Aux États-Unis comme dans d'autres pays du monde où la liberté d'expression est pourtant considérée comme acquise, la lecture de certains livres reste mal perçue. Notamment par les parents d'élèves : les écoles américaines prennent des pincettes lorsqu'il s'agit de faire lire des ouvrages aux enfants. Un parent d'élève a ainsi dû signer une autorisation à son fils pour qu'il puisse lire Fahrenheit 451 de Ray Bradbury... Son message ne manque pas de piquant.
Fahrenheit 451 de François Truffaut
Publié en 1953, Fahrenheit 451 est un des livres les plus célèbres jamais écrits sur les thèmes de la censure et de la liberté d'expression. Plus qu'une œuvre culte, l'ouvrage est un véritable symbole, associé à ces thèmes. Pour preuve, son auteur Ray Bradbury est devenu le porte-parole de la censure appliquée sur Internet.
451 degrés Fahrenheit représente la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres, dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement poursuivi par une société qui désavoue son passé.
Censure et littérature, au sein des établissements scolaires américains, vont encore bon ménage : chaque année, l'Association des bibliothèques américaines (American Library Association, ALA) publie une liste des livres les plus censurés en bibliothèque. Pour faire simple, on y retrouve des ouvrages qui évoquent, en vrac, la sexualité, l'homosexualité, la religion, la violence ou font appel à un registre de langue grossier. Généralement, ce sont les parents d'élèves eux-mêmes qui contestent la présence des livres dans le programme scolaire de leur enfant.
C'est pour cette raison que l'établissement où est scolarisé le fils de Daniel Radosh avait réclamé à son paternel une signature pour l'autoriser à lire Fahrenheit 451 de Ray Bradbury : l'ouvrage est parfois pointé du doigt pour les quelques jurons qu'on y trouve, mais aussi ses descriptions... de Bible en proie aux flammes.
tfw your kid's school makes you sign a permission slip so he can read Fahrenheit 451 pic.twitter.com/t9lmD8vKTu
— Daniel Radosh (@danielradosh) 24 octobre 2016
Radosh a évidemment signé l'autorisation, mais a souhaité y ajouter une courte note, que nous traduisons ici :
J'aime cette demande d'autorisation ! C'est un moyen incroyable de présenter aux enfants le thème de Fahrenheit 451 : les livres sont si dangereux que les institutions de nos sociétés — les parents et l'école — peuvent s'allier afin d'empêcher les enfants d'en lire un. C'est trop simple de lire un livre et de se dire « C'est tellement fou, cela ne pourrait jamais arriver », alors que présenter aux enfants ce qui ressemble à une « mesure acceptable » pour commencer est un excellent moyen de leur montrer à quel point la censure peut être insidieuse.
Je suis sûr que lorsque la lecture du livre sera terminée, pas mal d'élèves vont réaliser le véritable objectif de cette autorisation, et qu'ils seront choqués par leur propension à considérer cette demande comme légitime. Par ailleurs, l'inquiétude de Milo [son fils, NdR] par rapport à ce mot que j'ajoute, qui pourrait le faire passer pour un fauteur de troubles, me rappelle bien pourquoi certains personnages du livre préfèrent accepter le monde dans lequel ils vivent plutôt que de résister.
Je lui ai promis qu'il aurait le soutien de son professeur.
Daniel Radosh est un auteur du Daily Show, une émission satirique américaine diffusée la chaîne Comedy Central, ce qui fait de lui quelqu'un de bien placé pour évoquer la liberté d'expression...
via Daily Dot
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
Commenter cet article