Organiser toute l'information du monde
Le 22/05/2010 à 13:54 par Clément Solym
Publié le :
22/05/2010 à 13:54
Pourquoi Google se diversifie tant ? « C'est tout simple : nous voulons gagner encore plus d'argent ! » On doit le reconnaître, Larry Page n'a pas peur de dire ce qu'il pense. Dans un grand entretien accordé au Monde, il évoque la vie de son petit projet de moteur de recherche pour le web, qui depuis les années 90 est devenu la référence incontournable.
Et la source de bien des déboires et problèmes, qui ne se posaient pas avant que Google n'arrive. Mais voilà : « Notre ambition est d'organiser toute l'information du monde, pas juste une partie. Je suis néanmoins préoccupé par ce sentiment que peuvent avoir certains, que conserver autant d'informations n'est pas bon. » Alors pour la question des données recueillies et conservées sur les serveurs de Google, on s'en contentera...
Ce qui intéressera particulièrement, dans cet entretien, c'est le passage sur le non-respect du droit d'auteur, et la condamnation de Google. Il faut rapidement revenir à décembre 2009 pour se souvenir que le procès lancé par La Martinière Groupe débute par une victoire pour l'éditeur. Mais le moteur n'a pas dit son dernier mot et Google Books va évidemment faire appel. Sauf que depuis décembre, on n'en sait pas plus...
Passer des accords, discuter...
Et c'est en partie ces questions qui ont motivé la visite de Larry à Paris : « Dans le domaine de l'édition, mettre notre technologie au service de la culture nous motive beaucoup. Quand j'étais étudiant à Stanford, une inondation a détruit 50 000 ou 100 000 livres irremplaçables. Si seulement on les avait numérisés... Notre projet est simple : nous voulons passer des accords, sélectionner des ouvrages dans le domaine public et les numériser à nos frais. »
Le droit d'auteur : important, mais pénible
Des réalisations qui se trouvent coincées par le droit d'auteur. Une valeur importante reconnaît-il, et qui lui donnerait vraiment de réécrire les lois sur le sujet. « Nous voudrions trouver une façon acceptable d'identifier les ayants droit, de les rétribuer, d'ouvrir l'accès aux oeuvres. Trouver la solution parfaite prendra du temps. »
Et dans l'intervalle, « un compromis satisfaisant » serait largement suffisant - compromis qu'il espère également dans le cadre du procès qui se déroule outre-Atlantique autour des ouvrages numérisés. « Nous pensons que notre accord est équitable pour les différentes parties autour de la table : les ayants-droits, auteurs et éditeurs. »
Les oeuvres orphelines, encore, toujours
Une fois encore, donc, le droit d'auteur s'oppose à la volonté hégémonique (ce n'est pas un gros mot, ni une accusation) de Google. Sauf qu'en d'autres circonstances, certains avaient apporté des réponses bien plus tranchées sur cette question. La question des oeuvres orphelines, justement au coeur des interrogations de l'Europe, dans son Agenda numérique était également une entrave au bon déroulement des projets de Google Books. (en savoir plus)
Car si le droit d'auteur est censé rendre plus efficace le fonctionnement des marchés, ces oeuvres posent un sérieux souci à Google, explique Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard. La solution est devant nos yeux : les fermer. Et si personne ne réclame les droits sur ces oeuvres, alors autant les classer dans le domaine public pour aller au plus simple. Et Google Books, comme les concurrents - lesquels ? - y auront accès. Conséquemment, on tomberait sur un marché allégé de ces turbulentes questions.
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
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