La tempête

Marino Neri

Tout commence par une panne d'autocar : un des jeunes employés en route pour participer à une formation d'entreprise décide de marcher les derniers kilomètres plutôt que d'attendre que le véhicule soit réparé. Il déambule d'abord dans la campagne, croise quelques locaux, s'amuse de les voir hausser le ton, puis, quand un orage se déclare, finit par s'abriter dans une riche propriété, où vit un couple. Elle se montre accueillante, lui pas du tout. Une fois séché et abrité, le jeune homme va découvrir que derrière les luxueux atour de la villa se cache une vie de coule tempétueuse... 

Traduit de l'italien par Hélène Dauniol-Remaud, ce séduisant roman graphique dissimule sous un vernis de dessin très fluide et de couleurs chaudes une sourde violence et des rapports sociaux tendus. La force du récit naît précisément de l'apparente contradiction entre la richesse des protagonistes et la détresse, voire la haine, qui les habite. Et la même contradiction fait naître une tension entre le dessin solaire, lumineux même par moment, et le récit très noir qu'il rapporte. Rempli de zones d'ombre et de solitude.

Alors que La tempête de Mario Neri est un album traversé par les passages muets, les zones de silence et de solitude, sa lecture accompagne longtemps le lecteur ; l'impression de gâchis et de bassesse laissant des traces bien après la dernière page tournée. On se dit que les plus beaux paysages, les bâtiments les plus impressionnants et le climat le plus clément n'empêchent pas les humains d'être les plus mesquins ou les plus maladroits qui soient.

Un album dont la beauté léchée est aussi admirable que l'observation au scalpel de la détresse affective. Une jolie trouvaille des éditions Casterman.

 
 

Une michronique de
Nicolas Ancion

Publiée le
03/07/2023 à 11:49

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La tempête

Marino Neri

Paru le 24/05/2023

152 pages

Casterman

25,00 €