#Booktracking – 2018, 2018, 2018, morne plaine 2018 s’est conclue dans un climat social tendu, pour ne pas dire délétère. Repli identitaire, intolérance, pas véritablement les valeurs que porte l’industrie du livre. Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition, présentant ses vœux à l’interprofession, ouvrira 2019 avec Bernanos. Et des vœux chargés d’espérance.
Nous l’avions évoqué, l’année passée montre une économie en demi-teinte, avec un recul des ventes de 1 % – donnée encore à consolider. Et si certains secteurs ont tiré malgré tout leur épingle du jeu, l’année fut chargée de dossiers pas vraiment des plus reposants.
2018, ce furent les directeurs de collection : suite à la décision de l’Agessa de modifier le statut de ces maillons de l’édition, un vent d’incertitude soufflait. Et plaçait « ainsi toutes les maisons d’édition et leurs directeurs de collection dans une situation d’insécurité économique et juridique », rappelait Vincent Montagne.
Si le Conseil d’État, saisi, doit encore se prononcer sur le fond, dans le courant de l’année, une première décision a permis de suspendre les modifications qui devaient intervenir au 1er janvier 2019. Un délai, en somme. Pour autant, ce statut ne fait pas l’unanimité dans l’ensemble du secteur, et dévoile avant tout qu’il faudrait réfléchir une autre forme d’indépendance pour les directeurs/trices de collection.
2018, ce fut évidemment le droit d’auteur, et l’Europe, avec sa réforme du droit d’auteur. « Le 12 septembre dernier, les députés européens ont en effet voté en faveur de la réforme du droit d’auteur. Et ce malgré une campagne de désinformation massive des GAFA », soulignait le président du SNE.
Certes, les discussions se poursuivent et, avec la Fédération européenne des éditeurs, le SNE surveille le lait qui menace de bouillir. Et puis, il y a ReLIRE et ses oeuvres indisponibles, dont on ne sait aujourd’hui pas quoi faire...
Toutefois, 2018 a également apporté quelques réjouissances fiscales : la TVA, désormais pleinement harmonisable, n’opérera plus de distinction entre livre numérique et livre papier. L’occasion de repenser les conditions du prêt numérique, pour prolonger les implications d’un taux de TVA réduit pour l’ebook.
2018, ce furent toutes ces choses, mais avant tout le contexte politique et sociétal, qui se retrouve désormais en 2019. Et tous les professionnels du livre sont concernés par l’actuelle situation.
« Pour les auteurs, qui expriment une profonde inquiétude quant à leur situation économique et sociale. Inquiétude liée notamment, mais pas uniquement, aux modifications du système social et fiscal mises en œuvre par le Gouvernement », indiquait Vincent Montagne.
La librairie indépendante, qui se trouve plus que jamais dans la position de devoir séduire les lecteurs, et les convaincre « d’acheter leurs livres dans des librairies physiques plutôt que sur des plateformes numériques ».
Quant aux éditeurs, leur position n’est pas nécessairement plus enviable, pointait le président : ils doivent « défendre la compréhension de leur métier, trouver un juste équilibre économique, une capacité d’investir leur permettant de continuer à prendre des risques éditoriaux et de maintenir la diversité de création, tout en veillant à l’équilibre économique de toute la chaîne du livre ».
2019 verra donc l’émergence d’un projet interprofessionnel permettant une « meilleure connaissance des ventes réelles de livre » [Ndlr : nous y reviendrons dans un prochain article]. Mais le SNE entend également « réfléchir à l’épineuse question de la surproduction ».
Surproduction, qui rime maladroitement avec diversité – ou bibliodiversité –, voilà l’un des nœuds gordiens. Certes, elle incarne la « vitalité économique de notre secteur », mais tant pour les libraires que les lecteurs, il devient difficile « d’absorber une telle luxuriance d’œuvres ». Et pour les auteurs, les conséquences économiques sont directes.
Le sujet devrait figurer parmi les ordres du jour des États généraux du livre, qu’organise le Conseil permanent des écrivains. Et le « SNE sera heureux de prendre part… si les représentants des auteurs l’y invitent... ». Un peu d’humour ne fait jamais de mal.
2019, sera également social : l’accord signé avec les travailleurs à domicile en est un exemple. Avec le gouvernement, également, qui souhaite « restructuration (c’est-à-dire de réduction) des branches professionnelles, et donc des conventions collectives ».
Pour l’édition scolaire, 2019 marque aussi une année importante, avec la réforme du lycée et le financement des manuels scolaires – ainsi que des ressources numériques, pour les élèves de Seconde et Première.
Avec l’espoir que l’année soit portée par le dialogue interprofessionnel, le président concluait sur la nécessité de « conjuguer nos efforts ». Et ce, afin que chacun puisse « déployer ses activités dans le respect et l’amélioration des performances économiques de chacun ».
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
1 Commentaire
koinsky
18/01/2019 à 07:04
...« conjuguer nos efforts » et ce, afin que chacun puisse « déployer ses activités dans le respect et l’amélioration des performances économiques de chacun »... blablabla et blablabla ... C'est qui ce mec sans déconner ... Allez Ouste! On a pas besoin d'un berger qui nous mène à l'abattoir, mais d'un chef de meute qui nous érige en barrière contre les pacifiques...