#PrixdelaMaisonPresse23 - Présidente cette année du Prix Maison de la Presse, Tatiana de Rosnay aura eu le plaisir de remettre la récompense à Adèle Bréau. Son septième roman, L’heure des femmes (Lattès) aura convaincu le jury, face aux cinq autres ouvrages. Récit d’une « merveilleuse aventure : celle de défendre des livres », nous assure la présidente.
Le 25/05/2023 à 10:39 par Nicolas Gary
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Publié le :
25/05/2023 à 10:39
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Quand l’autrice de Elle s’appelait Sarah évoque « une très belle expérience », elle ne parle pas à la légère. Cofondatrice du prix de la Closerie des Lilas en 2007 avec un groupe de romancières, elle se réjouit qu’aujourd’hui « notre récompense soit prise au sérieux ». Et au fil de sa carrière, la romancière s’est investie dans d’autres récompenses encore, parfois moins connues. « Celui-ci me fait rêver — d’ailleurs, je leur ai glissé qu’il n’était pas trop tard pour qu'un jour j’en sois lauréate », plaisante-t-elle.
« Ce prix donne des ailes aux lauréats — comme ce fut le cas pour Adélaïde de Clermont-Tonnerre, qui l’a obtenu en 2010. Et qui officie dans notre jury du prix de la Closerie. » En tant qu’autrice, Tatiana de Rosnay n’a que rarement eu l’opportunité de se rendre dans l’une de ces Maisons de la Presse à l'occasion d'une séance de dédicace. « Pour autant, cette enseigne est connue, il en émane une atmosphère de vacances. Et leur prix est à l’aune : rafraîchissant, charmant, et porté par des libraires qui auront à cœur, tout l’été, de soutenir le livre d’Adèle. »
Présidente, Tatiana de Rosnay n’est intervenue qu’à partir de la seconde sélection, début avril. « Il restait six ouvrages sur les 13 de la première liste. J’ai pris l’habitude de lire beaucoup en peu de temps, et cela m’a servi : la rencontre avec les jurés avait lieu à la fin du mois. »
La suite se change en une expérience nouvelle : « Dans d’autres prix, il arrive que je connaisse certains membres — à travers des interviews données des auteurs rencontrés lors de salons. Face aux quelque vingt libraires présents pour délibérer, j’étais romancière, certes, mais lectrice avant tout. Et ce fut une merveilleuse aventure : celle de défendre des livres, ceux des autres, en tant que lectrice. »
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Deux heures durant, chacun aura défendu sa lecture, son autrice — cinq femmes sur six ouvrages, tout de même. « J’aime beaucoup ces moments de discussion », souligne Tatiana de Rosnay. À l’instar de Marc Levy, confiant qu’il préférait toujours parler des livres des autres, la romancière jubile : « La liste était éclectique, les désaccords s’exprimaient avec beaucoup d’intelligence. » Et finalement, Adèle Bréau l’emporte.
« J’avais déjà lu son ouvrage, et nous nous étions croisées lors d’une séance photo », se souvient Tatiana de Rosnay. « Étant anglaise, j’ai grandi avec la BBC, puis nous sommes partis aux États-Unis : j’ai découvert avec elle qui fut Ménie Grégoire, lisant son roman sans le contexte historique. » Amour, maternité, droits, sororité... L’auteure explore sur cinq décennies les progrès, les paradoxes et les reculs de la condition féminine, les faisant résonner ensemble.
Résumé de l’œuvre :
Paris, 1967. À l’aube de ses cinquante ans, Menie, une mère de famille bourgeoise, se voit offrir un poste à la radio RTL, qui décide de rajeunir ses programmes. Son rôle ? Donner la parole aux auditrices. En quelques semaines, un raz-de-marée se produit. Les femmes de toute la France se confient à cette « dame de cour ».
Bientôt, des millions de personnes les suivront avec passion pendant l’émission, à l’heure de la sieste. Parmi ces auditrices, Mireille et sa sœur Suzanne découvrent qu’elles aussi pourraient reprendre les rênes de leur destin.
La vie de Menie, partagée entre le tourbillon d’une société libérée par les événements de Mai 68 et les tourments qu’elle-même traverse, en est totalement bouleversée. Cinquante ans plus tard, Esther, une documentariste qui peine à se reconstruire, plonge de nouveau dans ces années qui, bien qu’ayant un certain recul, semblent encore proches, où le sort des femmes françaises semble appartenir à une autre époque.
Dans cette ambiance des années 70, « se dessine une véritable modernité : en prenant l’antenne, Menie Gregoire offrait une émission qui a libéré, d’une certaine manière, la parole des femmes. On ne parlait pas de féminicide à cette époque, et pourtant… », poursuit-elle. « Le traitement narratif nous emporte vers cette voix, littéralement, particulièrement. Une femme, qui, à la radio, aura écouté, consolé, conseillé, des centaines d’auditrices. »
Preuve, s’il en fallait, que l’ouvrage jette des ponts avec notre monde, à plus de cinquante ans de distance, cette intervention d’un libraire durant les débats. « Il nous a confié que cette lecture lui avait beaucoup appris sur le parcours des femmes, la sexualité, leur condition, à cette époque. Et plus encore, au terme du livre, il voyait les choses très différemment », conclut Tatiana de Rosnay.
Ou comme dirait Javier Cercas, la littérature n’est pas un savoir, c’est une connaissance. « Et elle est formidable. »
Crédits photo : Adèle Bréau et Tatiana de Rosnay © NAP
DOSSIER - Prix Maison de la Presse 2023 : au service des lecteurs
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 11/01/2023
462 pages
Jean-Claude Lattès
21,50 €
1 Commentaire
FredEx
03/06/2023 à 19:10
Ça me semble follement original.