A la naissance de la francophonie
Le 13/02/2008 à 18:40 par Clément Solym
Publié le :
13/02/2008 à 18:40
Paul Gérin-Lajoie est l’un des pères de la Francophonie. Tout premier ministre de l’Éducation du Québec, il fut l’un des instigateurs d’une doctrine qui a mené à l’émancipation internationale de la province. Après avoir marqué la Révolution tranquille, il se dévoue depuis 30 ans à l’aide au développement, à travers la fondation qui porte son nom.
Pour une existence internationale du Québec
Maintenant âgé de 88 ans, l’homme revient sur quarante ans d’histoire. Cela commença avec la décision du gouvernement du Québec d’envoyer un représentant à la Conférence des ministres de l’Éducation au Gabon sans en informer Ottawa. Ainsi, le Québec renouait avec une existence politique au niveau international.
A ses origines, au XIX° siècle, cette existence avait surtout des ambitions commerciales. La Révolution tranquille dans les années 60, a apporté un volé culturel à cette visibilité. La participation du Québec, en tant que gouvernement à part entière, au premier Sommet de la Francophonie en 1986 fut aussi un autre jalon fort de cette affirmation.
L’ouverture de Délégations québécoises dans différents pays
Paul Gérin-Lajoie ne nie pas avoir aussi porté les espoirs des courants souverainistes en parlant publiquement d’ « État québécois ». Mais les actions internationales correspondaient tout simplement aux intérêts de tous les Québécois.
La mise en place de Délégations du Québec à New-York en 1961, à Londres en 1962 aura été bien plus difficile que l’ouverture d’un bureau à Paris. C’était presque une ambassade à Paris, où Charles de Gaulle supervisait tout. Maintenant le Quai d’Orsay garde cet esprit, mais qu’en sera-t-il sous la présidence Sarkozy ? La question reste ouverte.
L’expansion internationale du Québec tente de continuer. Ainsi, en 2006, le Québec a obtenu un représentant à l’UNESCO. Toutefois, les statuts actuels de l’organisation ne permettent pas encore aux Québécois d’avoir un siège propre.
L’accès de tous aux savoirs
Revenant sur ses rêves d’éducation sans obstacle financier, il reconnaît toutes les évolutions positives apparues en la matière au Québec : aides pour les plus pauvres et offres de bourses. Toutefois, la gratuité n’est pas inscrite dans les mentalités comme en France.
Avec l’appui de sa fondation, Paul Gérin-Lajoie lutte depuis 1977 pour favoriser l’éducation dans les pays en voie de développement. Mais, face à la fuite des cerveaux vers les pays riches, les pays pauvres ont beaucoup de difficultés à lutter d’égal à égal.
L’argent, nerf de la guerre en la matière, pousse toujours les étudiants étrangers à rester, même après la mise en place de bourses engageant les bénéficiaires à revenir dans leur pays d’origine.
L’avenir de la francophonie et du Québec
Inquiet quant à l’existence internationale de la langue française, Paul Gérin-Lajoie se montre plus rassurant sur le point du Québec. Dans cette région, le français ne fait pas que se maintenir, il prend aussi de l’ampleur. Mais il faut toujours être sur le qui-vive. A l’international, l’anglais s’impose dans les réunions, où même les pays francophones se mettent à parler anglais…
Sur l’avenir du Québec, Paul Gérin-Lajoie préconise la pérennisation des idées de la Révolution tranquille avec comme socle, la collaboration internationale. Dans le manifeste qu’il a lancé en avril 2007, il met en regard « les dépenses militaires folles » avec l’aide à l’éducation qui pourrait être fournie avec cette manne financière. D’autres sources de financement serait tout à fait possible sans grand préjudice sur la société.
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