Ils se promettront amour, fidélité et soutien, devant 2500 personnes conviées — et pas une seule ne portera de masque. Encore que ce monde sera bientôt lui aussi en proie aux virus. Dinesh Sivakumar Padmavathi, chef de projet informatique, et sa future épouse, Janaganandhini Ramaswamy, se diront “oui” (faut-il leur souhaiter) dans une reproduction de Poudlard, au sein d'un métaverse – une réalité virtuelle. Le monde est devenu fou…
Ce jeune couple originaire de Chennai l’assure : la famille est ce qui compte le plus, tout particulièrement pour un mariage. Alors que l’État du Tamil Nadu (au sud de l’Inde) a introduit des restrictions à 100 personnes pour les célébrations, les mariés ne voyaient pas d’un bon œil que leurs convives soient privés de réjouissances.
Ils ont donc revu leurs plans pour la cérémonie prévue ce 6 février, afin d’assurer aux amis et à la famille d’assister à l’heureux événement. En basculant dans le métaverse, leur liste d’invités a soudainement enflé, sans que le devis du traiteur n’oscille d’une roupie. Voire, a été totalement réduit à néant.
Pour Dinesh, la perspective de ce mariage dans le monde virtuel offre plus d’occasions de se réjouir que celle d’un Zoom, plus contraignant. Il aura fait preuve de pédagogie pour que les invités comprennent ce que métaverse impliquait, comment la cérémonie se déroulerait : au final, même les plus anciens se réjouissent de cette aventure numérique. « Il faudra peut-être cinq ans à l’Inde pour intégrer le métaverse, aussi voulais-je que les Indiens en fassent l’expérience dès à présent. Et pourquoi pas à travers un mariage ? », glisse le fiancé.
Mais le meilleur reste à venir : parce que cette cérémonie serait en soi déjà insolite, si elle n’avait pas en plus pour décorum l’école de sorcellerie d’Harry Potter. En effet, dans la grande salle de Poudlard, les futurs mariés se jureront un amour éternel et mutuel. Ce choix découle surtout de ce que Dinesh et Janaganandhini se sont rencontrés sur leur lieu de travail. Et se sont rapidement découvert une passion commune pour les aventures du petit sorcier à la cicatrice bien mystérieuse.
Prenant en compte la nature même de Meta, il leur était possible de reconstituer la salle où le Choixpeau dévoile aux étudiants dans quelle maison ils étudieront. Si Dinesh et Ramaswamy sont des professionnels de l’informatique, leur côté Potterheads autoproclamé ne fait aucun doute. « Je connaissais le concept de métaverse avant même que Facebook n’en parle, car je travaille dans la technologie blockchain », précise Dinesh. « Nous avons démarré notre projet en janvier et travaillé dur, jour et nuit. »
Reste l’inconnue : proposera-t-on des métaliments façon recette traditionnelle, ou sera-t-il possible de consommer, virtuellement, de la Bièraubeurre ? Dinesh en rigole encore : il lui reste une petite semaine pour trouver la solution. « Mais j’attends avec impatience cet avenir technologique d’intégration au métaverse d’un moyen pour virtuellement goûter ou sentir quelque chose. »
Notons tout de même que la cérémonie coûtera quelque 150.000 roupies — près de 1600 € — pour la conception, l’hébergement et le développement de l’infrastructure web. Pour ce qui est des vêtements, ils seront en revanche conformes aux costumes usuels des mariés en Inde.
La plateforme TardiVerse sera leur prestataire, pour la création de ce château qu’on dit inspiré de Poudlard et pas vraiment une réplique. Parce qu’imaginer de copier l’école sans l’autorisation de Rowling ou des gens de Warner Bros, qui exploitent les droits de l’univers Potter, c’est risquer que les avocats s’invitent de force…
On connaissait les mariages de Potterheads qui puisaient dans toutes les ressources du cosplay pour ressembler à leurs héros. Et il ne semble pas que dans Second Life, ancêtre du métaverse, des mariages dans une imitation de Poudlard aient eu lieu. Voici donc une grande première. Espérons qu’ils vivent longtemps, heureux, et qu’ils aient de nombreux enfants qui attendront le train sur le quai 9 ¾…
Commenter cet article