Lauréat du Prix Jacques Sadoul 2025, Un écho magistral de Christophe Carpentier ouvre le recueil collectif du même nom avec une nouvelle déconcertante, oscillant entre anticipation spatiale et satire de la transmission culturelle. Le texte s’ouvre sur la mort absurde d’Astrid Verdier, chercheuse à bord de l’ISS, décapitée par un débris spatial alors qu’elle lit un recueil de Jacques Sadoul.
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Son visage et le livre se retrouvent projetés dans l’espace, entamant un improbable périple cosmique. L’intrigue bascule dans une fable interstellaire où un céphalopode, sur une exoplanète inconnue, découvre l’ouvrage échoué. Ne subsiste qu’une phrase : « Je vais au café pour lire le journal d’avant-hier. » Ce fragment devient pour l’espèce extraterrestre un socle de connaissance.
Carpentier déroule alors une parabole brillante sur la mémoire, le langage et l’évolution des formes d’intelligence. Le style, volontairement dense, accumule les détails techniques et les spéculations poétiques dans une langue sophistiquée, parfois vertigineuse.
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L’écriture joue sur les registres : ironie, lyrisme, jargon scientifique, réflexions métaphysiques. La syntaxe se déplie dans des phrases amples, à la structure rigoureusement maîtrisée. Chaque phrase semble porter en elle un principe narratif. L’humour surgit par décalage, comme dans cette observation sur un tentacule devenu bras pensant. Le texte assume sa dimension spéculative, sans sacrifier la cohérence d’ensemble.
En filigrane, Carpentier interroge la valeur d’un texte, l’acte de lecture comme moteur de civilisation, la porosité entre science et poésie. Un écho magistral est un récit audacieux, singulier, qui fait dialoguer humanité et altérité avec une inventivité rare. Une réussite formelle et intellectuelle.