FIBD22 — Le Prix Éco-Fauve Raja, qui doit être décerné pour la première fois lors du prochain Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, a encaissé de nombreuses critiques. Accusé de servir le verdissement du partenaire du festival, Raja, il a subi la défection des membres de son jury, puis d'une partie des auteurs de la sélection. La société Raja a répondu aux critiques, et regrette le rejet, « par principe, [de] l’accompagnement d’un tel Prix par une entreprise quelle qu’elle soit ».
Le 9 février dernier, l'ensemble du jury du premier Prix Éco-Fauve Raja, créé pour saluer une bande dessinée aux thèmes écologistes, claquait la porte de la récompense. Dans un message expliquant leur geste, ils indiquaient qu'il leur paraissait « inapproprié qu’une marque industrielle soit associée à un prix récompensant la bande dessinée écologiste à des fins de communication et de promotion de son image ».
« Nous avons découvert après coup, sans en avoir été informés lors de l'invitation, que le nom du prix était associé à celui d’une marque, Raja, multinationale de l'emballage et partenaire/sponsor du festival » expliquaient Camille Étienne (étudiante et activiste pour le climat), Roland Lehoucq (scientifique et auteur), Inès Léraud (journaliste), François Olislaeger (auteur de bandes dessinées) et Sophie Szopa (scientifique, climat et pollution de l'air).
Le FIBD avait fait part de regrets vis-à-vis de leur décision, mais avait aussi riposté en soulignant que les membres du jury étaient tout à fait au courant de la présence de Raja dans la dénomination de la récompense. « Ils n'ont pas à utiliser des artistes pour faire parler d'eux ou pour prouver qu'ils essayent d'être propres », avait tranché l'auteur de bandes dessinées François Olislaeger dans nos colonnes.
Finalement, la prise de conscience des membres du jury a fait des émules, parmi les auteurs de la sélection : Étienne Lécroart, Ivar Ekeland, Étienne Davodeau, Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici ont ainsi annoncé le retrait de leurs albums de la sélection.
Dans un communiqué, la société Raja a réagi à la polémique autour de l'Éco-Fauve qui porte son nom, indiquant regretter « que les membres du jury choisis par le Festival aient rejeté, par principe, l’accompagnement d’un tel Prix par une entreprise quelle qu’elle soit ».
La société est « consciente depuis sa création de sa responsabilité sociétale et environnementale et engagée depuis de nombreuses années dans une stratégie visant à réduire son impact sur l’environnement », détaille le texte du communiqué. « 97 % de nos fournisseurs sont européens, et 86 % des produits que nous vendons sont fabriqués en Europe », précise Raja, qui ajoute s'être dotée d'une « Charte des Achats et du Développement Durable ».
Les produits écoresponsables (certifiés par des écolabels comme EU Écolabel ou NF Environnement, issus de ressources renouvelables et certifiés FSC ou PEFC, fabriquées à partir de matières recyclées et/ou recyclables) représentent 65 % de nos ventes, avec l’objectif d’atteindre 75 % d’ici 2024.
Concernant la récompense du FIBD, « [c]ondamner par avance l’ensemble du monde de l’entreprise, comme ont pu le faire certains membres du jury démissionnaires de l’Éco-Fauve RAJA apparaît contradictoire avec les attentes manifestes de l’immense majorité des citoyens qui se tournent vers les entreprises, vers leur propre entreprise, pour leur demander d’agir de manière socialement responsable », avance Raja, qui respecte par ailleurs la décision des membres du jury.
Selon nos informations, les auteurs des quatre albums encore dans la sélection de l'Éco-Fauve Raja n'auraient pas l'intention de se retirer de cette dernière.
Dossier : Le FIBD 2022 à Angoulême : auteurs, programme et événements
Photographie : illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0
DOSSIER - Le FIBD 2022 à Angoulême : auteurs, programme et événements
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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