partout… »

Et encore une autre : 

« Quand je mourrai, lavez mon corps avec du vin
Pour prières, louez pour moi les coupes pleines
Au jour de la résurrection, si vous désirez me revoir
Tamisez la poussière du seuil de la taverne. »

Mais certains passages sonnent beau, disent le vague. Il faut fouiller, il faut aller les chercher. 

« On affirme qu’il y aura, et qu’il y a même, un Enfer !
Comment voulez-vous que j’y croie ? C’est une erreur ou un mensonge
S’il existait un enfer pour les amoureux, les buveurs,
Le paradis serait désert. »

Pierre Seghers, qui a traduit ces textes superbes, surplombants et inclassables, le promet : ses propres poèmes, « seront son miel ».

 

Une michronique de
Noémie Wuchsa

Publiée le
08/02/2024 à 19:03

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Les Rubâ'iyât

Omar Khayyâm trad. Pierre Seghers

Paru le 08/02/2024

160 pages

Seghers

15,00 €