Le film de Abdellatif Kechiche, porté par Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, a remporté la Palme d'Or dimanche 26 mai, jour de clôture du Festival de Cannes. Cette histoire d'amour entre deux adolescentes est une adaptation de la bande-dessinée Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, paru en France aux éditions Glénat en 2010. Le film sortira le 9 octobre 2013.
Le 28/05/2013 à 11:40 par Lauren Muyumba
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28/05/2013 à 11:40
Steven Spielberg, président du jury, a remis la Palme d'Or au cinéaste et aux deux actrices très émues. On pouvait lire sur leurs visages la longue aventure cinématographique, mais aussi la force d'une aventure humaine. Trois heures, c'est la durée du film. La vie d'Adèle est le premier parmi les cinq longs-métrages de Kechiche a être selectionné à Cannes après le succès critique et public de L'Esquive en 2004 et La graine et le Mulet en 2007.
Sur son site officiel, Julie Maroh exprime son émotion: "Je n'ai aucun mot pour vous décrire l'amplitude de ce que je traverse depuis quelques heures, quelques jours… sur le sens de la répercussion de nos actes… écrire une histoire sur du papier…". Un témoignage qui en dit long sur le caractère engagé de son oeuvre, et qui raconte l'impact d'un acte artistique qui la dépasse, pour atteindre une portée universelle.
Cependant, l'auteure et dessinatrice française de 28 ans préfère rester discrète pour le moment. Pour deux raisons : « Les messageries ayant implosé, je suis difficilement joignable », confie-t-elle toujours sur son site. L'autre aspect, c'est la partie cachée de l'iceberg : un réel étonnement, face à ce qu'est devenu «une ridicule histoire écrite l'été de mes 19 ans », mais loin d'être ridicule en fait, la BD aborde des thèmes cruciaux tels que « la Vie, l'Amour, l'Humanité en tant qu'artiste, de manière générale" . Et l'idée "de se lever et de parler" sans savoir "où cela peut mener », sont encore des faits que Julie Maroh doit avaler, et digérer.
En tout cas, son message est clair : «je n'ai pas fait un livre uniquement pour les lesbiennes. Ce qui m'intéresse, c'est la banalisation de l'homosexualité », peut-on lire sur son blog. A travers le thème de l'homosexualité, Julie Maroh a abordé celui de la différence.
L'auteur ne cache pas son admiration pour Abdellatif Kechiche qu'elle avait rencontré avant de lui céder les droits d'adaptation. En regardant La vie d'Adèle, elle retrouve l'émotion du chagrin d'amour et la douleur de la plaie. Un film fidèle à son album pour ce qu'il raconte, mais avec une vision différente. Elle explique que l'héroïne du film n'a pas la même personnalité que celle du livre. C'est un autre regard, et cela lui paraît tout à fait normal. Elle prévient d'ailleurs sur son site : «N'allez pas le voir en espérant y ressentir ce qui vous a traversés à la lecture du Bleu. Vous y reconnaîtrez des tonalités, mais vous y trouverez aussi autre chose ».
Tout une histoire
Au commencement de cette aventure, les planches de l'album ont été exposées au Centre Belge de la Bande dessinée, au moment que sa parution. Depuis, les originales ont été exposées à Madrid.
L'ouvrage avait reçu le Prix du Public lors du Festival de la BD d'Angoulême en 2011. La même année, le livre recevait le prix lycéeens de Guadeloupe, et paraissait aux éditions espagnoles et néérlandaises. L'édition de la version anglophone Blue is the warmest color est paru chez Arsenal Pulp en 2013, année de sa consécration cinématographique.
Le succès de ses ouvrages ne se dément pas depuis plusieurs années : en 2004, elle était lauréate du concours amateur catégorie +18 ans du Festival BD de Maisons-Laffite, et en 2006, sélectionnée pour l'expostion Neuvième Rêve au Centre Belge de la BD. Elle a été aussi lauréate du Prix Espoir à la Quinzaine de la BD à Bruxelles en 2008 et lauréate du prix Jeune Auteur au Salon de la BD et des Arts Graphiques de Roubaix en 2010. La même année, Le bleu est une couleur chaude a obtenu le prix Conseil Régional au festival de Blois pour sa portée citoyenne.
En 2012, Le bleu est une couleur chaude a reçu le prix « Sors de ta bulle », décerné par des lycées professionnels de l'Ouest. Julie Maroh a aussi eu la fierté de voir la création d'un projet géré par la mairie d'Amiens et l'association On a marché sur la bulle : une exposition sur panneaux spécialement pour son album. Cet évènement culturel a été organisé pour lutter contre les discriminations.
Par Lauren Muyumba
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