J’y étais... Ce Prix du Roman des étudiants France Culture/Télérama a démarré en 2014. j’avais... Non, on ne demande pas son âge à une femme. Mais l’idée m’avait séduite : impliquer des étudiants dans un prix littéraire — 5 romans à lire. Mais quand même, rencontrer les auteurs, deux cérémonies au Ministère de l’Enseignement supérieur — sans champagne, je note. Qu’importe, j’ai rencontré ma première ministre : Frédérique Vidal. Nous étions le 16 février.
Le 21/02/2022 à 16:36 par Clémence Leboucher
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21/02/2022 à 16:36
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D'habitude, le rendez-vous se tient au bord de la Seine, sur la barge du Crous de Paris. Champagne et repas compris. J'étais prévenue : déjà l'an passé, le stress et les paillettes ont laissé place à un régime de rigueur. Et cette année, pas même un godet de crémant pour donner l'illusion des bulles. Chagrine, j'étais. La faute au Covid ? D'accord, mais fouler les marches de son ministère de tutelle quand on est étudiante tout en assistant à la mécanique bien huilée des remises de prix, ça claque.
Petit retour en arrière : le Prix du Roman des Etudiants France Culture / Télérama est accessible à tout étudiant qui, par le biais d'une candidature, devient juré et jure de lire 5 livres, pour en élire un. J'avoue : même en PDF, deux d'entre eux me sont tombés des mains. Au moins pouvais-je me roder à la critique littéraire, tout en plongeant dans le processus d'écriture des différents auteurs. Une trentaine d'occasions, en librairie, en fac, en visio de les écouter. Et d'apprendre. Je n'en ai pas raté une miette. Vu que ce n'était pas avec les petits fours que j'allais me rassasier.
Après un vote en ligne, c'est le 13 décembre 2021 que notre lauréat a été désigné : Mathieu Palain, pour Ne t'arrête pas de courir, publié aux éditions L'Iconoclaste.
De chaque côté du parloir de la prison, deux hommes se font face pendant deux ans, tous les mercredis. L’un, Mathieu Palain, est devenu journaliste et écrivain, alors qu’il rêvait d’une carrière de footballeur. L’autre, Toumany Coulibaly, cinquième d’une famille malienne de dix-huit enfants, est à la fois un athlète hors norme et un cambrioleur en série.
Quelques heures après avoir décroché un titre de champion de France du 400 mètres, il a passé une cagoule pour s’attaquer à une boutique de téléphonie. Au fil des mois, les deux jeunes trentenaires deviennent amis.
Pas besoin de LSD ni de substances, quand on entre au ministère. Sa présence suffit : j’en deviendrais flaubertienne en la voyant arriver, Frédérique Vidal. Elle éclipsait tout le monde — de Pascal Perrault, Directeur général du CNL, à Fabienne Pascaud, Directrice de Télérama, ou même Sandrine Treiner, Directrice de France Culture (name dropping, done !), elle était radieuse. Et j’étais l’Élue.
Parce qu’il faut rappeler les choses : 15 étudiants sélectionnés par tirage au sort, sur 1200 jurés. Nous étions, mes 14 coreligionnaires et moi, des êtres d’exception. Alors quand la chargée de communication et partenariats chez France Culture, m’annonce ma participation à cette soirée de clôture, ma réponse a fusé : « Oui. Je le savais. »
La cérémonie ne s'est pas tenue n'importe où : au Ministère. Portiques d'entrée passés, gravier de la cour foulé, et salle de réception investie, ne restait qu'à assister au discours de Mathieu Palain, et à sa remise de prix.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a ouvert le bal. Émotion : je ne l'avais vue que sur Twitter ou parfois à la télévision. Ma tutelle, en vraie, en live. Amour de la lecture, esprit critique, importance du prix : tout s'enchaîne, j'en aurais eu le vertige – et je comprends pourquoi pas de champagne. Le public étudiant est loué, la lecture portée aux nues, le livre – Grande Cause nationale cette année, tout de même – devient objet de toutes les attentions.
« Lire, c’est une activité solitaire. Le Prix du Roman des Etudiants, grâce au fabuleux travail des libraires et des professeurs, transforme cette activité intime en un formidable dialogue, en un collectif si important », lance Frédérique, avant de citer Patrice Jean. Nous, jeunesse qui sommes le levain de l'humanité – mais comme le savait Pierre Desproges, a aussi besoin de se lever tard – porterons haut les combats de notre génération. « Votre force, votre engagement, qu’il soit envers le respect du genre, de l’égalité, de la défense de la planète, se ressent et donne de l’espoir pour les générations futures », lance Dame Duval.
Et Pascal Perrault, Directeur général du CNL, d'abonder en communiquant sur #10marsjelis, quart d'heure de lecture qui se tiendra partout en France, le 10 mars à 10 heures. Ce monde résonnait à l'unisson, autour d'une cause fédératrice : « Nous avons besoin de vous. Les auteurs ont besoin de vous », affirmait Fabienne Pascaud, directrice de Télérama. « Ce prix fait d'une activité a priori solitaire une activité de dialogue. Entre vous, d’abord ; mais aussi avec vos professeurs, au sein de l'université, dans les librairies, et même entre les générations. »
C’est finalement Mathieu Palain — Mat... – qui a aura le dernier mot. D’abord, pour son acolyte : « Merci d’avoir pensé à Toumany. Particulièrement dans un livre comme celui-ci, ancré dans le réel, rien n’est possible sans les personnes concernées. » Lui, adepte de la non-fiction narrative, ne manque pas de beau monde dans ses références : Le Chant du bourreau et Le Combat du siècle, de Norman Mailer, « Truman Capote bien sûr », ou encore Florence Aubenas. Un savoureux CV de lecteur.
Il pensera même à évoquer la libération de Toumany Coulibaly, ce 16 février : « Il est libre aujourd’hui, j’ai eu la vidéo avant de venir. [...] Ce livre est un livre sur l’amitié, principalement, plus qu’un livre sur le sport ou la prison. » Mais, star de cette soirée, il insiste : « Je pense que ce prix n’est pas un roman... ne m’enlevez pas le prix tout de suite (rire). […] Je suis content d’être lauréat, car c’est un prix donné par les étudiants, qui sont rentrés dans le livre comme j’aurais adoré qu’on entre dedans. »
Et de conclure, avec cet encouragement : « Parmi les étudiants que j’ai rencontrés, certains ont un manuscrit dans leur ordinateur, ou dans leur carnet. Laissez-moi vous dire : un écrivain, ce n’est pas un mec mort au XVIIe siècle. Croyez en vous : il faut écrire les histoires qu’on a en soi. »
Crédits : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Clémence Leboucher
Contact : cl@actualitte.com
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2 Commentaires
SamSam
22/02/2022 à 15:15
"Sa présence suffit : j’en deviendrais flaubertienne en la voyant arriver, Frédérique Vidal. Elle éclipsait tout le monde .... Frédérique Vidal, a ouvert le bal. Émotion : je ne l'avais vue que sur Twitter ou parfois à la télévision. Ma tutelle, en vraie, en live."
Elle ira loin, Frederique Leboucher...
Team ActuaLitté
22/02/2022 à 16:21
Bonjour,
Oui, elle ira très loin. Surtout qu'elle manie l'ironie avec brio !