Joseph Macé-Scaron, directeur du Magazine littéraire et directeur adjoint de Marianne, vient de se faire taper sur les doigts pour une sale histoire de plagiat .
Le 23/08/2011 à 18:39 par Clément Solym
Publié le :
23/08/2011 à 18:39
Pourtant, si l’auteur de Ticket d’entrée a reconnu qu’il avait fait « une connerie », il rejette massivement le terme de « plagiat », selon l’AFP. Déjà plus tôt dans la matinée, Joseph Macé-Scaron reconnaissait ses torts : « Oui, c'est une connerie. » Mais il expliquait surtout les circonstances de cette bévue : « Je prends habituellement en notes sur un cahier des éléments que je lis, qui me semblent intéressants ou drôles. À l'origine, je ne pensais pas me servir de ces extraits. » (notre actualitté)
Non mais oh !
« Il n’y a pas de malhonnêteté intellectuelle de ma part, ni de dissimulation (...) », s’insurge Macé-Scaron, répétant que le titre du livre et le nom de l’auteur sont mentionnés explicitement dans son texte et qu’au contraire, il a voulu lui rendre hommage. « J’ai par exemple appelé le personnage Bill, du nom de l’auteur américain, je cite son livre page 83 comme “pétri d’humour”. »
Tout est affaire de nuance et si le plagiat n’est ici qu’un emprunt, il n’y a qu’un pas avant de dire que les passages copiés étaient eux aussi un moyen de rendre hommage à Bill Bryson, que Macé-Scaron franchit allégrement : « Avant, en littérature, quand il y avait un clin d’oeil, on applaudissait, aujourd'hui on tombe à bras raccourcis sur l’auteur (...) et les emprunts, cela devient un crime, un blasphème. »
Attention à la condition de la littérature
Il rappelle les fondements de la littérature, grand intertexte universel « les auteurs se nourrissent les uns des autres et l’ont toujours fait. (...) moi je ne connais rien à l’informatique et c’est pourquoi j’ai emprunté des passages des chroniques de Bill Bryson où il en était question. » Des propos déjà utilisés à droite et à gauche pour justifier une pratique qui manque peut-être de politesse, d'ordinaire. Et l'an passé, précisément, par Michel Houellebecq, dans le cas du plagiat de Wikipedia.
Et la parano de faire son petit chemin : « Cette prétendue découverte des emprunts, c’est aussi une manière de se payer quelqu’un qui a un succès littéraire et appartient à un média, Marianne, dont on dit qu’il est donneur de leçon. »
L'arroseur arrosé, en somme ?
Hélène Maurel-Indart, spécialiste universitaire du sujet explique à l'AFP : « Si l'hommage ou le clin d'oeil à un auteur sert à masquer un vol, il perd sa légitimité ». Or, dans le cas Macé-Scaron, l'auteur a avoué son erreur de lui-même. « Le plagiat reste une zone grise qui se situe entre l'emprunt servile - et ce recopiage n'a pas besoin d'être forcément mot à mot pour l'être -, ou l'emprunt créatif, comme lorsque Balzac reprend un conte de sa soeur pour le sublimer. »
Pour autant, elle constate simplement : « On ne peut pas s'abriter derrière l'argument de la citation pour justifier tout recopiage. Cela dépend du nombre de lignes et, selon la jurisprudence, cela doit inciter le lecteur à lire l'oeuvre originale. »
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