C'est avec des initiatives folles que l'on fait le monde de demain. Pouhiou, auteur du Cycle des Noénautes, compte parmi ces créateurs qu'on prend plaisir à écouter, tant ils ont ce grain de folie indispensable pour rendre les projets les plus insensés réalisables. Le dernier en date porte sur la création d'un lien plus direct entre l'artiste et le public, avec Amanda Palmer comme source d'inspiration.
Le 29/10/2013 à 18:28 par Nicolas Gary
Publié le :
29/10/2013 à 18:28
Cette chanteuse, compagne de Neil Gaiman, avait lancé en juillet 2012 une opération de crowdfunding, dégoûtée des maisons de disques. « Elle avait repris la métaphore de la statue humaine, un exercice qu'elle pratiquait en sortant de l'école d'Art. Elle était tout à la fois dans un contact et un échange avec les gens, y compris financièrement. Mais elle faisait aussi face à des gens qui lui criaient d'aller chercher un véritable emploi », explique Pouhiou.
Être face aux gens, solliciter, partager, ce fut le fondement du projet Kickstarter qu'elle initia. Sa maison de disque avait considéré que son album, vendu à 25.000 exemplaires était un échec. Elle s'est lancée dans le crowdfunding, et finit par obtenir 1,2 million $... avec quelque 25.000 personnes qui lui avaient apporté leur soutien. « C'est un moyen simple pour inclure le public dans le processus de création. Parce que, quand on a peur de l'impliquer ou de le solliciter, c'est que l'on entend cette petite voix qui crie : ‘Trouve un vrai travail.' »
La vidéo qui suit, avec les sous-titres en français, permet de mieux comprendre l'opération menée par Amanda Palmer. Et de saisir le projet de Pouhiou dans une plus grande part.
Le texte qui suit a été publié sur le Framablog, et provient du blog NoeNaute. Nous le publions sous licence CC 0, pour relater toute l'aventure que Pouhiou s'apprête à vivre. Si d'une manière ou d'une autre, vous souhaitez apporter un soutien à un jeune créateur, alors ce projet est une mine de partage et d'échange.
J'irai écrire chez vous : 1 mois, 1 roman, 1 sac à dos.
J'ai déjà parlé sur mon blog du NaNoWriMo. Chaque année en novembre, une foultitude d'internautes se lancent en chœur dans un défi dingue et personnel : écrire un roman. Chacun-e a pour but son histoire de 50 000 mots minimum entre le 1er et le 30 du mois. C'est d'ailleurs ce qui m'a inspiré cette règle d'un épisode par jour du lundi au vendredi pendant 4 mois…
Mon défi : écrire le livre III en novembre
Je savais déjà que le livre III des NoéNautes allait bousculer les codes. Je ne vais pas l'écrire en direct. Il ne va pas paraître épisode par épisode, mais chapitre par chapitre. J'ai même envie qu'il paraisse au fur et à mesure que tu t'y intéresses (d'ailleurs si tu es dev php, on a besoin de ton aide pour créer un petit outil qui pourrait bien révolutionner les internetz. Nom de code : Framajauge !) J'ai su tout ça durant ces six derniers mois, mais je ne l'ai pas écrit : j'ai bossé. Un mi-temps « malheureusement » trop intéressant : il a capté mon temps de cerveau disponible.
L'auteur.
Novembre 2013 : je me déconnecte de ma vie et je l'écris
C'est Ploum qui a fini par m'y inciter. Cet auteur dont je découvre des facettes redoutables (sa série Printeurs alterne entre le cyber-punk délicieusement paranoïaque et l'anticipation déshumanisée trash et gore… un régal !) échange avec moi, en privé, sur l'intérêt de s'imposer des contraintes d'écriture. Puis sur son envie de faire un NaNoWriMo cette année. Vous pouvez d'ailleurs le soutenir tout au long de novembre dans sa démarche en la découvrant ici ! Bref : le mec m'a donné grave envie, alors en vilain copieur des internetz, je me suis dit : et pourquoi je m'y mettrais pas, moi aussi ?
Le libre est un échange, le livre est un échange.
J'ai passé un mois d'octobre sur les routes des Villes en Biens Communs, à faire des conférences sur la culture libre, à animer des ateliers d'écriture collaborative. J'ai distribué des #Smartarded rendus gratuits par mes lecteurs dans nombre de villes et d'évènements. À Rennes j'ai rencontré des libristes, puis j'ai débattu sur les cultures et les contes LGBT. À Toulouse j'ai expliqué ma démarche de Commoner, et nos besoins pour mener à bien la FramaJauge. À Bolbec j'ai débattu avec un auteur qui souhaite qu'on ne touche pas à ses livres et qu'on les paie coûte que coûte. À Paris, j'ai assisté à une copyparty en bibliothèque avant d'aller signer des romans dans la librairie de Bookynette…
J'ai eu envie de poursuivre ces rencontres, d'aller plus loin dans l'échange.
Et pendant tout ce temps, cette idée de NaNoWriMo qui me trottait dans la tête… Jusqu'à ce que la connexion se fasse : et si j'allais écrire ce roman chez les gens ? Je le sais : me déconnecter de ma bulle, de ma coloc ' avec mes potes, ma famille, mes habitudes, etc. — c'est un très bon moyen d'être efficace ! C'est comme ça que j'ai écrit tout Tocante, que je me suis lancé dans #Smartarded ou que j'ai achevé #MonOrchide… Sans compter qu'en vivant un mois chez les gens, ça amortirait les dépenses sur mes assedics de mi-temps de smicard… Ben oui : faire le choix de ne plus bosser pour écrire, c'est aussi faire le choix de l'indigence ^^ !
Résidence d'artiste improvisée : héberge un Pouhiou !
Voilà comment m'est venue cette idée du « J'irai écrire chez vous ». Je vais donc partir un mois en sac à dos, un mois divisé en 10 lieux, à écrire un peu partout en France… En commençant par Paris, puisque je participerai (avec plein de membres de Framasoft et de SavoirsCom1) à la journée d'étude sur le Domaine Public à l'Assemblée nationale. De plus, il y aura un passage obligé par Toulouse, vu que le 22-23 novembre je fais une conférence et un atelier (et j'aiderai à tenir le stand Framasoft) au Capitole du Libre. Et on terminera à Lyon (avec là aussi un atelier d'écriture collaborative). Alors si tu veux héberger un Pouhiou, c'est simple… il te faut :
Et si tu veux participer autrement qu'en m'hébergeant, tu peux…
Suis mes aventures pendant la prochaine Campagne Framasoft
Framasoft héberge mes sites web (et m'aide grandement techniquement) en plus d'éditer mes romans (je donne du grain à moudre à nombre de correcteurices et codeureuses…) Framasoft défend nombre de projets du libre, dans le logiciel comme dans la culture, avec pour but de le rendre accessible à la « famille Michu ». Je suis très heureux d'aller battre la campagne pendant la campagne de financement de cette association (dont le top départ aura lieu en novembre également), que j'aime et dont je suis un membre actif. Tu as remarqué que je n'ai pas fait d'appel aux dons pour cette aventure… Y'a pourtant un bouton de don paypal sur mon blog, mais si tu veux donner des sous, ce serait cool que tu les donnes à Framasoft.
Du coup, tu pourras suivre mes aventures de novembre sur le Framablog. J'y rendrai compte des rencontres et de mes avancées, sans aucun spoiler. Je tweeterai régulièrement le nombre de mots que j'ai atteint, et @Framasoft reprendra l'info… Parce que sincèrement, toute cette aventure, toutes ces rencontres, tous ces échanges et toutes ces histoires n'auraient pas été possibles si je n'avais pas rencontré une bande de grands malades qui se défoncent pour que de tels projets aient une chance d'être hébergés, édités, vus et reconnus. Et si tu veux me donner aussi à moi, vraiment : inscris-toi sur flattr et viens offrir une reconnaissance financière aux gens qui œuvrent sur le Net.
Allez hop, j'ai un sac à dos et un roman à préparer !
Au Plaisir,
Pouhiou.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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