Si Astérix et Obélix étaient envoyés en Égypte au début de la décennie, ce sont aujourd’hui les mystères de l'Antiquité qui viennent à nous. Alors que le Teece Museum of Classical Antiquities de l’Université de Canterbury (Nouvelle-Zélande) répertoriait plusieurs pièces égyptiennes pour sa collection James Logie, l’une des plus importantes collections d’objets de l’époque antique, un fragment de linceul d’une momie égyptienne a retrouvé sa moitié à l’autre côté du globe.
La technologie a encore permis des miracles ! Grâce à la numérisation d’un fragment de lin d’un linceul de momie égyptienne, conservé à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le Getty Institute aux Etats-Unis s’est rendu compte posséder lui-même une autre partie. Depuis, le morceau retrouvé en Nouvelle-Zélande est surnommé « Canterbury » tandis que celui trouvé aux Etats-Unis porte l’appelation « Getty ».
Bien que la raison de ce déchirement du tissu reste obscure, ces deux fragments ont pu être réunis numériquement. Pour ce faire, Canterbury a d’abord été représenté sous forme d’image numérique à partir d’une base de données en ligne, proposée en accès libre par le Teece Museum. Selon Live Science, ces deux fragments « s’intègrent comme une pièce de puzzle ».
Image du haut : Fragment Canterbury ( Musée des antiquités classiques de Teece, Nouvelle-Zélande). Image du milieu : Fragment de lin du Livre égyptien des morts conservé au Getty Research Institute. (Programme de contenu ouvert GRI / CC BY 4.0 ). Image du bas : Pièces d'un puzzle qui s'assemblent : les pièces adjacentes du linceul de momie. À droite, le fragment de la collection Logie de l'UC conservé au Teece Museum of Antiquities et à gauche, le fragment adjacent du Getty Institute aux États-Unis. ( Université de Cantorbéry ).
Selon les recherches menées, le linceul, qui permet d’envelopper une momie, aurait été prélevé sur la tombe de Petosiris, dit aussi Ankhefenkhons, située à 340 km au sud du Caire. Ce dernier était reconnu comme l’un des cinq grands prêtres de Thot à Hermopolis, il y a 2 300 ans. Le tissu complet était recouvert de hiératiques (écriture cursive) et de lignes de symboles hiéroglyphiques.
Ce titre honorifique prend sens lorsque l’on interprète les motifs qui habillent ces parties de linceul, qui représentent des scènes et des sorts rédigés en écriture hiératique égyptienne, extraits du Livre des Morts, datant de 300 avant notre ère. En effet, d’après Ancient Origins, le prêtre égyptien aurait passé un accord avec un artiste de la momification reconnu à son époque, afin qu’il recouvre son linceul de momie de ces symboles mystiques.
Alison Griffith, professeure associée à UC Classics, experte en art égyptien, explique : « La croyance égyptienne était que le défunt avait besoin d'objets du monde lors de son voyage vers et dans l'au-delà, donc l'art dans les pyramides et les tombes n'est pas de l'art en tant que tel, il s'agit vraiment de scènes d'offrandes, de fournitures, de serviteurs et d'autres choses dont vous avez besoin de l'autre côté. » En effet, durant le Nouvel Empire (vers 1539 av JC), qu’imporaite la classe sociale, les croyances affirmaient qu’un corps, enveloppé de tissu de momie ou portant un exemplaire de ce livre sacré, été assuré de rejoindre l’au-delà. Parce qu'il possédait le guide permettant de trouver son chemin.
Elle félicite « le travail incroyable » réalisé autour de ce fragment. Selon le communiqué de presse de l’université de Canterbury, il comprend « des images de bouchers découpant un bœuf en offrande ; des hommes portant des meubles pour l'au-delà ; quatre porte-drapeaux avec des signes de nome (faucon, ibis et chacals) ; un bateau funéraire avec les figures des déesses-soeurs Isis et Nepthys de chaque côté ; et un homme tirant un traîneau à l’effigie d’Anubis, protecteur des morts à tête de chacal. » D’après les études menées, cette histoire se produit au début de la copie du Livre des Morts.
Si elle remarque « un petit écart entre les deux fragments », à ses yeux, « la scène est cohérente, l'incantation a du sens, et le texte est juste ». Par cette correspondance virtuelle des deux fragments, de nouvelles traductions du Livre et de nouvelles connexions ont été possibles.
L’existence de ce fragment a traversé l’océan Pacifique pour atteindre l’Institut oriental de l’Université de Chicago, dont le responsable des archives de recherche, le Dr Foy Scalf, a affirmé que le « fragment de lin n'est qu'un petit morceau d'un ensemble de bandages qui ont été arrachés aux restes d'un homme nommé Petosiris (dont la mère était Tetosiris). Des fragments de ces morceaux sont maintenant répartis dans le monde entier, dans des collections institutionnelles et privées. »
Il souligne cependant les « problèmes éthiques [soulevés par cette découverte] concernant les origines de ces collections et nos pratiques de collecte continues », qui entravent certaines croyances mystiques. Ancient Origins déplore cette modernité blasphémante qui déchire en morceaux des tenues sacrées.
Le journal Star News rapporte qu’un nouveau fragment de la collection RD Milns, issue de l’Université du Queensland, située en Australie, correspondrait également au linceul commun : il trouverait alors sa place dans ce tableau de linges éparpillés. De même, les chercheurs néo-zélandais ont constaté une certaine similarité des scènes avec la célèbre carte en papyrus de Turin, faisant partie de la collection du musée égyptien en Italie.
En somme, ce fait confirme les mots d’Elder : « L'histoire, comme le linceul, se reconstitue lentement. »
Crédit : Fragments de papyrus de Turin, une ancienne carte minière égyptienne (moitié droite), pour l'expédition d'extraction de Ramsès IV, 12ème siècle avant JC (Nouvel Empire). (Zyzzy / Domaine public )
(Source : Star News, we're for Cantobéry ; Ancient Origins)
Crédit : La scène finale du papyrus d'Ani (formules 185 et 186), CC BY-SA 3.0
Par Marion Clousier
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