Avec l’envolée du commerce en ligne durant les deux dernières décennies, et encore plus avec les nouveaux modes de consommation induits par les habitudes prises durant la pandémie, on pense souvent que La Poste tire profit de cette situation. Sauf que, pendant que les colis saturent les circuits, les lettres se font rares.
Le 28/12/2023 à 11:00 par Victor De Sepausy
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Publié le :
28/12/2023 à 11:00
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Il est de plus en plus loin le temps où l’on s’échanger de nombreuses lettres et cartes postales. Si l’on envoie encore quelques cartes de vœux pour conserver la tradition, on se contente plus souvent d’un simple message envoyé sur un service de messagerie instantanée. Souvenons-nous des débuts d’Internet où des sites proposaient l’envoi de cartes électroniques personnalisées. Certains sites subsistent d’ailleurs, et l’on peut même faire imprimer sa carte pour ensuite la faire parvenir à son destinataire via La Poste.
De moins en moins de lettres :
Mais, en attendant, le trafic courrier se meurt en France. La contrepartie, pour le consommateur, une hausse irrésistible du prix du timbre. Le vert passera au 1er janvier 2024 à 1.29 €, contre 1.16 € auparavant, soit une hausse de 11.20 %. Du jamais vu. La moyenne des hausses du prix des timbres sera de 8.3 %. Et pas sûr que cela s’arrange à l’avenir. Si l'on peut suivre presque instantanément le déplacement d'un colis aujourd'hui, via des services comme dhl tracking par exemple, les grands groupes postaux ont plutôt tendance à réduire la voilure en ce qui concerne le suivi des lettres et la rapidité de leur envoi.
Le groupe La Poste, comme bien d'autres à travers le monde, cherche par tous les moyens à compenser le déficit de son service postal universel, qui lui impose de relever et distribuer le courrier six jours sur sept partout en France.
La lettre rouge, ou lettre prioritaire, qui n’est désormais plus disponible qu’en ligne, a particulièrement été touchée par l’effondrement du trafic courrier. En 2008, il s’en était envoyé 4.25 milliards quand on en comptait à peine 275 millions en 2022. Pour l’ensemble des lettres, c’était 18 milliards toujours en 2008, contre 7 milliards en 2022…Cherchez l’erreur. C’est certainement la fin d’une époque.
Le futur de la lettre, le colis :
La France avait mis du temps à constituer son réseau de distribution du courrier. C’est véritablement sous Louis XIV, que le trafic commence à se démocratiser. Si en 1632, on compte 623 relais de poste, l’Hexagone n’en comptera pas moins de 1426 juste avant la Révolution. Ce n’est pas un hasard si, en même temps qu’émerge ce service, on découvre les lettres de la comtesse de Sévigné, et que le genre du roman épistolaire connaît un succès inédit au cours du XVIIIème siècle. S’écrire des lettres était devenu une pratique de plus en plus répandue.
Le groupe La Poste, dont les activités sont très diversifiées (notamment avec sa filiale Docaposte qui intervient dans l’échange sécurisé de données et qui possède Index Education) a fait en 2022 une très belle année, avec un chiffre d’affaires global de 35 milliards d’euros, et 2,6 milliards de colis distribués, en petite baisse par rapport à 2021. Il faut que le temps de la pandémie a fait particulièrement décoller les ventes en ligne, et donc la livraison de colis. Selon l’Arcep, le volume de colis a même diminué de 5 % en France en 2022.
Des tarifs de livraison encadrés pour le livre :
Si les libraires traditionnels se disent souvent inquiets face à la concurrence des géants de la distribution, la mesure obligeant de payer des frais de port minimum de 3 € si la commande de livres est inférieure à 35 € devrait toutefois avoir des effets bénéfiques. Entrée en vigueur en octobre 2023, cette mesure est encore trop récente pour pouvoir en évaluer les conséquences. Mais, désormais, le livre ne peut plus jouer le rôle de produit d’appel pour des plateformes de vente en ligne qui vendent toute sorte de produits.
Le Syndicat de la librairie française aurait même souhaité que le montant minimum des frais de port soit fixé à 4,50 €. Mais, pour le ministère de la Culture, il a fallu faire un choix stratégique, en tenant compte également des foyers qui se trouvent à bonne distance d’une librairie. Pour ces derniers, en effet, la commande en ligne est souvent la seule solution facilement accessible. La mesure a été adoptée, et elle devrait avoir plus d’effets que la précédente de 2014, rapidement contournée.
La livraison gratuite avait été interdite, et de nombreux acteurs du marché s’étaient contentés de la fixer à un centime d’euro bien symbolique. Il aura cependant fallu pas moins de neuf ans pour arriver à nouveau à intervenir sur cette problématique. Néanmoins, entre temps, c'est un engouement inédit qui se produit pour le livre d'occasion.
La librairie indépendante se porte bien
En attendant, les chiffres du Syndicat de la librairie française sont plutôt bons. En effet, on compte toujours en France de 20 à 25 000 points de vente de livres, mais surtout, pas moins de 3500 librairies indépendantes, ce qui fait de l’Hexagone un des pays possédant le réseau le plus dense de commerces dédiés aux livres. C’est d’ailleurs toujours le premier circuit de vente de livres, avec 40 % de part de marché, devant les grandes surfaces culturelles, et devant Internet. Paris, à ce titre, est une ville symbole, avec 400 établissements indépendants.
En attendant de connaître les chiffres de 2023, on peut se référer à ceux de 2022. Ce fut une année record en termes de créations de librairies. Après la pandémie, beaucoup de salariés ont cherché à se reconvertir dans la librairie, en alliant passion et engagement professionnel. 142 nouvelles enseignes ont vu le jour, quand 140 avaient été créées en 2021.
Quand on sait les difficultés croissantes des commerces de l’habillement dans les centres-villes, on ne peut que se réjouir de ces chiffres qui donnent de l’espoir pour le développement de la lecture et de la culture en France.
Crédits illustration Pexels CC 0
2 Commentaires
Necroko
30/12/2023 à 02:11
Donc les libraires vont bien mais on nous les casses quand même pour plaire à cette profession de petit bourgeois et dire qu'on est anti-Amazon (dégoutant/abjecte).
Elsou
31/12/2023 à 13:14
Il faudrait revoir le montant minimum pour avoir la livraison gratuite ceux qui vivent en campagne loin d'une librairie ça aide pas bref on vous remercie pas avec votre loi a la noix