La première place de la 59e édition du Prix Campiello revient à Giulia Caminito avec L’acqua del lago non è mai dolce, publié par Bompiani. Paolo Malaguti est arrivé deuxième. La finale a eu lieu à l’Arsenale de Venise. Créé en 1962 par les industriels de Vénétie, le prix est promu et géré par la Fondazione Il Campiello, composée des associations d’industriels de Vénétie et de leur fédération régionale.
Le 13/09/2021 à 13:57 par Federica Malinverno
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Giulia Caminito, née à Rome en 1988, l’a emporté avec 99 voix. Voici ses premières déclarations : « Merci à tous ceux qui ont travaillé avec moi, à ma famille, à mes lecteurs. Je dédie ce prix aux femmes et à leur capacité à lire et à écrire partout dans le monde. »
Les votes d’un jury de trois cents lecteurs anonymes ont décidé du résultat. Voici le classement final : Paolo Malaguti avec Se l’acqua ride (Einaudi, 80 voix), Paolo Nori avec Sanguina ancora. L’incredibile vita di Fëdor M. Dostoevskij (Mondadori, 37), Carmen Pellegrino avec La felicità degli altri (La nave di Teseo, 36) et Andrea Bajani avec Il libro delle case (Feltrinelli, 18 voix).
Le 5 septembre, Giulia Caminito a exprimé à l’agence de presse Ansa sa surprise envers sa victoire : « Le mécanisme du Campiello est très imprévisible, les membres du jury populaire changent chaque année. Il n’était pas facile de comprendre comment cela allait se passer car il n’y a pas d’indices. Au Premio Strega, il est plus facile de deviner parce que vous connaissez déjà la direction dès le premier vote, les électeurs sont les mêmes. » En effet, l’écrivaine était déjà l’une des cinq finalistes pour le Premio Strega 2021.
CHRONIQUE: Giulia Caminito : des femmes dans une société en ébullition
Avant d’écrire L’acqua del lago non è mai dolce, Giulia Caminito avait publié deux romans historiques et sociaux, par ailleurs déjà salués par la critique (La grande A, Giunti, 2016 et Un giorno verrà, Bompiani, 2019, le premier à avoir été traduit en France, par Laura Brignon aux éditions Gallmeister, en mars 2021, avec le titre Un jour viendra). Mais elle choisit ensuite de changer de genre, de s’essayer au roman à la première personne, comme le rapporte toujours Ansa : « Je voudrais me réinventer à chaque fois et écrire ce que je veux à ce moment-là », voilà ses intentions.
Le livre raconte l’histoire de Gaia, enfant puis adolescente dans le vide des années 2000, qui ne parvient pas à trouver sa place dans le monde. C’est une histoire de souffrance et de difficultés familiales (la mère de Gaia est pauvre, a quatre enfants et un mari infirme) qui se déroule dans différentes villes du lac de Bracciano (au nord de Rome).
Comme le dit l’auteure toujours à Ansa, elle a capté pour la première fois un public jeune : « des lecteurs à partir de 35 ans, qui d’une certaine manière se sont reconnus dans ce roman, dans cette sorte d’adolescence et de frustration ». En effet, certains des thèmes abordés sont très actuels et reflètent la vie de nombreux jeunes italiens, une vie précaire faite d’études, d’attentes, de choix risqués et, peut-être, d’occasions manquées, parfois impossibles à saisir car inexistantes.
Comme l’explique encore Giulia Caminito, « peut-être que les personnes de mon âge en particulier se sont senties affectées par les impasses qu’elles ont rencontrées ces dernières années, après avoir terminé leurs études ». En effet, elle aussi a étudié la philosophie politique : « Cette terrible frustration de tant d’années consacrées à une éducation philosophique, à une étude du monde, que l’on ne voit ensuite jamais se réaliser sur le plan concret. Le fait de ne pas me sentir représentée est quelque chose qui me met très en colère ». Une colère qui s’adresse donc aussi à la politique, qui devrait au contraire représenter les individus et les inviter à la participation.
On parle également de la possibilité d’une adaptation cinématographique de son roman. L’auteure espère qu’une mini-série pourra être réalisée, « parce qu’elle parviendrait en quelque sorte à couvrir des arcs narratifs plus larges », par rapport à une adaptation plus brève et concentré (comme un film).
Au cours de la cérémonie, les lauréats des autres prix décernés par la Fondation Campiello ont également été récompensés : le lauréat du Campiello Giovani, Alice Scalas Bianco, 18 ans, de Vigevano (Pavie), pour la nouvelle Ritratto di Parigi, Le prix du premier roman, attribué à Daniela Gambaro pour Dieci storie quasi vere (Nutrimenti) et le Premio Fondazione Il Campiello, le prix de la carrière attribué cette année à Daniele Del Giudice, décédé la semaine dernière.
Depuis cette année, il y a la nouveauté du Prix Campiello Junior, un prix littéraire destiné aux auteurs d’œuvres italiennes de fiction et de poésie écrites pour les enfants entre 10 et 14 ans. Le prix, né de la collaboration entre Pirelli et la fondation Campiello, « vise à promouvoir la lecture auprès des jeunes générations, dans la conviction que la lecture et les récits sont des éléments fondamentaux pour la formation et l’éducation culturelle et civile ».
Paru le 04/03/2021
284 pages
Editions Gallmeister
22,60 €
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