Créé par l’écrivaine canadienne Susan Swan, le Prix Carol Shields, qui reprend le nom de la romancière americano-cannadienne disparue en 2003, a pour objectif d’accroitre la visibilité des auteures dans le champ littéraire. Outre sa spécificité de mettre à l'honneur les femmes écrivains, le prix entend rivaliser avec les autres prix prestigieux qui composent le paysage littéraire, de par la hauteur de sa récompense, d'une somme de plus de 100 000 $.
Le 10/02/2020 à 10:04 par Clara Vincent
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10/02/2020 à 10:04
La création de ce nouveau prix, qui sera décerné chaque année à compter de 2022 à une auteure femme ou non binaire, est à l’initiative de l’écrivaine canadienne Susan Swann. Cette dernière en a eu l’idée après un amer constat, largement partagé dans diverses contrées – comme en France, au Québec ou en Ecosse en 2019 : le milieu littéraire accuse d'un manque de représentativité à l'endroit des femmes écrivains, lesquelles sont moins honorées que leurs confrères masculins.
Bien que cette réalité soit toujours d’actualité, plusieurs améliorations ont cependant pu être observées dans le paysage littéraire aux Etats-Unis. En témoigne par exemple le dernier rapport annuel effectué par l'association féministe à but non lucratif Women in Literary Arts sur l'année 2018.
Avec pour objectif d'étabir un meilleur équilbre entre les sexes dans le milieu littéraire, le rapport étudie l'ensemble des publications journalistiques ayant trait à la littérature. « Nous sommes ravis de dire que pour la première fois depuis le début du VIDA Count, pas un seul des 25 magazines littéraires recensés ne comptait moins de 40 % de femmes écrivains dans leur total de publications. Espérons qu’il s’agit d’un seuil franchi pour ces publications ; nous détesterions voir un retour en arrière », indiquaient les membres de l'association dans leur compte rendu.
Aussi, l'attribution du Booker Prize 2019 à Margaret Atwood et Bernardine Evaristo atteste de cette évolution. Déterminée à s’engager de manière plus concrète en faveur d’une meilleure représentativité des auteures, Susan Swan, avec la collaboration d’une de ses amies travaillant dans l’édition, Janice Zawerbny, a ainsi entrepris de créer le Prix Carol Shields.
L’écrivaine canadienne estime en effet que le prix littéraire a non seulement un impact positif sur les ventes, mais qu'il participe, par là même, à accroitre la visibilité de l’auteure : « Je pense que cela va faire une grande différence dans la vie des femmes écrivains, car cela améliorera leurs revenus et leur position », a-t-elle déclaré au New York Times.
Le prix mettra à l’honneur une auteure de fiction vivant au Canada ou aux Etats-Unis depuis au moins cinq ans, et dont l’ouvrage a été publié en anglais sur les deux territoires, ou ayant été traduit de l’espagnol ou du français. Le jury sera composé de trois écrivains résidant respectivement aux Etats-Unis, au Canada et dans un autre pays.
En outre, la somme attribuée à la lauréate, d'un montant de 150 000 $ Canadien, soit environ 113 000 $, rivalisera avec celles remises par les prix anglophones les plus prestigieux, tels que le Booker Prize (50 000 livres, environ 65 000 $), le Pulitzer Prize for fiction (15 000 $) ou encore le National Book Award (10 000 $).
A noter également que les quatre autres finalistes du Prix Carol Shields se verront récompensées d’une somme de 12 500 $ chacune.
Enfin, le prix comprendra un système de mentorat : la lauréate sera ainsi invitée à choisir une jeune écrivaine à accompagner dans les débuts de sa carrière. « C’est toujours un travail en tant que jeune écrivain d'assurer sa réception à l'égard du public » a souligné Susan Swan, qui estime à ce titre qu'un auteur plus expérimenté a le pouvoir d' « affirmer que ce sur quoi vous travaillez est important. »
Le prix a été financé par un donateur anonyme au cours des trois dernières années, précise le New York Times. Pour gérer la collecte des fonds actuels et de ceux à venir, Susan Swan et Janice Zawerbny ont créé une fondation, à la tête de laquelle ont été nommées des directrices honoraires. Y figurent à ce jour Margaret Atwood, Louise Erdrich, Jane Smiley et Alice Munro.
Le choix de nommer le prix du nom de l’auteure canadienne Carol Shields a été motivé par la double nationalité de cette dernière, mais aussi pour réhabiliter son oeuvre mal considérée par les critiques de l'époque, a signifié Susan Swan au New York Times.
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