Lors d'une soirée placée sous le signe du croisement des regards et des cultures, Annie Lulu s'est vue décerner le Prix du Roman d'Écologie 2023 pour Peine des Faunes, son deuxième roman (éditions Julliard). Un roman qui aborde des thèmes tels que l'identité, l'héritage familial, l'obsession et la création artistique, tout en mêlant des éléments de réalisme magique et de mythologie.
Lola est une jeune femme en quête de réponses sur son passé et sa famille. Elle se rend dans une petite ville côtière française pour enquêter sur l'histoire de sa mère décédée, qui a vécu dans cette ville pendant la Seconde Guerre mondiale.
Faunus est un écrivain vieillissant qui vit dans cette même ville et qui est obsédé par les faunes, des créatures mythiques qui ont été représentées dans l'art depuis l'Antiquité. Faunus a l'impression que les faunes le poursuivent et le hantent, et il commence à entrevoir des liens étranges entre leur mythologie et l'histoire de la ville.
Au fil du récit, les destins de Lola et de Faunus se croisent et se mêlent, et ils se retrouvent tous les deux confrontés à des secrets et des révélations sur leur passé et leur identité. Un roman riche en émotions et en atmosphère, qui offre une réflexion profonde sur la complexité de l'identité et de l'héritage familial, tout en explorant les liens entre la mythologie et la réalité.
Née en 1987 en Roumanie, d'origine congolaise, la romancière et poétesse partage sa joie et sa surprise :
« C’est avec surprise et joie que j’ai accueilli la nouvelle de ce remarquable prix et je me réjouis que ce travail ait pu toucher les membres du jury.
En effet, Peine des Faunes est une tentative de tisser ensemble sur un même métier narratif des thématiques apparemment distinctes, l’urgence écologique dans laquelle nous nous trouvons et l’urgence de la condition féminine face au fléau du féminicide.
Mes personnages, par la voie de générations de femmes et d’hommes d’une même famille, des années 80 à un futur proche, une sorte de présent continu, font le lien contre-intuitif entre la situation des corps des femmes et celle du corps des animaux, qui doivent tous faire face à une racine commune de la violence, selon mes héroïnes Rébecca ou Omra.
Ce texte, loin des écofictions régulièrement louées pour leur approche consensuelle et non moralisatrices, avec l’idée absurde qu’il ne faudrait pas « culpabiliser les lecteurs », propose au contraire une ligne éthique radicalement subjective à ses personnages, inspirée des luttes environnementales des peuples autochtones, qui abolissent la distinction entre les humains et les autres animaux dans les réflexions tirées de leurs expériences de meurtrissure.
Peine des Faunes se donne aussi la liberté de frôler plusieurs genres littéraires, comme le roman d’anticipation, sans pourtant y adhérer entièrement. Cet espace à la limite entre les mondes culturels et thématiques est ce que j’essaie de construire de façon plus générale dans mon travail, par l’Écriture du Tissage. »
- Annie Lulu
Lucile Schmid, présidente et fondatrice du Prix, commente : « Voici donc un vrai roman écoféministe. L’odyssée de cinq générations de femmes "à l’éclat volcanique" y court de la Tanzanie à Paris, Londres et l’Ecosse.
Le patriarcat, ses violences et ses meurtres, y résonne avec la description des menaces sur la nature d’un oléoduc-serpent noir ou la souffrance du faon impala orphelin d'une mère impitoyablement chassée. La luxuriance des paysages d’Afrique de l’Est s’entrelace à un récit d’anticipation où les protecteurs des animaux luttent contre les fauneurs carnivores. Peine des Faunes est un grand récit des combats pour le monde écologique qui vient. »
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« Le roman d'Annie Lulu s'étend sur deux continents, cinq générations, et traite de toutes les problématiques entrelacées qui constituent cette pensée complexe qu'est l'écoféminisme. S'il est des romans d'écologie, en voici un, dans tout son foisonnement », ajoute Alexis Jenni, Président du Jury.
Elle succède à Antoine Desjardins qui reçut la récompense pour Indice des feux (La Peuplade) en 2022.
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Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
Paru le 25/08/2022
311 pages
Julliard
21,00 €
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