Léticia Ibanez a été récompensée par le Prix Pierre-François Caillé de la traduction 2023, ce vendredi 24 novembre, pour son travail sur la traduction de l'œuvre La Sterne rouge de Antonythasan Jesuthasan, originellement rédigée en tamoul (Sri Lanka), et publiée par les éditions Zulma.
Le 13/12/2023 à 11:22 par Hocine Bouhadjera
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13/12/2023 à 11:22
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Agnès Debarge et Françoise Wirth, membres du jury du Prix Pierre-François Caillé, ont décrit le titre comme un « livre coup de poing ». La Sterne rouge est une fiction ancrée dans la réalité historique du Sri Lanka, couvrant la période de la guerre civile de 1983 à 2009, le tsunami de 2004, et les attentats de Pâques en 2019.
Le roman, raconté à la première personne, suit la vie d'Ala, surnommée la Sterne rouge, une jeune femme et ancienne combattante des Tigres tamouls, condamnée à 300 ans de prison. Le récit explore sa vie depuis l'enfance, marquée par l'insouciance, les traditions, et les horreurs du conflit ethnique, jusqu'à son exil en Europe et son arrestation suite à une tentative d'attentat-suicide.
La Sterne rouge traite également de la complexité des identités linguistiques et culturelles. Ala, portant l'héritage tamoul de ses ancêtres, doit naviguer entre différentes langues, reflétant l'utilisation des langues comme outil d'oppression. Finalement, son aptitude linguistique la mène à devenir traductrice et à apprendre une nouvelle langue lors de son exil.
La traduction de Léticia Ibanez est saluée pour sa capacité à transmettre avec finesse et en français impeccable l'histoire intense et émouvante d'Ala. Comme le souligne Agnès Debarge, Léticia Ibanez, en tant que traductrice littéraire du tamoul, « nous ouvre les yeux sur un autre monde ».
Françoise Wirth ajoute que l'œuvre est une « lecture fascinante, saisissante, qui prend aux tripes », rendue dans un langage simple, imagé, et très direct.
Depuis 1981, le Prix Pierre-François Caillé de la traduction est attribué par la Société française des traducteurs (SFT), avec la collaboration de l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT). Ce prix annuel est destiné à un traducteur ou une traductrice en début de carrière dans l'édition, avec un maximum de trois ouvrages traduits et publiés au moment de la candidature. Le lauréat reçoit une somme de 3000 €.
Bernhard Lorenz, président du jury, souligne les objectifs principaux de ce prix : valoriser un traducteur ou une traductrice prometteur en début de carrière, sensibiliser le grand public au métier de traducteur et favoriser la reconnaissance de cette profession.
Jusqu'à présent, le prix a honoré 41 traductions issues de 19 langues différentes, incluant l'anglais, l'espagnol, l'italien, ainsi que des langues moins courantes comme le turc, le japonais, le russe, le grec, le roumain, le néerlandais, le suédois, l'islandais, le chinois, et en 2017, pour la première fois, l'allemand.
Le jury, constitué d'environ quinze traducteurs professionnels actifs ou retraités, parmi lesquels d'anciens présidents de la SFT et des enseignants en traduction, a cette année évalué douze œuvres. Ces livres traduits couvraient une variété de langues, dont le serbe, le grec, l'albanais, l'italien, l'anglais (États-Unis), l'espagnol, le catalan, le tamoul, le chinois (Taïwan) et l'ukrainien.
L'année dernière, la récompense était revenue à Éric Reyes Roher pour sa traduction de l’espagnol d’Animaux invisibles, de Gabi Martínez, parue chez Le Pommier.
Ci-dessous, un entretien avec Léticia Ibanez et un extrait de sa traduction :
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Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 03/02/2022
320 pages
Zulma
22,50 €
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