Pas question de vivre ce que la musique a pu endurer. Clairement. Le président de l'Authors Guild, Scott Turrow, récemment nommé, ne s'en laissera pas conter : le piratage « a tué une grande partie de l'industrie de la musique ». Et conscient de ce fait, il avertit que pour l'industrie du livre, la lutte contre cette menace fera partie des enjeux principaux.
Le 17/05/2010 à 11:34 par Clément Solym
Publié le :
17/05/2010 à 11:34
« Nous devons faire en sorte que la piraterie soit efficacement traitée », déclare-t-il. Et lui-même, en qualité d'auteur, entend bien faire en sorte qu'il ne soit pas victime de ces contrefaçons. « Je ne pense pas qu'il se trouvera autant de personnes pour faire des copies de mes ouvrages que pour entendre les chansons de Beyonce », assure-t-il, mais pour le coup, on s'inquiète.
On n'a rien appris, dans tous les cas
Et on prend encore une fois tout le problème à l'envers. C'est tout de même dingue, ça... Pourquoi lutter contre, alors qu'il serait tout de même plus intelligent - et rémunérateur - de mettre en place des offres intéressantes financièrement (pieuse recommandation du rapport Patino en France), pour que les consommateurs soient plus enclins à ne pas chercher à pirater justement ?
Enfin, soit.
Pour Scott, l'iPad a élevé le débat concernant les livres numériques et les lecteurs. Et sans pour autant dire que la tablette d'Apple deviendra un catalyseur dans le piratage de livres, il devrait pourtant se rendre compte que justement, l'apparition de l'iPod à l'époque avait été un vecteur direct de l'accélération du téléchargement illégal. Il existait bien avant, pas de doutes, mais il l'a clairement accéléré. Et justement, à cette époque, les offres commerciales étaient vraiment pitoyables.
Gratuité et anonymat
Alors évidemment, la facilité (et l'économie) du téléchargement gratuit représente toujours un attrait difficile à contester. Simplement... si les acheteurs de livres étaient plus rassurés, en se disant que l'argent versé part vraiment à l'auteur - et non pas dans des mesures moindres et des pourcentages faibles - peut-être auraient-ils plus la fibre marchande et investiraient-ils plus facilement...
De toute manière, nous l'avions déjà constaté, la sortie de l'iPad avait déjà provoqué des remous dans le téléchargement d'ebooks sur des réseaux de partage.
L'augmentation des téléchargements de certains fichiers est de 78 % en moyenne, et évidemment, tous ont connu un boom, après le lancement de l'iPad. Pour certains ouvrages, comme celui de Freakonomics, on a dépassé les 100 % d'augmentation de download.
Alors pour ce qui est du piratage et du 'pas question de se laisser faire', plusieurs petites choses seraient probablement à régler avant de vouloir lancer des campagnes de lutte façon RIAA ou tout autre organisme américain dont la vocation est de poursuivre sans relâche les vils pirates.
Rendre leur sens aux mots
À ce titre l'interview-confession d'un Pirate de livres publiée sur The millions ne manquera pas d'intérêt. Interrogeant un utilisateur de BitTorrent, on y découvrira une phrase d'un rare intérêt : « En fin de compte, je pense que les gens ordinaires ne se sentent pas très coupables de voler une société sans visage ou un, dans une moindre mesure, un milliardaire comme Stephen King. »
Voilà peut-être l'une des premières choses à régler : redonner un visage humain à l'industrie du livre... Non ?
Vous pouvez retrouver l'interview de ce brave Scott sur Galley Cat.
Par Clément Solym
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