#LaComedieDuLivre23 – Le Jardin des Plantes de Montpellier, le plus ancien jardin botanique de France fondé en 1593 par Henri IV, est un endroit idéal pour flâner à l'ombre de la bambouseraie ou dans les allées ombragées du jardin anglais. Riche d'une importante statuaire, il abrite également le monument de Rabelais, bâti en 1921 en hommage à François, aussi bien écrivain, qu'élève en médecine.
Cet espace, véritable poumon dans la ville, offre aux visiteurs d'admirer la serre Martins avec ses plantes "succulentes", de rêver sur les bords du bassin aux lotus ou encore de suivre les pas d'André Gide ou de Paul Valéry. Bien que cet espace ait été autrefois entièrement dédié à la recherche et à l'enseignement, il continue d'attirer les chercheurs du monde entier.
Rattaché à la Faculté de médecine et étendant sur près de 5 hectares au cœur de Montpellier, le Jardin des Plantes de Montpellier est classé en tant que site depuis le 12 février 1982 et protégé en tant que monument historique depuis le 3 septembre 1992. Mais pourquoi cet hommage – dont la construction aboutit grâce à une souscription que lancèrent les élèves de Médecine, voilà 113 ans ?
En septembre 1530, François Rabelais s'inscrit à la Faculté de Médecine avant de devenir célèbre pour son oeuvre littéraire. Les étudiants le considèrent comme un modèle en raison de sa philosophie qui allie travail et plaisir, notamment celui de la "dive bouteille". Il est fréquent que des monômes soient organisés autour d'un tonneau de vin de Mireval.
En 1910, l'Union des Étudiants a voulu ériger un monument à Rabelais sur l'Esplanade près du local de l'association. Une souscription a été lancée et un grand concours national a été ouvert aux sculpteurs sur l'instigation de Paul Ravoire, leur Secrétaire Général.
Le jury a retenu deux projets sur sept, celui de Jacques Villeneuve ayant remporté 12 voix contre sept pour celui de Magrou, un sculpteur de Béziers. Ce choix a entraîné une violente polémique journalistique qui dura quatre ans et divisa littéralement les habitants. La Première Guerre mondiale apaisa la tempête que déchaina le projet. Et à la fin de la guerre, fut décidé que le Jardin des plantes abriterait le monument.
L'inauguration a eu lieu le 21 octobre 1921, lors des grandioses fêtes du VIIème centenaire de la Faculté de Médecine, où la foule réconciliée a pu assister à un florilège de beaux discours. Un siècle plus tard, le temps fit injure à cet hommage — une restauration s’imposait.
L’Université de Montpellier, la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes ainsi que la Fondation d’Entreprises du Jardin des plantes de Montpellier et l’Association des carabins de Montpellier auront permis la restauration achevée en mars 2023. (voir ici)
Mais au centre du monument, une fable des plus misogyne reste à découvrir, et relève presque du fait divers, dont Anatole France fit un petit livre. Un bourgeois de la ville est en détresse car son épouse est muette. Après avoir consulté des chirurgiens, ceux-ci réussissent à rendre la voix à sa femme.
Cependant, l'homme ne supporte plus sa voix et décide qu'il préfère qu'elle reste muette. Hélas, impossible d'annuler l'opération. Pour résoudre le problème, ils décident de lui retirer un osselet dans chaque oreille, le rendant ainsi sourd.
Après l'opération, l'homme ne peut plus rien entendre : miracle ? Du tout. La situation se détériore encore lorsque l'homme et sa femme se retrouvent impliqués dans une bagarre générale. Finalement, tout se conclut dans un grand chaos.
Les personnages de droite dans cette histoire sont représentés par une jeune femme en costume professoral symbolisant la Faculté de Médecine et un étudiant en médecine de l'époque, portant une cape et une faluche. On suppose que ces personnages représentent les chirurgiens qui ont effectué l'opération sur le bourgeois et qui ont causé tous ces problèmes.
Cette fable, à la morale évidente, soulignait les conséquences inattendues qui résultent de l'intervention médicale, même avec les meilleures intentions. Elle met également en lumière les difficultés de communication et les différences entre les personnes menant à des situations intenables.
Pour autant, la Comédie du livre a su s’emparer des lieux, et proposer plusieurs rencontres, dans un calme idyllique, au milieu de plantes toutes plus exceptionnelles.
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
DOSSIER - La Comédie du livre 2023 : 10 jours de lectures à Montpellier
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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