Huit d'un coup. La Société des Gens De Lettres (SGDL) a décerné ce jeudi 9 novembre huit prix littéraires dans sa série des « Révélation ». Les prix seront décernés aux auteurs mardi 5 décembre à 19h30. Ces prix portent une attention particulière à la jeune création.
Le 09/11/2017 à 16:43 par Antoine Oury
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09/11/2017 à 16:43
Olivier Rogez, L’Ivresse du sergent Dida, Le Passage
Le vin de palme du pouvoir peut se révéler aussi puissant qu’amer. Le sergent Dida que rien ne prédestinait à occuper de hautes fonctions l’apprendra presque malgré lui. Un premier roman qui décortique avec talent et brio une ascension politique hors norme.
Marie Sellier
Chadia Chaïbi- Loueslati, Famille nombreuse, Marabout
Dans ce réjouissant roman graphique où texte et dessin semblent former une fratrie inséparable, Chadia Chaibi-Louestali se souvient de ses parents, immigrés tunisiens, et de son enfance en région parisienne. Pour elle, la famille est un pays en soi. Le plus facile c’est d’y naître, après tout se complique. Enfin, tout se discute, ce qui est à peu près la même chose.
Gérald Aubert
Rapatriés, Néhémy Pierre-Dahomey, Le Seuil
Situé dans une Haïti des dépossédés, aussi réaliste que théâtrale, "Rapatriés" est le somptueux roman de l'entremêlement : des trajectoires et des destinées, des douleurs et des joies, des corps et de l'invisible, des lieux et des êtres, même séparés par les mers. Des morts et des vivants, aussi. Pas une page sans souffle et sans invention, sans virtuosité fluide aussi et tranquille, refusant l'acrobatie, poussée là par la nécessité poétique et peut-être une colère. Apparition d'un écrivain.
Carole Zalberg
Le courage qu’il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, Albin Michel
Il y a dans cet étonnant premier roman un mouvement qui empoigne sans pourtant céder à la facilité. Tout est là : l'énergie, l'âpreté, la douceur et la poésie. Mélange organique, qui forme le terreau d'une vie puissante. L'ébranlement des êtres est au cœur du récit, les secousses qui les agitent au plus profond dans l'éternel inconfort de l'existence, de cet inconfort qui force à vivre et interdit les positions de repli.
Corinna Gepner
Sangliers, Aurélien Delsaux, Albin Michel
Et si les hommes, ballottés par la violence et leurs instincts primitifs, retournaient à la bête ? S’ils déboulaient comme une harde de sangliers pour nous poser la question fondamentale, l’existence du mal, avant d’être emportés par un fleuve de sang issu du fond des âges ? Les récits, mythes, légendes, fictions ou délires, sont comme le masque signifiant de ce roman ancré dans un monde réel, ou du moins vraisemblable dont la brutalité sauvage est transcendée par la langue de l’auteur. Une langue ample, inspirée, qui réconcilie, dans un même souffle, tous les niveaux de langages et tous les mots de la création.
Jean Claude Bologne
Nicolas Vargas, EMOVERE, La Boucherie littéraire
Emovere : c'est un ballet que Vargas dit avec un corps, celui d'une danseuse. C'est aussi un livre où il est question de lâcher les lignes que nous suivons, page après page. Est-il possible de faire respirer le langage, de trouver au fond des mots l'émotion qui nous mettra en mouvement ? Le texte traque ce moment, qui vient quand il veut, parfois, jamais…
Mathias Lair
Laurence Foulon, Ma découverte de l’Amérique (Traduit du russe) de Vladimir Maïakovski, les éditions du Sonneur
Il aurait été fort dommage que ces articles écrits en 1925 mais qui font écho à notre monde moderne tombent dans l’oubli. La traductrice a su donner de cette vision intuitive et futuriste de l’Amérique, admirative parfois mais toujours marquée d’une pointe d’ironie et de sarcasmes, un récit fluide et passionnant dans une belle et astucieuse traduction.
Evelyne Châtelain
Jean-François Haas, Le testament d’Adam, Le Seuil
Avec cinq romans derrière lui, Jean-François Haas s’est lancé dans la nouvelle pour exploiter un thème qui lui semble cher sur ce qui englue, ce qu’on obtient, ce « quelque chose » creusant l’éloignement du bonheur qu’on venait d’atteindre.Les sept nouvelles de ce recueil fouillent les fossés qui s’ouvrent, aux yeux de l’auteur, entre la réussite et l’indice subtil de la différence qui s’installe entre le gagnant et son entourage. Tout est dans l’écriture et sa précision.
Christiane Baroche
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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