C'est malheureux, mais quand on n'a rien de mieux à faire que d'envenimer une situation en truffant son discours de références, pour affirmer que soi, oui, de la culture on en a... finalement, ça ne vaut peut-être pas le coup de se fendre de 4000 signes pour un article. Et pour Beigbeder, la punition sera la même qu'un autre...
Le 18/06/2010 à 08:44 par Clément Solym
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18/06/2010 à 08:44
Homme de solidarité, homme messianique et martyr esseulé, Beig nous la joue grand prince, lui qui fut seul « chagriné » par « la dématérialisation du disque ». Et de la même manière, la « montée en puissance du livre numérique semble n'inquiéter personne ». Voilà. On avait bien besoin d'un rigolo qui n'y connaît que dalle pour nous faire le sermon de la journée, lequel se conclura peu ou prou par 'le royaume n'appartient qu'à ceux qui lisent du vrai bon papier'.
Yabon papié !
Dans le flot des références qu'il est bon d'avoir et de faire valoir, comme l'on étale la confiture, évidemment, Beig trouve l'origine de son traumatisme numérique dans Farenheit 451, le livre, puis le film. Et notre Bègue de l'ebook d'assurer que si Truffaut reprenait son film aujourd'hui, en pleine période de numérisation des oeuvres, tandis que le papier sera confiné à « une sorte d'élite érudite, à des fétichistes bibliophiles, à des vieillards collectionneurs ou des archivistes maniaques, je parie qu'il pleurerait ».
À jeter de l'huile sur le feu de la sorte, Freddy, plutôt en mode La quiche de la nuit, mériterait bien qu'on le jetât à son tour en pâture aux flammes. Son propos est simple : se retranchant derrière Bradbury (qui lui-même n'accordait pas une grande valeur aux livres numériques), il évoque les « différentes manières de brûler un livre ». La numérisation en sera une.
Et de vaticiner comme un bon petit diable : « On ne pratiquera peut-être pas l'autodafé (mal vu depuis les nazis) mais on cessera de les fabriquer. La plupart seront donc pilonnés pour faire place nette. Les librairies fermeront et les bibliothèques ressembleront - comme c'est déjà souvent le cas - à des cybercafés. Le roman [NdR : Farenheit 451] montrait bel et bien ce que nous sommes en train de vivre, cinquante-sept ans après. »
Ironie du sort, son papier destiné au magazine Lire, dont son ami proche, François Busnel, est rédacteur en chef - étonnant, non ? - est publié dans l'Express Livre... Y'a des coïncidences, Beig, qui ressemblent à des foutages de gueule...
Numérique et despotisme, même combat
Pourtant, notre Beig national, si prompt à taper du rail sur des capots de voitures et à être l'homme révolté de son époque, n'a probablement pas suivi les débats, ne doit pas faire la différence entre un PDF et un ePub, ne doit rien entendre des enjeux d'interopérabilité, ni de l'entreprise de numérisation.
A-t-il simplement rapproché le comportement de Google Books de celui de la bibliothèque d'Alexandrie ? A-t-il pris une seconde le temps de considérer que tout le monde n'est pas arrosé comme lui de livres publiés à droite et à gauche et qu'à ce titre, le numérique a aussi des avantages ?
Non. Bien évidemment non. Et puisqu'il conclut son plaidoyer en citant la Bible, et plus particulièrement l'Apocalypse - parce que ça fait peur, ce passage, c'est la fin du monde... - alors, autant le laisser moisir définitivement dans un coin, le ressortir en septembre prochain, pour son nouveau roman de la rentrée littéraire...
Et puis, si le numérique l'ennuie telement, pourquoi avoir accepté que son Roman français soit vendu en ebook via Numilog ? Hein ?
On s'attendait au pire des réactions rétrogrades de Beig. Il nous réservait plus désastreux encore...
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
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