Coup de foudre à la Maison des Écrivains et de la littérature. L’actuelle présidente, Cécile Wajsbrot, vient d’annoncer officiellement sa démission. Dans le même temps, le Conseil d’Administration, dans sa grande majorité, est sur le point de quitter l’organisation.
Le 09/03/2017 à 13:21 par Nicolas Gary
Publié le :
09/03/2017 à 13:21
Cécile Wajsbrot
« On ne sait toujours pas ce qui se passe. C’est une véritable omerta », nous assure un auteur membre. Le courrier communiqué aux adhérents, le jour de leur cotisation, est pourtant sans appel. «En juin 2016, j’ai sollicité auprès de vous le renouvellement de mon mandat au Conseil d’administration de la MEL. Au cours du second mandat octroyé par votre vote, je comptais poursuivre le travail entamé », écrit la présidente démissionnaire.
Et d’ajouter : «Ce travail supposait, entre autres, un dialogue renoué avec un certain nombre d’institutions, dont le CNL, principal financeur de la MEL. » Or, au cours des mois qui ont suivi, l’ambition de la présidente «s’est révélée difficile à tenir. Je me suis trouvée plusieurs fois en désaccord avec la directrice, désaccord qui s’est creusé à mesure du temps sur la stratégie à suivre».
Cécile Wajsbrot estime qu’un «conflit ouvert avec une autorité de tutelle qui accorde à la MEL plus de la moitié de ses ressources met la maison en péril ».
En dépit d’un vote du conseil d’administration, dont la directrice n’a pas tenu compte, la présidente assure n’avoir pas eu d’autre alternative que de démissionner «et déclencher, à regret, une crise afin de préserver une relation constructive avec le CNL». De la sorte, elle souhaite garantir la pérennité de l’association, autant que l’intérêt des salariés.
Or, suite à cet épisode, plusieurs membres du CA ont choisi de démissionner, ou décidé d’avancer la date de leur départ.
« Devant la difficulté et l’urgence de la situation, j’ai retardé ma démission de quatre semaines pour la rendre effective au 1er mars de façon à accompagner la demande de subvention auprès du CNL, à assurer la transition et réunir un dernier CA le 28 février», indique l’ancienne présidente.
Pour l’heure, Gisèle Berkman, Marianne Jaeglé et Isabelle Jarry, membres du Bureau, qui ont choisi de quitter le CA de la MEL, resteront jusqu’à la prochaine assemblée générale. Et ce « pour ne pas fragiliser l’association, qui n’aurait pu fonctionner avec un CA en dessous du quorum ».
En l’état, c’est Claude Eveno qui va assurer l’intérim de la présidence, « dans cette situation difficile », souligne Cécile Wajsbrot. Elle avait été élue présidente en juin 2015, succédant au poète Yves Boudier. Sylvie Gouttebaron, directrice de la MEL n’a pas pu être jointe pour apporter des précisions.
« C’est une lourde crise », nous assure un auteur proche du dossier. « La directrice a rendu les discussions impossibles avec nos partenaires, refusant de comprendre que le financement apporté par le Centre est lié à l’Éducation Artistique et Culturelle. Et pas les strictes rencontres avec des auteurs qu’elle souhaite organiser. »
En 2015, le CNL avait apporté un soutien de 678.300 € à l’établissement. Mais le différent ne date en effet pas d’hier : en 2014, une première crise avait explosé lors que le CNL avait annoncé une coupe budgétaire de 5 % pour l’année 2015.
L’établissement public avait alors proposé à la MEL de passer devant la Commission Vie littéraire pour le financement de ses manifestations. Elle avait vu son aide également diminuée, parce que l'ensemble de ses activités ne répondait pas aux critères de l'EAC.
« Nous ne serons pas une agence de recrutement pour des écrivains. Nous ne venons pas de l’ingénierie culturelle, mais de la littérature, pour chercher le sens de ce que peut être la littérature, et nous mettons au service de la littérature et des écrivains », objectait alors Sylvie Gouttebaron, auprès de ActuaLitté.
Le CNL n'a pas souhaité faire de commentaire sur la démission annoncée.
Affaire à suivre.
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