Loin d’être le prix littéraire le plus prisé, c’est assurément l’un des plus comiques – sauf pour celui ou celle qui le reçoit. Cette année, James Frey, auteur américain, a surpassé Haruki Murakami : il devient le 26e lauréat du Bad Sex in Fiction Award.
Pour une séquence de son roman Katerina, non encore traduit en français, Frey est donc salué pour avoir pondu la pire scène de sexe de la rentrée. Un livre qui selon son éditeur parle d’amour, de sexe, de rêve, d’art, de droit et des folies que peut commettre la jeunesse.
« James Frey s’est distingué face à une liste restreinte, composée exclusivement d’hommes, en raison du nombre et de la longueur des passages érotiques dans son livre », assurent les jurés dans leur communiqué.
Et d’ajouter avec malice : « Les multiples scènes fantaisistes proposées dans Katerina auraient pu lui faire remporter plusieurs fois le prix. »
En réponse, l’auteur s’est déclaré « humilié et honoré », remerciant également les autres candidats de lui avoir fourni de nombreuses heures de lecture au cours de l’année passée.
Le prix, pour mémoire, a vocation à attirer l’attention sur des passages de descriptions sexuelles mal écrits, superficiels ou redondants. Au cours des 25 dernières années, seules trois femmes ont été récompensées – ce qui ne signifie pas qu’elles écrivent mieux ces scènes, simplement que les hommes font vraiment pire.
Parmi les séquences reprochées à Frey, ce passage qui se déroule dans une salle de bain
« I’m hard and deep inside her fucking her on the bathroom sink her tight little black dress still on her thong on the floor my pants at my knees our eyes locked, our hearts and souls and bodies locked.Cum inside me.
Cum inside me.
Cum inside me.
Blinding breathless shaking overwhelming exploding white God I cum inside her my cock throbbing we’re both moaning eyes hearts souls bodies one.
One.
White.
God.
Cum.
Cum.
Cum.Titre 2
I close my eyes let out my breath.
Cum. »
La traduction est proposée par la rédaction, pour rendre au mieux cet épique moment :
Je suis dur et au fond d’elle, la baisant sur le lavabo de la salle de bain, sa petite robe noire moulante et son string sont par terre, mon pantalon sur mes genoux, nos yeux fermés, nos cœurs, nos âmes et nos corps verrouillés.
Jouis en moi.
Jouis en moi.
Dieu blanc aveugle souffle coupé tremblant débordé éclatant, je jouis en elle, mon sexe palpitant alors que nous gémissons tous deux, cœurs âmes corps réunis.
Un.
Dieu.
Blanc.
Jouir.
Jouir.
Jouir.
Je ferme les yeux et relâche mon souffle.
Jouir.
Particulièrement sexy, y’a pas à dire.
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
3 Commentaires
Actualisante
06/12/2018 à 11:58
Alors, c'est méritoire de vouloir se mesurer à un texte d'aussi haute volée, mais…
Dans une salle de bains, c'est un lavabo.
Les yeux ne sont pas fermés, mais au contraire, aimantés, les personnages ne se lâchent pas du regard.
Et pour aller encore plus dans le technique, pour "cum inside me", soyons logiques : c'est le mec qui parle, donc à moins qu'il n'y ait une réplique de la femme sans marque de dialogue (tout est possible), il est vraisemblablement fixé sur le sperme en lui prêt à déborder, le pauvre homme, il faut le comprendre, ça peut obnubiler, ces choses-là.
Et quand ça explose,, c'est blanc, au cas où on aurait du mal à visualiser (vu que c'est aveuglant) (mais pas au point d'avoir un dieu aveugle).
Team ActuaLitté
06/12/2018 à 12:03
On a du mal à faire la différence entre évier et lavabo : y'a pas l'eau courant à la rédaction, on doit aller chercher au puit, et l'hiver on fait fondre la glace...
Actualisante
06/12/2018 à 22:48
Vous imaginez donc les extrémités auxquelles les traducteurs doivent parfois se résoudre pour réaliser leurs recherches : aller visiter des maisons qui disposent à la fois d'une cuisine et d'une salle de bains. (Comme pour la plupart, ils vivent dans une grotte avec juste une prise pour l'ordi, ça leur fait bizarre.)