Comme chaque année, le ministère de l’Education nationale a publié une étude sur le niveau de lecture des jeunes Français ayant participé aux tests de français de la Journée Défense et Citoyenneté. La statistique la plus inquiétante pourrait bien être le fossé entre la capitale de la France métropolitaine, qui enregistre de très bons scores, et les départements d'outre-mer, où le taux d’illettrisme est le plus important.
Sam Greenhalgh, CC BY 2.0
Durant leur Journée Défense et Citoyenneté, tous les adolescents participent à un test de français qui permet au ministère de l’Éducation nationale de mettre au point une étude statistique sur les difficultés de lecture des jeunes Français. En 2016, l'étude a regroupé les résultats de quelque 760.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans.
Ces tests permettent d'évaluer trois compétences principales : la connaissance du vocabulaire, l’automaticité de la lecture et les « traitements complexes » c’est-à-dire la bonne compréhension de textes écrits. À partir de ces critères, plusieurs profils sont définis : d’un côté, les lecteurs efficaces et les lecteurs médiocres (qui, malgré le nom peu flatteur, désigne les adolescents avec quelques difficultés, mais qui n’empêchent pas une bonne compréhension des textes lus). De l’autre, les jeunes en difficulté et en sévère difficulté soit en situation d’illettrisme.
L’une des conclusions flagrantes de cette étude est la différence entre certaines régions de France, et notamment entre la France métropolitaine et l’outre-mer. En effet, en métropole, le taux de jeunes en difficulté peut aller jusqu’à 20 %, mais en comparaison, aucun des cinq départements d’outre-mer n’affiche un taux inférieur à 25 %.
C’est la Réunion qui s’en tire le mieux avec un pourcentage de jeunes en difficulté de 26 %. S’en suivent la Guadeloupe, la Martinique, puis la Guyane avec 48,06 % et enfin Mayotte, avec... 73,02 %. Dans ce dernier département, 49,3 %, soit environ la moitié des adolescents, sont même en situation d'illettrisme.
Pourcentages de jeunes en difficulté de lecture selon le département
(Note d’information, n° 17.17. © DEPP)
Cela s’explique entre autres par le niveau de pauvreté de Mayotte, plus élevé que dans les autres départements d’outre-mer. Les conditions d’apprentissage y sont difficiles, entre écoles vétustes et classes surchargées. Par ailleurs, la barrière linguistique est un facteur important : chez certains enfants des DOM, le français n’est pas la langue maternelle, et est donc moins maitrisé que la langue régionale.
En comparaison, en France métropolitaine, 20 départements sur 95 affichent un pourcentage de jeunes en difficulté entre 12 et 20 %. Ce sont l’Aisne et la Somme qui s'en tirent le moins bien, avec 17 %. En revanche, Paris enregistre les meilleurs chiffres, avec seulement 5,03 % d’adolescents en difficulté, 2,2 % de jeunes en situation d’illettrisme, et 87,9 % de lecteurs efficaces.
En France, 10 % des adolescents ont des difficultés de lecture
Alors, comment atténuer les clivages ? Le président Emmanuel Macron a bel et bien consacré un chapitre de son programme à la situation des départements d’outre-mer, et a souhaité « s’appuyer sur la jeunesse » en luttant pour une meilleure formation des adolescents, mais ses propositions restent pour l’instant assez vagues.
Plus de 50 % des jeunes [d'Outre-mer] sont sans emploi et sans formation. Il faut tout mettre en œuvre pour faire bouger les lignes et, pour cela, amplifier les dispositifs qui ont montré leur capacité à redonner aux jeunes confiance et avenir. C’est l’objectif de nos propositions pour l’école et la formation.
Par Laurène Bertelle
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