Le macronisme sort d’une crise pour plonger dans une autre, comme si les graines plantées étaient désormais en mesure de donner leur pleine mesure. Après Notre-Dame-des-Landes, après les universités, ce sont les casseurs de la manifestation du 1er mai qui sont au cœur des critiques. Parce qu’à un moment, le peuple réclame la justice qui fait défaut...
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Le livre de Laurent Chalumeau, VNR, a marqué les esprits. Ce monologue de fureur et de revanche met en scène un homme qui a tout perdu. Il ne crie pas vengeance : il a décidé de l’appliquer par lui-même. Quand la justice a trahi, il ne reste que ses propres moyens. Et là, tout devient possible.
Dans ce roman, «la spirale de l’autodestruction passe par un grand nettoyage de printemps », écrivions-nous. Pourquoi ? Le narrateur va kidnapper trois personnes, plus ou moins responsables de son divorce et de son chômage. Et tout particulièrement un politique, qui avait juré qu’il sauverait les emplois... et une fois l’entreprise délocalisée, avait disparu.
Voici un passage du livre, qu’il serait bon d’inculquer dans les grandes écoles formant les technocrates : non plus pour leur apprendre à manipuler des chiffres, mais pour acquérir les notions essentielles du courage politique. Voici l'extrait :
Mais t’aurais pu les empêcher. Si. Je regrette, t’aurais pu. Parce que t’étais l’État. Viens pas me raconter de conneries. Au lieu que ce soit l’État qui chie dans son froc devant les grands thunés, les fonds de pension, les banques, les multinationales, ça devrait être l’inverse. Vous avez un pouvoir, vous vous en servez pas, trop obsédés à vous faire bien voir par vos maîtres.
Mais mon pote, t’es l’État français, tu fais un bras de fer avec tous ces enculés, qu’est-ce qui te fait dire que tu vas perdre ? Si tu leur dis, voilà, on est la sixième puissance mondiale, on représente tant de business pour toi, tes clients ils sont là, les savoir-faire ils sont là, donc maintenant, tu vas arrêter, tu vas payer tes impôts en France, là où tu fais ton beurre. Tu vas employer des Français. Tu vas les payer correctement.
Sinon, si tu pars en mode chantage, je délocalise, je mets mon siège en Irlande et tout, ben d’accord, vas -y, mais nous, on s’appelle la République Française et on va te mettre la misère, on va te mettre à genoux et tu vas ramper comme une merde, que tu t’appelles Arnault, Pinault, Amazon ou Google, on va te niquer tes morts, parce qu’on va mettre tous les services de l’État à expliquer que t’es qu’une pute, un traître, un profiteur, on va te salir ton nom, on va crever les pneus de ta mobylette, enculé, on va rayer la portière de ta Rolls.
On va te pisser dans la soupe à l’échelle d’une nation. Tu veux jouer au con, gros pourri ? On est l’État français. On va te briser. Donc non. L’usine, là, t’y touches pas. Et tu sais quoi ? Même mieux : les ouvriers, non seulement tu vas pas les licencier. Mais tu vas les augmenter.
Voilà comment il fallait leur parler, aux actionnaires teutons, espèce de petite merde. Voilà pourquoi on t’avait élu. Voilà pourquoi on t’avait donné du pouvoir.
Éclairant, non ?
Laurent Chalumeau – VNR – Editions Grasset – 9782246817598 – 17,50 € | Ebook 9782246817604 – 12,99 €
2 Commentaires
Philippe
03/05/2018 à 16:12
1 c'est mal écrit. 2. c'est de la caricature de gros aigri de gauche, pas de la colère populaire. 3. Je ne savais pas Actuallité site de prises de positions politiques
John
15/05/2018 à 15:56
1 C'est du langage parlé très bien rendu. 2 Le personnage de Chalumeau (c'est un personnage, hein, pas lui) exprime une opinion largement répandue et pas seulement à gauche, voire, surtout à droite. 3 Si vouloir défendre les intérêts de son pays face aux GAFA c'est être gauchiste aigri, alors continuez de baisser votre froc droitier.