C'est une première mondiale qui s'est organisée à l'hôpital du Mont Sinaï, explique Ronna Bloom, première poétesse à profiter de cette résidence d'auteurs inattendue. « C'est une sortie de thérapie pour le personnel ; qu'il s'arrête, écrive et réfléchisse », assure-t-elle. Et surtout, un soutien précieux pour le personnel soignant qui côtoie la mort, ou les maladies graves.
Fotos Gov/Ba, (CC BY-NC-SA 2.0)
The Star raconte l'histoire de Christine Bradshaw, travailleuse sociale, à l'hôpital, qui a dû annoncer à un patient qu'il était atteint d'un cancer mortel, et dans la foulée, expliquer à une autre famille qu'elle avait perdu un être cher, mort aux urgences. Et pour mieux absorber cette souffrance, elle s'est réfugiée dans la salle où Ronna dirige son atelier d'écriture... Et elle a écrit un poème.
Ce programme offre une autre variété de soins, à ceux qui rencontrent la maladie au quotidien, et des expérimentations de ce genre sont essentielles, assure Ronna, âgée de 51 ans. Elle qui vient de publier son cinquième livre de poésie, a été deux fois finaliste pour le prix Pat Lowther Memorial. Elle a également été psychothérapeute durant douze ans.
Ce programme associe tout à la fois l'expression créative et une aide pour les personnes. « Dans le milieu hospitalier, comme dans d'autres secteurs, les gens sont habituellement trop occupés pour réfléchir. Quand ils s'assoient pour penser, je crois qu'ils prennent la mesure de tout le stress qu'ils ressentent. Et c'est le genre de thérapie qui les aide à prendre le temps, écrire et penser. Cela les aide à devenir meilleurs dans leur travail, quand ils reposent leur stylo et retournent travailler. »
Allan Peterkin est le psychiatre à l'origine de ce programme dans l'hôpital. Il dirige un programme similaire à l'Université de Toronto, associant des spécialistes des sciences humaines et des artistes, avec des travailleurs de la santé, pour discuter de questions médicales. Découvrir quelques ateliers de Bloom l'an passé, dans un hôpital l'a stimulé.
« Ronna veut aider les gens à redécouvrir le sens de leur travail, le plaisir qu'ils éprouvent et pourquoi ils ont souhaité le faire. L'expression créative les aide beaucoup à y parvenir. »
Un modèle de partage et d'échange, tout en permettant d'effectuer un travail sur soi. Le programme est subventionné par le Conseil des Arts de l'Ontario, pour un montant de 10.000 $ CA. Le retour sur l'écriture favorise la confiance en soi, attestent les personnels, offrant un autre regard sur le travail et les informations douloureuses à délivrer.
La résidence de Ronna a débuté durant l'automne, offrant des pauses d'écriture, tout en réfléchissant elle-même sur ses propres oeuvres.
DOSSIER - Les Prix de poésie Vénus Khoury-Ghata
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
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