Le prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris récompense l’auteur d’un roman et l’auteur d’un essai sur la civilisation musulmane. Pour sa première année, la distinction salue le roman de Xavier Le Clerc, Un Homme sans titre chez Gallimard ainsi que l'essai sur la civilisation musulmane de Karima Berger, Les gardiennes du secret chez Albin Michel.
Cette année, le jury est composé de Jean-Luc Barré, Hélène Carrère d'Encausse, Julie Couturier, Souleymane Bachir Diagne, Jean-Pierre Elkabbach, Chems-eddine Hafiz (Président), Pierre Leroy, Aïcha Mokdahi, Jean Mouttapa, Amélie Petit, Jean-Robert Pitte, Philippe Robinet et Benjamin Stora. Le prix a été décerné, pour l’année 2022, le 8 décembre, à :
Dans la catégorie « Roman » (au deuxième tour de scrutin) à Xavier Le Clerc pour Un homme sans titre publié chez Gallimard
« Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées. »
En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société Métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.
Xavier Le Clerc est né en Algérie en 1979, il vit et travaille à Paris. Il a publié un premier roman, De grâce, sous son premier nom, Hamid Aït-Taleb. Son deuxième roman, Cent vingt francs, évoquait la figure de son arrière-grand-père kabyle, mort pour la France à Verdun en 1917.
Dans la catégorie « Essai sur la civilisation musulmane » (au troisième tour de scrutin) à Karima Berger pour Les gardiennes du secret publié chez Albin Michel.
« Les femmes sont les gardiennes du secret de ce que Dieu garde secret », dit le Coran dans l’un de ses versets énigmatiques.
À l’heure où l’injonction de la « vertu » ou celle de la « libération » tentent de s’imposer aux femmes musulmanes, Karima Berger déploie ici sa pensée du féminin, une pensée politique, spirituelle et poétique. En soulevant le voile des apparences, elle découvre l’intelligence des femmes qui est à l’oeuvre et qui irradie tout le corps de l’islam. Les héroïnes de la tradition (Layla, Hagar, Aïcha, Khadîdja, Fâtima, Marie…) donnent chair à la pensée, à la parole, à la beauté. Elles déploient ainsi tous les degrés de ce « secret » dont les femmes sont les Gardiennes.
Mêlant sa vie et sa culture de femme d’Orient et d’Occident, Karima Berger prolonge dans ces Gardiennes du secret la recherche qu’elle avait engagée avec Etty Hillesum dans Les Attentives (Albin Michel, 2019).
Karima Berger est née en Algérie, elle vit depuis plus de trente ans en France et est l’autrice de plusieurs ouvrages, dont, chez Albin Michel : Éclats d’islam (essai, 2009), Les Attentives (essai, 2014) et Mektouba (roman, 2016). Son dernier livre est l’essai Hégires (Actes Sud, 2017).
Karima Berger a présidé de 2014 à 2017 l’Association des écrivains croyants (créée par André Chouraqui), à laquelle elle a insufflé un nouvel élan, et qu’elle a rebaptisé « Écriture et Spiritualité ».
Paru le 01/09/2022
123 pages
Editions Gallimard
13,50 €
Paru le 30/03/2022
283 pages
Albin Michel
21,90 €
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