Plus tôt dans l’année, certains députés s’inquiétaient de l’accès insuffisant, et donc discriminant, des élèves aveugles aux livres et aux manuels scolaires. Autre point d’inquiétude, soulevé cette semaine par Alexis Corbière, député de la France Insoumise : la marginalisation de l’enseignement en langue des signes française (LSF) à l'école de la République, provoquant également une mise à l’écart des élèves sourds.
Dans une question au ministère de l'Éducation nationale, incarné par Jean-Michel Blanquer, Alexis Corbière, député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, fait remarquer que l’unique classe bilingue français/LSF de son département – située à Bobigny – sera fermée à l’issue de l’année scolaire 2017/2018. Celle-ci enseigne et permet à l'enfant sourd de communiquer à la fois en signant et en français écrit.
Il « s’alarme particulièrement d'une orientation de plus en plus prescriptive des enfants sourds vers des écoles dispensant un enseignement en langage parlé complété (LPC). » Cette dernière complète l’information fournie par la lecture sur les lèvres et consiste à accompagner la parole avec de petits mouvements de la main, près du visage. Alexis Corbière ajoute : « Cela va de pair avec marginalisation de l'enseignement en langue des signes française (LSF). »
Ainsi, réduire les « possibilités pédagogiques » des élèves sourds, en supprimant l’usage de l’une des langues, empêche ceux-ci de faire un « vrai choix entre la communication en langue française (lecture labiale, oralisme avec ou sans LPC, langue française écrite et orale) et la communication bilingue (langue des signes française et français écrit) »
Le député la France insoumise rappelle surtout l’importance de la LSF. C’est « le seul mode linguistique qui offre aux enfants sourds un développement cognitif et psychologique équivalent à celui d'en enfant entendant lors de l'apprentissage d'une langue orale. » De fait, sans elle, difficile pour des enfants sourds de s’intégrer et de s’épanouir, aussi bien dans l’environnement scolaire que familial.
Voyant plus loin, Alexis Corbière parle de la LSF, nécessaire à ceux-ci pour leur assurer « les conditions optimales de leur intégration sociale et professionnelle ».
L’autre option des parents d’enfants sourds ? L’enseignement privé, souligne le député, demandant au ministre de l’Éducation nationale, en conclusion, d’exprimer « ses ambitions concernant cet enjeu d'éducation primordial qu'est l'accès des enfants sourds à une pleine citoyenneté via l'école. »
Selon Surdi Info, le Centre national d’information sur la surdité (placé sous l’égide des Affaires Sociales et de la Santé), les classes bilingues français/LSF ont vu le jour dans les années 80 grâce à l’engagement de parents et de professionnels.
Le site d’information de l’Association Nationale de Parents d’Enfants Sourds (ANPES) a recensé les classes en LSF pour la rentrée 2019. Situées à Paris et en région parisienne, Rennes, Poitiers, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Bayonne et Marseille, elles sont peu nombreuses et ne recouvrent pas toujours toute la scolarité (depuis la maternelle jusqu’à la terminale).
L'association rappelle que, selon la loi, pour l’éducation des jeunes sourds, « la liberté de choix entre une communication bilingue - langue des signes et français - et une communication orale est de droit. »
Par Laure Besnier
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1 Commentaire
jean gava
05/05/2018 à 06:49
Oh ces "pauvres" élèves sourds, auxquels on n'apprendra plus toutes les vacheries d'une certaine politique internationale!
jean gava