Le Prix du livre court 2024, visant à honorer une œuvre de fiction francophone ne s'étendant pas au-delà de 150 pages, a été décerné à Gare Saint-Lazare de Dominique Fabre, publié par les éditions Fayard.
Le 01/03/2024 à 16:36 par Hocine Bouhadjera
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01/03/2024 à 16:36
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Le jury, constitué d'Émilie Aoustin (infirmière spécialisée en psychiatrie), Bertrand Burgalat (producteur de musique, musicien et chanteur), Valentine Faure (journaliste et écrivaine), Michèle Ignazi (libraire), Didier Pourquery (journaliste et écrivain) et Charles Ravinski (écrivain), a choisi d'honorer ce roman, « tout en atmosphère et en sensibilité, porté par une écriture précise et poétique. Gare Saint-Lazare apporte une nouvelle pierre à l’édifice d’une œuvre à part, discrète, à propos de laquelle on cite volontiers Emmanuel Bove, Henri Calet ou Patrick Modiano. »
« J'avais une tâche pour la vie, qui en un sens résumait toutes les autres, me faire aimer de toi. » Cette ligne, qui pourrait être interprétée comme romantique, révèle en fait le tragique de toute une existence. Elle provient d'un fils s'adressant à sa mère. Avec le recul de nombreuses années, un homme retraverse son enfance et son adolescence, se remémorant la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, les ruelles animées avoisinantes, les bistrots fréquentés par des banlieusards qui consomment rapidement au bar avant de prendre leur train.
Pour lui, résidant de la banlieue proche, cette gare constituait son entrée vers Paris. Ou peut-être la gare symbolisait-elle pour lui la ville dans son ensemble ? C'était son point de départ pour l'internat ou pour rejoindre des familles d'accueil. C'était également là qu'il flânait avec un ami, pour retarder le moment de retrouver une mère qui n'était pas toujours ravie de le voir. C'est aussi à cet endroit qu'il est tombé amoureux d'une vendeuse ambulante qui se plaisait à le taquiner avec affection.
Autour de lui, un millier de vies se dévoilent à travers son regard d'enfant blessé avec une sensibilité particulière. Comme si l'observation du microcosme qu'offrent toutes les gares avait toujours été pour lui un refuge, lui donnant espoir en une possible réconciliation. Dominique Fabre, auteur de nombreux romans où la gare Saint-Lazare occupe une place récurrente, parvient à transmettre à travers ses écrits que ceux considérés comme « n'étant rien » sont en réalité au cœur même de l'humanité.
Dominique Fabre a écrit 28 ouvrages, incluant des romans et des collections de nouvelles, qui ont été traduits dans plusieurs langues.
Les autres finalistes de cette édition : L’amour de François Bégaudeau (Verticales), N’ajouter rien de Fabrice Chillet (Bouclard), La danseuse de Patrick Modiano (Gallimard) et Contrefeu d’Emmanuel Venet (Verdier).
Le Prix du livre court, dont cette année marque la première édition, a été fondé par Jean-Pierre Montal, Jean-Christophe Napias, Alexandre Fillon et Sandrine Gulbenkian, dans l'esprit de distinguer les œuvres brèves, réfutant l'idée répandue qui associe la qualité littéraire à la longueur d'une œuvre.
Cette initiative souligne que la véritable écriture réside dans l'art de faire des choix éditoriaux judicieux, plutôt que dans la simple accumulation de détails, de personnages, de mots et de pages.
Parce que l’on confond trop souvent « gros livre » et « grand livre »…
Parce que l’accumulation de détails, de personnages, de mots et de pages n’a jamais suffi à faire un chef-d’œuvre…
Parce que « faire des choix », cela s’appelle « écrire », tout simplement…
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Crédits photo : Tina Merandon 2014 (Fayard)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 23/08/2023
144 pages
Fayard
17,00 €
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