Alors qu'une monstrueuse dictée vient de prendre d'assaut les Champs-Elysées, il n'y a pas de plus saine lecture que ce petit essai percutant signé par les linguistes atterrés. L'objectif de ces joyeux universitaires ? Remettre en question les clichés déclinistes proférés à propos de la langue française par des incompétents et répétés en boucle dans les médias. Non, le français n'est pas menacé par les émojis ; non, les jeunes ne massacrent pas la langue de Molière ; non, l'anglais n'est pas en train de déformer la langue française... et ainsi de suite.
Stimulant de bout en bout, cet opuscule plein de bon sens m'a évidemment particulièrement réjoui lorsqu'il rappelle que l'Académie française n'a aucune autorité sur la langue, que son dictionnaire est dépassé et sa grammaire inachevée... et que chacun est en droit de s'asseoir sur les avis de ces Immortels qui cherchent à imposer leurs opinions sans jamais les étayer. A ces sages cooptés, les signataires du tract préfèrent les vrais linguistes, ceux qui observent la langue, tendent l'oreille, ouvrent l'oeil, récoltent les sms et lisent les forums pour comprendre où et comment va le français.
Et il va bien, merci ! (c'est le titre) Même s'il aurait besoin de simplifications orthographiques et grammaticales, même si son enseignement gagnerait à familiariser les Francophones, dès leur plus jeune âge, aux variations linguistiques, aux richesses, aux nuances, plutôt qu'à l'orthographe, au respect de la norme et à la "bonne" façon de parler. Car, comme le rappellent les auteurs, ce qui fait la force du français, ce sont ses locuteurs, toutes et tous à travers le monde, avec leurs accents variés (qu'ils soient de l'outaouais ou de Niamey, du sud de Beauraing ou de l'ouest parisien...) et leurs mille nuances. Un trésor.
Bref, un plaidoyer qui ravive le plaisir de parler, d'écouter et d'écrire. De mille et une façons. Et avec bonheur et expressivité, avant tout.
Publiée le
12/06/2023 à 17:58
Paru le 25/05/2023
62 pages
Editions Gallimard
3,90 €
9 Commentaires
Marie
15/06/2023 à 09:01
Les linguistes masculins ne sont pas "atterrés", eux??
Ribiata
15/06/2023 à 09:55
le bouquin a l'air réjouissant, embrassant le point de vue de celles et ceux qui parlent, qui se parlent, des gens, plutôt que le fétichisme de la "belle langue" et l'obsession de la "sauvegarde"
Marie
15/06/2023 à 13:15
Je suis dubitative sur cet entousiasme non fin, sur sète otoproclamasion qe le fransé n'é pa malade.Quand j'entends une ministre dire que la tentative meurtrière d'Annecy est émEuvante, quand je lis chez un prix Gongourt "cAUgiter" et hériter D'un patrimoine... je n'applaudis pas à la batardisation de notre langue qui devient cocue.Le laxisme, en ces temps et ce domaine se propage très vite, NON, le français ne se porte ps bien, n'en déplaise aux naïfs qui se pensent "ouverts" et tolérants.
MT
18/06/2023 à 09:30
Vous choisissez des erreurs isolées pour juger l'état d'une langue entière. À ce compte, j'espère que vous vous sentez responsable de cette "batardisation", comme vous l'écrivez, étant donné qu'outre l'accent manquant à "bâtardisation", votre message manque d'espaces, de majuscules et de certaines lettres. C'est dommage, pour un ancien prof, de n'être pas vous-même en mesure de défendre vos idées sur le sujet.
Notre écriture comme notre oralité n'ont que peu à voir avec celles pratiquées cent ans avant vous, elles-mêmes différentes de celles pratiquées plus tôt, et ainsi de suite.
Marie
15/06/2023 à 13:58
Il y a quatre ans, à lA hAVANE
Il y a quatre ans, à La Havane, Vinales, Cienfuegos, Trinidad, Santa Clara (Cuba), j'ai entendu le français le plus clair jamais entendu, de la part de Cubains rêvant de la France ( un seul y était allé une semaine). Le guide de Vinales prenait sur son portable les mots inconnus que j'utilisais!Ancien prof, il m'était rare de n'être pas interrompue par "qu'est que c'est", qu'est-ce que vous voulez dire, connais pas?"
Mais puis que vous affirmez que le français se porte bien, merci, pas besoin de commentaires.Mais je ne vous crois pas.
Marie
15/06/2023 à 16:24
A la minute (16h10), "ma" librairie (la Maison du livre) m'informe -entre autres parutions- de la sortie de "Le Français va très bien merci" par ces termes: ..."les AUTEURICES abordent le thème de la langue française..."???Dans quel Etat j'erre, dans quel pays vis-je? Au moins, l'écriture en lettres mélangées, c'est du français pur, je répète : au mnios, l'érutrice en lteter mgéalnèes, c'est du fançiras pur.
MARCEL
27/06/2023 à 07:15
Excellente chronique.
Bravo aux Linguistes atterré(e)s de répondre de manière si brillante au discours décliniste de certains.
Le français n'a jamais été autant parlé et écrit. L'avenir est en outre très prometteur grâce à la montée en puissance du continent africain. Ne pas oublier que le français est en effet une langue mondiale.
Il n'y a aucun danger que s'installe en France un bilinguisme voir le replacement du français par l'anglais. C'est un pur mensonge.
Le danger pour notre pays est au contraire la méconnaissance de l'anglais malgré les efforts des autorités et des enseignants.
Jean
28/06/2023 à 20:37
Merci Marie pour votre commentaire, que je partage.
La destruction d'un pays passe par celle de sa langue et c'est hélas ce qui est en marche à l'horizon.
A force de donner le bac avec 8 sur 20 de moyenne on laisse les jeunes croire qu'ils ont un niveau correct. Ce type d'ouvrage va les encourager dans leurs croyances. La machine médiatique les soutient. Je me demande parfois ce que pouvait penser en 1936-37 un Allemand non fasciste devant la monté en puissance du parti national-socialiste.
Je ressens un sentiment de même nature aujourd'hui devant ce qui veulent détruire le français, sous couvert d'égalité homme femme.
Caroline
13/07/2023 à 12:26
Ce n'est pas ce que pense le ministre de l'Éducation nationale puisque même lui se plaint des fautes trop nombreuses dans les copies.