L’idée ne manquait pas d’astuce : c’était sans compter sur les avocats et la protection du Sacro-Saint Copyright. Une cryptomonnaire baptisée JRR Token, fortement inspirée du Seigneur des anneaux, vient de se faire épingler : en cause, la trop grande proximité avec le nom de l’écrivain britannique JRR Tolkien. Il est des jeux de mots que les ayants droit ne tolèrent pas…
Au départ, un calembour finement trouvé : la proximité sonore entre Token — le jeton qui désigne de fait une cryptomonnaie par métonymie — et Tolkien, que l’on ne présente plus. Or, cette invention sur le thème du Seigneur des anneaux allait plus loin en reprenant le grand slogan du livre : « Un Jeton pour les gouverner tous. » Habile et plutôt amusant, mais clairement pas du goût des ayants droit de Tolkien.
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D’autant que le concepteur du JRR Token s’était appuyé sur l’acteur Billy Boyd, incarnant Pippin dans les films tirés des romans. Ce dernier assurait dans une vidéo que « Saroumane essaie d’unifier la Terre du Milieu sous un régime centralisé, alors que la Communauté souhaite la décentralisation. La cryptomonnaie est un réseau décentralisé. »
Dernièrement, JRR Token a voulu tester le marché et son potentiel en annonçant des plans pour 2022 : un jeu de cartes en ligne fonctionnant à travers les investissements des possesseurs de la cryptomonnaie. Un développement de trop pour les héritiers de Tolkien pour qui la violation de nom, de marque et d’image devenait insupportable.
Ce 10 août, ils déposaient une plainte auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Et le Tolkien Estate a finalement remporté la manche. Malgré les tentatives de l’avocat pour démontrer que la proximité n’était pas un une violation des droits de propriété intellectuelle, et que les différences existaient.
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Il a même tenté le volet parodique pour amadouer les juges, et souligné qu’entre Token et Tolkien, il manquait le I et le L : aucune confusion n’était possible. Hmmm.
L’OMPI ne s’est pas laissé convaincre.
« Le site est clairement une entreprise commerciale, ce qui est intelligent, mais pas humoristique », a rétorqué l’OMPI. Il ne fait aucun doute que la cryptomonnaie profitait de la renommée des travaux de Tolkien, de son univers et des multiples déclinaisons pour surfer et récolter des pièces — fussent-elles numériques.
Matthew Jensen, le concepteur, a donc été contraint de fermer son site, et de s’acquitter des frais judiciaires, non communiqués. Ses différents comptes sociaux ont également disparu de la toile.
« Il s’agissait d’un cas de contrefaçon particulièrement flagrant et les héritiers se réjouissent qu’ait été conclu un accord dans des conditions satisfaisantes », s’est félicité Steven Maier, avocat de la Tolkien Estate.
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