L'organisation PEN America, qui lutte pour la liberté d'expression et d'information aux États-Unis publie un rapport pour l'administration des prisons américaines. L'ONG relève que les ouvrages concernant les groupes ethniques et les droits civiques sont interdits de manière disproportionnée aux détenus, qui ne disposent que d'une possibilité d'opposition très vague à ce processus.
Le 24/09/2019 à 17:16 par Antoine Oury
Publié le :
24/09/2019 à 17:16
« Cette année, alors que le pays met l’accent sur des interdictions injustes et arbitraires des livres à l’échelle nationale, nous voulions nous concentrer sur l’interdiction pernicieuse des livres dans les prisons du pays », explique James Tager, auteur du rapport publié par PEN America. En effet, les États-Unis et d'autres pays anglophones célèbrent la Banned Books Week, pour dénoncer la censure de certains livres à l'international.
PEN America a donc décidé de se tourner vers des lecteurs souvent oubliés, ceux des prisons du pays. Régulièrement, dans les différents États du pays, des cas de censure commis par l'administration pénitentiaire sont mis au jour par des ONG : dernièrement, c'est en Floride que le compte a été fait, pour découvrir que 20.000 livres étaient interdits aux prisonniers.
PEN dénonce une censure qui vise avant tout des ouvrages concernant les groupes ethniques, les inégalités entre ces derniers, ainsi que les droits civiques, de « manière disproportionnée ». Autant de sujets que l'administration cherche à maintenir le plus loin possible des détenus, au risque de les priver de leur droit fondamental à l'information.
« La littérature offre une bouée de sauvetage pour les personnes incarcérées dans un système déshumanisant. Nous devrions promouvoir l'accès à la littérature dans nos prisons. Au lieu de cela, nos politiques actuelles sont arbitraires, irrationnelles et parfois inutilement cruelles », dénonce encore James Tager.
Pire encore, ces cas de censure semblent totalement arbitraires, et difficilement contestables : « Bien que la Cour suprême des États-Unis ait établi que les prisons doivent prévoir une procédure d’appel administratif, il n’est pas nécessaire que les individus étudiant l'appel soient indépendants du système pénitentiaire, ni que certains critères concernant leur formation ne soient respectés. »
Par ailleurs, ces censures ne sont pas publiques, ce qui les rend d'autant plus difficiles à contrer : des détenus n'auront ainsi pas connaissance d'un livre qui leur aurait été envoyé, mais ce serait trouvé stoppé à l'entrée de la prison par l'administration de cette dernière.
Le rapport de PEN America, accessible à cette adresse, recommande ainsi à l'administration pénitentiaire américaine d'appliquer un modèle plus transparent à son système de contrôle des lectures, et de mettre en place des possibilités de recours claires et accessibles.
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