PrixdulivredelavilledeLausanne24 – Depuis le 1er janvier et jusqu'au 29 février 2024, les lecteurs décident et votent pour le livre lauréat du Prix du livre de la Ville de Lausanne. Cinq romans sont en sélection, à dévorer à cette adresse. Aujourd'hui, pour mieux découvrir Jean-François Haas, auteur de La Folie du pélican (Bernard Campiche éditions), nous lui avons fait parvenir un questionnaire de Proust.
Quel est votre état d’esprit actuel ?
« Gracias a la vida que me ha dado tanto » (Merci à la vie qui m'a tant donné). Envie non seulement de le dire, mais de le chanter. Et la cantate de Bach « Ich habe genug » : Je suis comblé. Je vais avoir 72 ans dans quelques mois, je suis marié depuis quarante ans, j’ai trois enfants, une petite-fille, je vais publier deux livres cette année, j’ai des projets pour plusieurs années. Comment ne pas être dans la gratitude ? Je ne suis pas pour autant aveugle : je suis un citoyen du monde et aucune de ses souffrances ne m’est étrangère.
Quels sont vos héros dans la fiction ?
Joseph Grand dans La Peste de Camus, K. dans Le Château de Kafka, Sonia dans Crime et Châtiment.
Quel est votre auteur favori en ce moment ?
À égalité : Cormac McCarthy, Le Passager et Louise Erdrich, Celui qui veille. En projet pour ces prochains mois : relire Monique Saint-Hélier.
Quel est le livre qui a eu le plus grand impact sur votre vie ?
La Peste, de Camus. Et pour l’écriture, La Séparation des races de Ramuz et La Route des Flandres de Claude Simon.
Qu’aimez-vous faire pour vous changer les idées ?
Marcher, dans la campagne ou en forêt. C’est vivre toutes sortes de rencontres, du rouge-gorge au castor, du pain de coucou au grand hêtre.
Avez-vous un objet auquel vous tenez plus que tout ?
Non. Pourtant, je me rends compte que j’ai de la peine à me séparer de mes livres. Or, il va bien falloir le faire.
Quelle importance accordez-vous à la fermeture des chapitres de votre vie ?
Cela a parfois été assez douloureux, plus souvent mélancolique. Mais aussi, assez souvent, heureux. En général, lorsque la page est tournée, je me réjouis de commencer un nouveau chapitre. En fait, je crois que chaque chapitre a préparé le suivant. D’où aussi le sentiment de gratitude qui est le mien.
Toutefois, il y a des pages que j’aimerais bien revivre. Et aussi l’une ou l’autre que j’aimerais réécrire autrement.
Quelle est votre œuvre préférée ayant pour thème la famille ?
Ce n’est pas un thème que je recherche particulièrement dans les livres. Quand le thème se présente, je n’aime pas l’œuvre qui idéalise la famille, et je n’aime pas non plus celle qui la dénigre. La première sent le chiqué, la seconde est un règlement de compte.
Pensez-vous que tout est pardonnable entre les membres d'une même famille ?
Je ne sais pas. Dans ce que j’ai vécu, oui. Mais ma réponse est vraiment limitée à mon peu d’expérience. Celle où je suis né n’était ni idéale ni monstrueuse, celle que nous avons fondée, ma femme et moi, me semble tenir plus ou moins la route.
Quel rôle joue le pardon dans vos relations personnelles ?
Je n’ai pas eu souvent à recourir au pardon. Il est important car il permet de voir en autrui plus que le mal qu’il vous a fait. J’ai eu besoin, moi aussi, d’être pardonné.
Quelle est la place du sacrifice personnel dans vos relations familiales ?
Dans une famille, on donne. Je n’aimerais pas y associer la notion de sacrifice. Vivre à plusieurs implique des choix, peut-être ainsi des frustrations, mais on peut vivre avec, on n’est pas dans le langage du sacrifice.
Pensez-vous qu’il est toujours bon de savoir la vérité en famille ?
On s’aperçoit que les non-dits d’une histoire familiale sont destructeurs et que cela peut s’étendre sur plusieurs générations. Cela signifie-t-il que l’on doit vivre dans un déballage permanent ? J’en suis moins convaincu. Certains silences peuvent être nécessaires pour protéger les enfants. En revanche, le mensonge est malsain.
Jean François Haas est un des cinq auteurs et autrices en compétition pour le Prix du livre de la Ville de Lausanne, pour son roman La Folie du pélican :
L'histoire aurait pu donner lieu à un polar, mais là n'est pas le propos. Dans La Folie du pélican, l'écrivain fribourgeois Jean-François Haas dépasse largement le fait divers pour, au fond, signer un roman d'amour. Celui d'un père pour son fils, malgré tout. Au départ, non pas un, mais deux faits divers. Deux drames similaires aux Etats-Unis. D'un côté l'affaire Whitaker en 2003, un jeune homme a commandité le meurtre de ses parents et de son frère.
Le père a survécu et s'est battu pour que son fils échappe à la peine de mort. Dans l'affaire, une fille a été arrêtée après avoir organisé le meurtre de sa famille. Dans le roman, l'histoire se déroule à Fribourg (aisément reconnaissable, mais jamais nommé) et dans les environs. Un soir d'été de 1998, une famille rentre chez elle et se retrouve face à un homme armé. Il tue la mère et le fils aîné, blesse le père (Simon) et le cadet (David). L'enquête révèlera que ce dernier a organisé l'assassinat. Il est condamné à vingt ans de prison.
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Crédits image : Ville de Lausanne
DOSSIER - Prix du livre de la Ville de Lausanne 2024 : 10 ans déjà
Par La rédaction
Contact : contact@actualitte.com
Paru le 01/10/2022
336 pages
Bernard Campiche
36,50 €
Commenter cet article