EXCLUSIF - Sollicité dans une lettre diffusée ce 10 janvier par ActuaLitté, Daniel Pennac a répondu favorablement à l’appel du collectif Shéhérazade. Réunissant des auteurs, des lecteurs, des bibliothécaires, ce dernier s’est exprimé contre la SCELF et sa volonté d’imposer une redevance à la lecture publique.
Thesupermat, CC BY SA 4.0
L’auteur de la saga des Malaussène, qui signait en janvier 2017 un grand retour avec Le cas Malaussène après vingt années d’attente, est scandalisé. « À l’époque où l’on a voulu instituer le prêt payant dans les bibliothèques, j’y m’y suis opposé : nous étions trois à l’époque, avec l’éditeur Jean-Marie Laclavetine et Michel Onfray. »
Ce mouvement de protestation avait d’ailleurs été suivi d’un ouvrage collectif, paru chez mille et une nuits, qui réunissait Baptiste Marrey, François Bon et les trois hommes. Les cinq auteurs manifestaient ouvertement, dans ce qui fut présenté comme le petit livre rouge des bibliothécaires, leur opposition à un droit de prêt payant.
C’était en 1999, et voici que 17 ans plus tard, la Société Civile des Éditeurs de Langue Française, qui se charge des droits de représentation, remet sur la table cette rengaine. « J’ai toujours été pour la gratuité absolue du livre en bibliothèque », souligne Daniel Pennac à ActuaLitté. « Parce que le prix du livre est déjà payé, que c’est par les impôts locaux et l’inscription des usagers. »
Alors, « à plus forte raison, si l’on veut faire payer les lectures à voix haute maintenant, oui, je m’engage », ajoute-t-il. L’ouvrage cosigné par les cinq auteurs, Prêter (un livre) n’est pas voler (son auteur), dénonçait déjà cette approche : réclamer l’instauration d’un système de prêt payant, n’était-ce pas alors « entrer dans une logique contre la lecture » ?
Aujourd’hui, le romancier est remonté : « Il y en a marre de tondre le tondu : cette idée de redevance sur les lectures publiques ne tient compte ni de la réalité des besoins ni de l’organisation. Quand des gosses viennent dans une bibliothèque, c’est tout naturellement, parce qu’ils sont là, qu’on va leur lire des textes, leur faire découvrir. »
Que les bibliothèques doivent « signaler à l’avance qu’elles vont faire faire une lecture, tout cela n’est pas sérieux. Les gamins en banlieue, on a besoin de les accueillir avec des livres : je suis absolument opposé à cette idée ». Alors, imposer une redevance sur la lecture publique, « c’est non. Et oui, je signe cette pétition. », affirme Daniel Pennac.
N’oublions pas les droits imprescriptibles du lecteur, établis par Daniel Pennac dans le livre Comme un roman, et qui aujourd’hui ont force de loi. Et plus spécifiquement encore, le 9e : « Le droit de lire à haute voix. » À cette heure, plus de 16.000 personnes ont signé la pétition mise en ligne par Shéhérazade.
Elle rappelle : « La lecture à haute voix de livres, en totalité ou sous forme d‘extraits, est considérée comme une “représentation”, et tombe de facto sous le coup du “droit de représentation”. » Un barème de 30 € est ainsi imposé, même sans billeterie, pour toute activité de lecture : les “heures du conte”, les associations de lecteurs bénévoles, ou les auteurs lisant leurs propres textes.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
2 Commentaires
Hélène
18/01/2018 à 09:38
Priver des enfants de lectures, de rêves, d’évasion, c’est inadmissible !!!!
Merci à la bibliothèque de Villeurbanne pour ses mardis bouquins câlin !!! Ma fille adore !!! Nous résisterons !!!!
Chloeboris
20/01/2018 à 12:57
:lol:notre espace de liberté la lecture