La Bibliothèque nationale de France consacre cet hiver une exposition à l’artiste May Angeli. Illustratrice, graveuse sur bois et autrice d’albums pour la jeunesse engagés. Grâce au don consenti par May Angeli en 2019, la BnF expose une sélection de 100 planches, carnets de croquis, dessins et matrices originaux représentatifs des plus de 130 albums, documentaires et livres d’artiste qu’elle a réalisés. Une invitation à découvrir le processus créatif d’une artiste complète, et ce du 26 novembre au 9 janvier.
Se nourrissant d’inspirations diverses, du « sirop de la rue » aux classiques de la littérature en passant par les liens profonds qu’elle entretient avec la Tunisie, May Angeli a bâti un univers qui lui est propre, « tout en couleurs, liberté et poésie ».
Une artiste engagée
May Angeli commence à illustrer des ouvrages pour la jeunesse dès 1961. De ses premiers albums à ses publications les plus récentes, l’artiste a travaillé avec une grande variété d’auteurs et d’éditeurs, comme le Père Castor, Syros ou le Seuil. À leurs côtés, elle a toujours choisi d’illustrer ou de concevoir des ouvrages prônant les valeurs de tolérance et d’ouverture à l’autre, avant de s’engager fermement en faveur des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Drôle d’oiseau (1993), publié chez Syros, qui raconte l’action d’Amnesty International aux enfants, est un des jalons de cet engagement sur plus d’un demi-siècle.
Les années 1970 sont marquées, chez May Angeli, par la découverte de la Tunisie, pays avec lequel elle tisse des liens très forts, et qui devient omniprésente dans son œuvre. Elle est éblouie de l’accueil qu’elle reçoit et de la simplicité des rencontres. Le contexte politique des régimes de Bourguiba et de Ben Ali lui inspire ses premiers albums en tant qu’autrice. Elle se plonge dans l’histoire et la vie quotidienne de ce pays de cœur, qui irrigue son œuvre, de ses carnets de croquis à ses albums et ses livres d’artiste, comme Une histoire de barbe (1998), Dis-moi (1999) ou Voisins de palmier (2004). C’est également là qu’elle découvre pour la première fois, auprès d’un artiste, la technique de la gravure sur bois.
Illustrer les classiques
May Angeli se forme à la xylogravure au début des années 1980, entre Paris et Urbino. Sa virtuosité dans le rendu des attitudes et la maîtrise des couleurs séduit Régine Lilensten, fondatrice des éditions du Sorbier. Elle lui confie l’illustration des Histoires comme ça de Rudyard Kipling, dont les albums paraissent entre 1992 et 1996. Ce travail impressionnant, par la quantité de planches produites et par la beauté des gravures, a été plusieurs fois réédité.
À partir de là, l’artiste illustre régulièrement des classiques de la littérature jeunesse qu’elle renouvelle de son coup de gouge précis et puissant, comme Les Contes du chat perché (2018), Le Livre de la jungle (2009), ou encore L’invasion de la mer (2003) et Le Rayon vert (2004) de Jules Verne, dont les matrices en bois seront exposées.
Outre l'exposition, une conférence, organisée par le Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ) sera également donnée autour de l’exposition May Angeli par Clarisse Gadala, en présence de l’artiste. Elle sera suivie d’une signature le Vendredi 17 décembre 2021, de 10h à 12h30. Des ateliers d’initiation à la gravure avec May Angeli seront également proposés les dimanche 28 novembre et jeudi 2 décembre.
Crédits : May Angeli, illustration pour Comment le léopard se fit des taches, Rudyard Kipling, Éditions du Sorbier 1992
Par Dépêche
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