« C'est vrai qu'ils sont plaisants, tous ces petits villages, tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités... », Ah qu'il avait raison, Brassens, chantant la ballade des gens qui sont nés quelque part... Et qu'il peut garder le front haut, Stéphane Hessel.
Le 09/01/2011 à 19:09 par Clément Solym
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09/01/2011 à 19:09
À 93 ans, l'ancien résistant est devenu le phénomène national durant la fin de l'année passée : 500.000 exemplaires vendus, retirage pour 250.000 de mieux, puis 200.000 encore... le petit livre Indignez-vous, en librairie pour 3 € s'arrache, se dévore et fait fureur.
Levée de boucliers chez les bien-pensants
Mais, non loin, retranchés, les coups-ables se terrent. Rue89 fait un inventaire à la Prévert, de ces personnalités figées par le livre, et pour qui l'on pratiquerait l'indignation à bon compte avec cette lecture. Plutôt que de se réjouir d'un engouement pour un opuscule qui suscite l'envie de la découverte, ces derniers ont à coeur de piétiner l'oeuvre,de la plus méchante façon qui soit : par le mépris.
Mais rappelons donc à Luc Ferry, qui parle si bien d'un « libelle », qu'il se fourvoie. Le terme désigne bien un pamphlet, mais plus généralement à caractère diffamatoire. La morale, la vraie, peut bien se moquer de la morale, il n'empêche que notre ancien ministre d'une philosophie dispensée au Fou du roi dernièrement, se plante de cible. Tant il est vrai que citer Pascal est toujours bien vu...
Boris Cyrulnik, pourtant à l'origine d'un intelligent appel à l'arrêt de la notation dans les classes primaires, confond gentiment « indignation » et fanatisme, en arguant que « l'indignation est le premier temps de l'engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner ». Raisonnons, d'accord, mais pas avec démagogie, monsieur Cyrulnik...
Et qu'est-ce à dire que de retrouver Pierre Assouline, fustigeant un livre « dégoulinant de bons sentiments, aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées » ? Est-ce bien ce même qui voulait imposer la lecture de De Gaulle dans les classes littéraires de lycée ? Qui faisait rempart, avec le reste de l'avant-garde (Max Gallo, Franz-Olivier Giesbert, Bernard Pivot ou encore Michel Audiard), pour la défense du général homme de lettres ? Vous ne voyez pas le rapport ? Lisez donc son billet et demandez-vous qui fleure bon la fleur d'oranger et les bons sentiments..
Bien plus pertinente, l'approche d'Éric Le Boucher, sur Slate.fr, évoquant un livre qui « est une sorte de salutaire rappel aux valeurs françaises, républicaines et sociales, à l’heure où, justement, on a l’impression que tout cela vole en éclat. Nous voici au fond : ces valeurs et leur érosion ».
Indignez-vous est un bon livre, qui a deux mérites : nous plonger dans une série de constats accablants, affligeants, même et nous les pointer de telle sorte que leur énormité nous devient obscène. Ensuite, il parle simplement, et se fait comprendre de tous.
Son succès est mérité.
Par Clément Solym
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