De l'impact de la connotation des mots sur la perception du temps qui passe. Les éditions Mardaga publient, Pense-t-on vraiment au sexe toutes les 7 secondes ? et en partenariat avec ActuaLitté, proposent d'en découvrir quelques extraits. Toutes les questions sur le sexe que l'on se pose, sans jamais avoir cru qu'il existait de vraies réponses.
Le 02/06/2017 à 09:05 par La rédaction
Publié le :
02/06/2017 à 09:05
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Il n’est pas rare que notre horloge interne soit en désaccord avec notre horloge murale. En effet, notre perception du temps n’est pas objective : elle est influencée par notre état d’esprit. Pensez à un film qui vous a vraiment plu : vous n’avez pas vu le temps passer. Par contre, face à un navet de la pire espèce, 1 h 30 vous a paru une éternité.
C’est la même chose quand nous lisons : quand l’histoire nous transporte, le temps semble filer à toute allure. Mais cela pourrait-il dépendre de la nature des mots ? C’est ce qu’a voulu déterminer une étude anglaise. Elle s’est concentrée sur les mots sexuels et tabous et a tenté de déterminer si, à leur lecture, notre horloge interne tournait fou.
Pour ce faire, le chercheur instigateur de l’étude a rassemblé 40 étudiants, dont 5 étaient des hommes. Installés devant un ordinateur, les participants ont d’abord réalisé une série d’exercices destinés à les entraîner à déterminer si un stimulus était court ou long : ils devaient appuyer sur les touches M ou Z de leur clavier selon qu’une chaîne de caractères sans signification paraissait plus ou moins longtemps sur leur écran.
Les caractères ont ensuite été remplacés par des mots du lexique sexuel divisés en 6 catégories selon la nature de leur connotation émotionnelle : très négative, négative, neutre, positive, très positive et taboue. Ils devaient ensuite juger si le mot était resté plus ou moins longtemps en se référant aux durées qu’ils avaient expérimentées durant leur entraînement.
Ce sont les mots tabous qui nous feraient le plus perdre la notion du temps : les participants avaient une tendance nette à sous-estimer la durée pendant laquelle leur était présenté un mot salace. Selon le chercheur responsable de l’étude, à la lecture d’un mot de cette catégorie, l’attention des participants est détournée de la dimension temporelle, qui est pourtant le sujet de l’exercice, pour se focaliser sur le contenu émotionnel qu’évoque le mot en question.
Du coup, le temps lui semble moins long. C’est un peu comme si les aiguilles de son horloge interne s’arrêtaient le temps de ce détour attentionnel, pour se remettre en route ensuite, avec quelques millisecondes de retard par rapport au temps objectif. Même s’il est plus modéré, l’effet est le même avec les mots des autres catégories, et, plus la connotation du mot est forte, positivement ou négativement, plus il se fait sentir.
Quand nous lisons, notre perception du temps qui passe serait donc tributaire de l’effet que les mots ont sur nous : plus ils attirent notre attention, plus le temps le rapidement. Concentrés sur les émotions que notre lecture provoquerait en nous, notre esprit en oublierait de compter les secondes.
Surtout si ce que nous avons dans les mains est un bouquin érotique : les mots tabous seraient ceux qui nous feraient le plus oublier le tic-tac de l’horloge. Vous savez ce qu’il vous reste à faire quand vous avez du temps à tuer...
Source : Tipples, J. (2010). Time ies when we read taboo words. Psychonomic Bulletin and Review, 17(4), 563-568.
Retrouver le dossier Le sexe dans tous ses états.
Ce texte est extrait du livre Pense-t-on vraiment au sexe toutes les 7 secondes ? par Alexandra Hubin et Charlotte Creplet - 978280470396 -Editions Mardaga - 14,90 €
Par La rédaction
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