PODCAST – La rentrée littéraire de janvier est terminée. Face à la production éditoriale toujours plus importante, comme faire face à l’envie et à la pression de vouloir tout lire ? Que vit-on pour la petite rentrée sur le terrain, en librairie ? Que représente ce moment de l’année concrètement ? Pour répondre à ces questions et mieux comprendre ce qui se passe concrètement en libraire pour la rentrée littéraire, Dlivrable continue sa série d’épisodes en partenariat avec Actualitté et vous propose une composition à 3 voix, écrite par deux libraires et un relation libraire.
En première partie, Solveig Touzé, cofondatrice de la librairie La nuit des temps à Rennes, replace la rentrée d’hiver dans l’année. Elle parle du rythme qui s’accélère dès septembre en librairie. « La rentrée d’hiver c’est à la fois un plaisir de voir arriver de nouveaux titres parce qu’il [y a moins de nouveaux titres] depuis novembre et, en même temps, ça ne tombe pas au meilleur moment pour les libraires. C’est souvent une rentrée (…) difficile à préparer en amont parce qu’en décembre on est extrêmement sollicités, on est fatigués, pas forcément dans une bonne disposition pour se plonger dans des lectures exigeantes. C’est [généralement] une rentrée qu’on [aborde] en même temps que les clients et les lecteurs. »
Solveig évoque par ailleurs l’envie, mais aussi la pression de lire, parfois taboue, mais pourtant réelle pour de nombreux libraires. Qu’est-ce que cette pression de lire ? Elle se remémore ce moment où, à l’automne 2021, elle partageait un sentiment d’épuisement sur son compte Instagram sorciere.misandre : « Moi qui pensais être toute seule, et qui culpabilisais de me retrouver dans cette situation-là en ayant l’impression d’être une moins bonne librairie, [en me rendant] compte qu’on était autant [à partager ce sentiment, j’ai réalisé] qu’il y avait un problème quelque part. On ne peut pas être aussi nombreux à aller mal alors qu’on est tous d’accord pour dire qu’on fait un métier formidable, très beau, qui attise notre curiosité tous les jours et que l’on travaille avec des personnes riches culturellement, qui nous apporte [énormément]. »
En deuxième partie, Camille Deforges partage sa joie d’avoir ouvert la librairie La bicyclette bleue à la rentrée de septembre. Relation libraire en littérature pendant 13 ans pour Place des Éditeurs, elle revient sur son passage de l’édition à la librairie.
« [Quand j’étais relation librairie, je ne voyais pas la rentrée de la même manière], j’étais focalisée sur les catalogues de la maison et je voyais très rarement ce qu’il se passait à l’extérieur. Pour faire face à la production, je lis plusieurs livres en même temps. Devant l’afflux de nouveautés, il y a une frustration de se dire “je voudrais lire ceci, je voudrais lire cela”. Donc, Simon [son fils avec qui elle a créé la librairie] et moi on ne lit pas les mêmes choses. Après, on peut en reparler, on fait nos fiches coup de cœur, on décide qui on voudrait recevoir. Mais si j’avais été toute seule, ça aurait été dix fois plus dur. » Camille explique concrètement ce qui change dans son quotidien entre le métier de relation libraire et celui de libraire gestionnaire de son fonds.
En dernière partie, Christophe Grossi parle de littérature et des métiers de la diffusion plus globalement. Libraire pendant 6 ans, il est aujourd’hui relation libraire au sein de l’agence relief et accompagne ainsi les maisons d’édition Le vent des îles, L’Antilope, Le Nouvel Attila, Les éditions du Félin, Marie Barbier, Mu, Quidam et l’Atalante. Il détaille le cheminement qui l’a conduit vers le métier de relation libraire. Il a toujours aimé partager la littérature contemporaine, à travers romans, théâtre ou poésie.
Il décrit minutieusement les différents métiers de passeurs de textes. Comment porter cette diversité ? De quelle manière amener le maximum d’ouvrages vers le plus de lecteurs possible ? Il est important d’avoir en tête que le travail de dentelle d’un relation libraire est lié au type d’ouvrages.
« Certains livres n’ont pas besoin d’appui supplémentaire pour être vendus, en tout cas certains livres sont vendus avant même qu’ils ne paraissent. D’autres livres vont trouver leur public très rapidement, grâce à la presse, grâce à leur réseau, parce que certaines maisons d’édition ont des liens étroits avec les journalistes, ce qui fait qu’un livre va être chroniqué un peu partout en peu de temps […]. Les lecteurs, les lectrices sont donc susceptibles d’entendre parler de ces livres-là au moins une fois. [À cela s’ajoute] la publicité, que ce soit dans le métro, à la radio, sur internet. [Cette mécanique] fait que ces livres fonctionneront un peu tout seuls. [Certains] ouvrages, en revanche, on doit les pousser un par un. »
Dans cet épisode, Solveig Touzé, Camille Deforges, Christophe Grossi : trois voix, mais une seule histoire.
Par Partenaire
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