Le poète libanais Salah Stétié est mort ce 19 mai à l'âge de 90 ans, a annoncé mercredi l'ambassade du Liban en France. Proche de la culture française dès l'enfance, il entame des études supérieures à Paris au début des années 1950 et a depuis navigué entre les deux pays, aussi bien physiquement qu'à travers son œuvre.
Le 22/05/2020 à 11:36 par Antoine Oury
Publié le :
22/05/2020 à 11:36
Né le 28 septembre 1929 à Beyrouth dans une famille bourgeoise il bénéficie de l'influence de parents lettrés, cultivés et poètes. Ils l'exposent à la culture et à la langue française, à travers ses études. « J'ai vécu mon enfance dans une ambiance poétique : il était un excellent poète de tradition classique arabe. J'entendais dans la maison, ce langage incompréhensible, et puis, vers 7 ou 8 ans, je me suis mis à faire comme mon père », expliquait-il à ActuaLitté en 2014.
En 1951, Salah Stétié s'inscrit à la Sorbonne et participe rapidement à la revue Lettres nouvelles de Maurice Nadeau et Maurice Saillet. Cette incursion lui permet de rencontrer de nombreux poètes, dont Yves Bonnefoy, Michel Deguy ou encore Pierre Jean Jouve.
De retour à Beyrouth au milieu des années 1950, il enseigne à l’Académie libanaise des beaux-arts ou à l’École supérieure des lettres de Beyrouth, et fonde et dirige L’Orient littéraire et culturel, supplément du quotidien L'Orient. Au cours de la décennie suivante, il commence une carrière diplomatique, notamment au sein de l'UNESCO où il travaille à la protection des monuments et des biens culturels.
En 1972, Stétié publie Les Porteurs de feu aux éditions Gallimard, trois essais qui évoquent le Liban, la zone méditerranéenne et la poésie, évidemment. L'ouvrage lui vaudra le Prix de l'amitié franco-arabe. Son œuvre entière, dominée par les échanges entre l'Orient et l'Occident, est aussi marquée par le feu, que l'on retrouve dans L'Autre Côté brûlé du très pur (Gallimard, 1992), La Nuit du cœur flambant (éditions des Moires, 1994) ou encore En un lieu de brûlure, recueil d'œuvres paru chez Robert Laffont en 2009.
« Le feu est l’état d’intensité qui est en nous. Le mot feu est un élément de douleur physique. Sur le plan mythique, allégorique, c’est une effervescence, une ouverture à un apport extérieur devenant intérieur. On est brûlé par un regard, par un souvenir. Pour moi, ne mérite d’être conservé que ce que le feu ou la flamme n’ont pas réussi à réduire », expliquait-il dans un entretien donné au site Les influences.
La carrière de Salah Stétié a été émaillée de nombreuses récompenses, dont le Grand prix de la francophonie de l'Académie française et le Prix européen de la ville de Smederevo, et des distinctions : il a été fait Commandeur de l'ordre national du Mérite en 1965, Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres en 1983 ou encore Grand officier de la Légion d’honneur en 2015.
L'ambassade du Liban en France a salué « [u]n phare littéraire et diplomatique » : « Il laisse derrière lui une oeuvre monumentale de 250 ouvrages, manuscrits, peintures, dessins, photographies et sculptures exposés au musée Paul Valéry à Sète. »
Photographie : Salah Stétié, en 2014 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
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