Le Prix Jan Michalski de littérature 2021 est décerné à Memorial International, Alena Kozlova, Nikolai Mikhailov, Irina Ostrovskaya et Irina Scherbakova pour l’ouvrage collectif OST: Letters, Memoirs and Stories from Ostarbeiter in Nazi Germany (Granta Books, 2021), traduit du russe en anglais par Georgia Thomson.
Le Prix Jan Michalski est décerné chaque année depuis 2010 par la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature pour couronner une œuvre de la littérature dont l'originalité réside dans son aspect multiculturel : ouvert aux écrivains du monde entier, ce prix entend ainsi contribuer à leur reconnaissance internationale.
La récompense salue en 2021 un ouvrage collectif, cosigné par Memorial International, Alena Kozlova, Nikolai Mikhailov, Irina Ostrovskaya et Irina Scherbakova.
Le jury a salué « le travail acharné pour le rétablissement de la vérité historique de l’organisation non gouvernementale russe Memorial International qui, à travers ce livre de référence documentant la destinée de millions d’Ostarbeiter, s’acquitte de la tâche complexe de préserver l’histoire orale de l’effacement et du détournement. En gardant la trace écrite de voix de la société civile dans un contexte où l’histoire se réécrit en fonction des enjeux politiques, l’ouvrage OST constitue une somme mémorielle essentielle à l’avenir de nos sociétés qui, pour affronter leurs défis actuels, se doivent de préserver leur mémoire et d’en faire bon usage. »
Le terme Ostarbeiter, littéralement « travailleurs de l’Est », désigne des citoyen·nes de l’Europe de l’Est, notamment d’Union soviétique, qui furent déporté·es, suite à l’occupation de leurs pays par l’armée nazie après 1941, pour être soumis·es au travail obligatoire sur tout le territoire du Troisième Reich. Ukrainien·nes, Polonais·es, Biélorusses, Russes, Tatar·es entre autres, âgé·es pour la plupart de moins de 18 ans, ils·elles furent entre 3 et 5 millions à avoir été envoyé·es comme main-d’œuvre dans des usines, des mines, des exploitations agricoles, ou encore dans des familles en tant que personnel de maison. Distingué·es des autres travailleur·ses forcé·es par l’insigne « OST » cousu sur leurs vêtements, ils·elles connurent, outre l’éloignement de leurs parents, des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage – labeur harassant, hébergement dans des camps fermés et surveillés, sous-alimentation, manque d’hygiène et de soins, humiliations et punitions, malgré quelques témoignages d’actes bienveillants de la part de civil·es allemand·es.
Lauréat de l’Enlightener Prize 2017 en Russie et aujourd’hui du Prix Jan Michalski de littérature, le livre OST: Letters, Memoirs and Stories from Ostabeiter in Nazi Germany est le fruit d’un travail de longue haleine mené par Memorial International et ses collaborateurs et collaboratrices qui ont réuni de nombreuses pièces d’archives — photographies, correspondances, journaux intimes — et enregistré des centaines d’heures d’interviews d’ancien·nes Ostarbeiter, afin de documenter de façon exhaustive ce que ces derniers ont subi pendant leur captivité et vécu à leur retour dans leur patrie. Cet ouvrage qui compile, ordonne et contextualise l’ensemble des témoignages sort ainsi du silence un pan de l’histoire du XXe siècle et offre au destin tragique et complexe des Ostarbeiter une mémoire collective.
En récompense du Prix Jan Michalski 2021, Memorial International, Alena Kozlova, Nikolai Mikhailov, Irina Ostrovskaya et Irina Scherbakova recevront une somme de 50.000 francs suisses, ainsi qu’une œuvre d’art choisie à l’intention de chacun : un dessin à l’encre de Chine de l’artiste Frédéric Pajak.
L'année dernière, le Prix Jan Michalski était revenu à Mia Couto pour Les sables de l’empereur.
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