Dans les salons du Centre National du Livre, Gaëlle Nohant a reçu ce soir des mains de Delphine de Vigan le Prix des Libraires 2018, pour le splendide Légende d'un dormeur éveillé, paru en août dernier aux éditions Héloïse d'Ormesson.
Le 16/05/2018 à 21:48 par Christine Barros
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Publié le :
16/05/2018 à 21:48
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Nous vous en parlions dès l'été dernier, le texte de Gaëlle Nohant nous avait d'emblée emporté dans son tourbillon. Le Paris d'entre deux guerres, un poète solaire...
Légende d'un dormeur éveillé est le portrait pleinement incarné de l’homme que l’on ne connait souvent que pour ses poèmes de l’enfance. Retrouver Desnos, contemporain et ami d’Aragon, de Prévert, d’Artaud et de tout le surréalisme vire à la magie. Et alors que l’on sait comment Robert Desnos est mort du typhus en juin 45, dans le camp de Theresienstadt, l'on se surprendrait presque à espérer. Le texte est si bien porté qu’on voudrait qu’il ne meure pas : cela peut finir autrement, le roman est trop beau… Loin de l’exercice universitaire de la biographie, elle livre un texte qui raconte son rapport personnel, intime depuis des années, au poète. "Je me suis sentie investie d'une mission, celle de le porter" nous confiera-t-elle ce soir.
@GaelleNohant#PrixdesLibraires 2018, pour le splendide #Legendedundormeureveille chez @EditionsHO !!!!!!!#TeamGaelleNohant#roman#Desnos#CoupDeCoeur@LeCNL#lovemyjob@ActuaLittepic.twitter.com/2LKA5pNU2z
— TitiLibraire (@TitiLibraire) 16 mai 2018
Nous reproduisons ici, en exclusivité, l'intégralité de son discours, vibrante lettre d'amour aux libraires, signée d'une auteure engagée, pour la cause des libraires contre un géant trop connu, signataire par ailleurs de la petition #auteursencolere.
« Bon alors, je vais essayer de ne pas trop chercher mes mots, parce que je suis une ancienne timide et que ce soir je suis particulièrement émue.
Chers libraires, c'est un cadeau immense que vous me faites, un prix qui n'a pas de prix, et pour ce roman qui restera l'une des plus belles aventures littéraires et humaines de ma vie. Je voudrais vous remercier toutes et tous du fond du cœur d'avoir défendu, soutenu, porté, ce roman, dans vos librairies et jusqu'ici, ce soir.
Plus je vous fréquente, et plus je réalise ce que nous avons en commun : nous ne faisons pas notre métier à des fins d'enrichissement matériel. Notre survie est toujours précaire. Ce qui nous anime tient à la fois de la vocation, de la passion et d'une forme de foi. Nous savons qu'il faut beaucoup de travail et de patience pour qu'il advienne un moment de grâce, mais lorsqu'il arrive, nous savons l'accueillir, le recueillir, le partager. Et ce qui nous importe , en définitive, c'est de créer des liens entre les gens grâce aux livres, grâce aux histoires.
Créer des liens, relier les hommes, c'était une chose qui tenait particulièrement à cœur à Robert Desnos, et il s'y est employé jusqu'à son dernier souffle. Depuis le mois d'août, vous m'avez accueillie partout en France, chez vous, dans vos librairies, dont chacune vous ressemble, vous raconte, avec une personnalité, une atmosphère bien à elle.
Chacune de ces rencontres a été singulière et précieuse. Nous avons essuyé des pluies torrentielles, des tempêtes, des vagues de chaleur et de froid, des grèves des trains. Vous arriviez avec un livre débordant de post-it, concentrés, anxieux à l'idée qu'il n'y aurait peut-être pas assez de monde, ou de ne pas savoir assez bien exprimer votre enthousiasme. Vous m'avez préparé de très jolies surprises, vous avez cuisiné des quiches et des gâteaux maison, choisi un bourgogne parce que c'était le vin préféré de Desnos, vous m'avez fait visiter la ville ou le village, vous m'avez accueilli sous votre toit. L'espace de quelques heures nous avons oublié la pluie, le froid, nos inquiétudes, pour évoquer ensemble un homme exceptionnel et rayonnant.
Ces rencontres, aucun site internet ne peut en reproduire la magie, la générosité, la convivialité, le caractère vital.
J'espère qu'elles nous sauveront, vous les libraires, nous les auteurs.
Que nous gagnerons cette bataille, ensemble.»
( Note à l'attention des libraires : Gaëlle Nohant était particulièrement heureuse, en nous confiant son discours, de pouvoir toucher les libraires, qui n'étaient pas présents ce soir, "Pour dire merci à tous". )
Gaëlle Nohant — Légende d’un dormeur éveillé – Editions Héloïse d’Ormesson – 9 782 350 874 197 – 23 €
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Par Christine Barros
Contact : cb@actualitte.com
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Chantal Dupré la Tour
19/05/2018 à 08:22
Je connais Gaelle depuis son adolescence et j'ai ete surprise tout de suite par sa passion de la lecture, de l'ecriture, sa façon de s'intéresser à vous, de saisir vos émotions et se les impregner. Des que j'ai appris qu'elle avait écrit des poèmes, j'ai voulu tout de suite les lire. Oui je suis une de ses premières lectrices, et je sais que Gaelle prend son temps, pour le faire à fond et les résultats parlent. Nous sommes entraînés dans son tourbillon et nous n'avons plus qu'une envie c'est de de dévorer les pages.... Et quand le livre est fini, la main reste tendue pour etre à nouveau happée par le suivant....Et en attendant on en parle et on l'a recommande. ...