Fin août, un groupe soutenu notamment par le philosophe Giorgio Agamben a fait diffuser l'Appel des 451 signé par différents membres de la profession du livre dans son ensemble. Certains y avaient vu un combat d'arrière-garde, d'autres un texte mettant en avant de vrais problèmes auxquels les professionnels du livre doivent faire face au quotidien. D'abord diffusé par leurs soins sur internet, le manifeste avait ensuite été publié par Le Monde du 6 septembre sous la forme d'une tribune intitulée « Le Livre face au piège de la marchandisation ».
Le 23/11/2012 à 13:55 par Clément Solym
Publié le :
23/11/2012 à 13:55
Capture d'écran du blog des 451
Ce texte collectif (il n'a pas été écrit par le philosophe italien comme l'ont cru certains) ne mâchait pas ses mots. (voir notre actualitté) Avec un ton grave et sérieux, il était en particulier question de la « dégradation accélérée des manières de lire, produire, partager et vendre des livres. » Le texte mettait également en avant la question de la précarité qui gangrène le secteur ainsi que la concurrence des acteurs d'internet.
« L'industrie du livre vit en grande partie grâce à la précarité qu'acceptent nombre de ses travailleurs, par nécessité, passion ou engagement politique. Pendant que ceux-ci s'efforcent de diffuser des idées ou des images susceptibles de décaler nos points de vue sur le monde, d'autres ont bien compris que le livre est surtout une marchandise avec laquelle il est possible d'engranger des profits conséquents. » En d'autres termes, ce premier texte incriminait une pratique du livre au sens large répondant seulement à des impératifs de rentabilité, considérant le livre comme un objet parmi tant d'autres, ce qui conduirait à une massification peu bénéfique pour la qualité littéraire et la richesse de la pensée.
Face à ce constat, ce groupe annonçait sa volonté de se confronter à ces questions, d'abord en créant un blog, Les 451, tout en prévoyant des journées de travail pour le début de l'année 2013, les 12 et 13 janvier. En attendant cette date, ils ont décidé d'approfondir leur position en publiant un texte considérablement plus long que le premier, un texte qui prend aussi soin de répondre aux critiques.
Contre la technologie, tout contre
Le titre du texte, qui s'intitule La Querelle des Modernes et des Modernes, apparaît déjà comme une réponse à ceux qui voyaient dans Agamben et ses amis des Anciens, ennemis d'internet. Le sous-titre est d'ailleurs on ne peut plus clair sur le but de cette publication : Réponses aux critiques et développement de l'argumentaire de l'Appel des 451 sur les métiers du livre.
L'introduction clarifie la nature collective de ce texte, en éclaircissant un certain nombre de malentendus qui avaient obscurci la réception du premier texte (celui-ci est d'ailleurs reproduit en annexe). Le texte veut en même temps faire le point avant les rencontres de janvier et se veut « un document de travail intermédiaire. » Cette introduction insiste sur le fait que cette réflexion est un travail en cours : « Nous savons surtout que nous ne détenons aucune certitude dogmatique sur les sujets auxquels nous nous confrontons. » Comprendre : lisez-le attentivement avant de vous énerver !
Sinon le cœur de ce « document de travail » se constitue de trois grandes parties : l'objet livre, les mythes numériques et les pistes. On trouve aussi à la fin un joli florilège des critiques prononcées contre le premier texte.
Le texte dans son intégralité est disponible sur le blog des 451.
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
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